Entre nos mains Vol.3 : Critiques

Le voyage de Momo et Midori sur l'île où vit Komari touche déjà à sa fin, et aurait pu n'être qu'une brève parenthèse heureuse et idéale avant que la difficile réalité ne les rattrape, entre le possible futur de l'une auprès de Tazune et la solitude de l'autre. Mais cette réalité, les deux femmes ne veulent pas encore la retrouver, en particulier pour Midori qui, dans le train de retour, propose alors à Momo d'aller encore plus loin et de faire une fugue ensemble sans qu'elles sachent exactement où leurs pas les mèneront. Comme pour enfin réaliser une promesse faite il y a bien longtemps, l'heure est venue pour elles deux de se "kidnapper"...

Entre nos mains touche déjà à sa fin avec ce troisième et dernier volume qui, dans toute sa première partie, démarre sur un moment fort avec cette fugue que Battan, à l'aide de son dessin étincelant mais aussi de sa narration toujours aussi introspective sur Momo en particulier, rend particulièrement ravissante. On sent bien à quel point les deux femmes sont heureuses dans cette parenthèse qu'elles font durer, dans cette fugue digne des lycéennes qu'elles étaient (ce qui réveille forcément encore des souvenirs nostalgiques) et où elles sont presque comme coupées du monde. Mais jusqu'à quand pourront-elles fuir la réalité ? Même si elle n'ose pas le dire à Midori pour ne pas briser la magie de leur bonheur rien qu'à deux, Momo sait bien qu'il va bien falloir rentrer à un moment et se confronter à la réalité de la situation au lieu de la fuir, car ce n'est pas en fuyant qu'elles pourront avancer. Dans le fond, Midori aussi le sait, d'autant plus que son futur mariage et sa grossesse sont là pour le lui rappeler de façon encore plus prégnante.

"Ce monde rien qu'à nous deux est un rêve si merveilleux... Pourquoi suis-je obligée de me réveiller ?"

Alors à l'arrivée, quel avenir attend ces deux femmes qui se sont toujours aimées, qui se sont enfin retrouvées mais qui doivent affronter certaines épreuves ? Eh bien, c'est sûrement en répondant à cette question que Battan séduit le plus, car sans totalement idéaliser les choses elle offre des réponses claires où une idée nette se dégage avec suffisamment de force: on a beau leur dire d'être "réalistes" comme si ce mot était l'essence de tout, l'heure est venue pour Momo et Midori d'assumer ce qu'elles veulent réellement et de trouver le courage de dire exactement ce qu'on ressent, chose pouvant être si difficile. Que ce soit face à Tazune (à qui il n'est pas question d'accorder le pardon si facilement, même s'il regrette sa violence) pour Midori ou face à ses proches pour Momo (qui, pour la première fois depuis des années, dit ce qu'elle veut vraiment), nos deux héroïnes dégagent quelque chose d'assez salvateur jusqu'à la fin, même s'il manque peut-être un chaînon entre l'avant-dernier et le dernier chapitre qui aurait permis d'aborder plus en profondeur certains sujets cruciaux (en tête, comment les choses se sont passées lors de la naissance du bébé). Quant au dernier chapitre, qui forme une sorte de bel épilogue plusieurs années plus tard, il a pour mérite non seulement de ne pas oublier Komari puisque c'est de son point de vue qu'on vit les dernières pages, mais aussi d'aborder des problématiques supplémentaires sur lesquelles nous n'en dirons pas plus afin de ne pas spoiler.

C'est, au bout du compte, un final aussi joli que satisfaisant que nous offre Battan dans l'ensemble. En s'appuyant jusqu'au bout sur sa patte visuelle charmante et sur sa narration soignée, la mangaka offre un aboutissement convaincant au parcours de ses deux héroïnes, tout en offrant un abord intéressant et moderne des choses.