Entre deux - Kujira Vol.2 - Manga

Entre deux - Kujira Vol.2 : Critiques

Sakura-chan to Nozomi-kun

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 17 Décembre 2019

Chronique 2

Désormais au lycée, Saku et Nozomi sont plus proches, et la jeune femme sent que ses sentiments penchent vers l'amour. Pourtant, quelques temps plus tard, le garçon va décliner la déclaration de son amie, alors qu'il a enchainé jusqu'ici les relations dans lesquelles il n'était pas spécialement investi. Un comportement qui pourrait bien être lié à la pression qu'exerce la mère de Nozomi sur lui depuis son plus jeune âge...

Après un premier tome qui constituait un habile portrait d'adolescence, croqué avec une certaine justesse et beaucoup de quiétude, KUJIRA apporte déjà un point final à Entre Deux avec ce deuxième opus qui prend un tournant un poil différent. Car si le premier volet traiter l'évolution de Saku au fil des années, la première partie de ce second et dernier volet fait de même par le regard de Nozomi.

Un traitement différent qui permet à la mangaka d'exploiter un sujet à peine aperçu dans les débuts de l’œuvre : l'impact que peuvent avoir des parents toxiques sur un adolescent en plein développement. Personnage un peu flou jusque là, Nozomi se complexifie davantage, un traitement qui paraît assez différent ce que que proposait le titre jusque là, mais qui répond finalement à une autre optique de l'adolescence, parmi les milliers de facteurs qui peuvent impacter la vie d'un jeune individu à cette période de sa vie.

De cette manière, KUJIRA parvient à amener une véritable progression dans son récit. Si on pouvait craindre que la scène de la déclaration fasse partie du final de la série, la démarche de présenter un moment clé pour ensuite dépeindre les événements qui ont mené jusque là étant un schéma classique, il n'en n'est finalement rien. Une fois que les origines sont plantées, l'autrice dépeint l'après, à savoir la manière dont les deux amis d'enfance font se confronter à leurs blocages d'autrefois. C'est finalement amené et plein de positivité, jusqu'à apporter une conclusion un poil attendue mais tout à fait cohérente et bienveillante. Sur un tel titre, c'est bien le développement plus que la conclusion qui primait, et Entre Deux s'en sort haut la main sur son écriture globale.

Aussi, il est important de souligner le rôle d'Arikawa dans ce deuxième tome. Le garçon, insupportable jusqu'ici, bénéficie d'une véritable évolution et apporte sa pièce à l'édifice des thématiques de la série. Mûrir, c'est parfois se remettre en question, et mettre son caractère de tête brulée de côté. C'est ce que représente le personnage qui devient étonnamment appréciable, KUJIRA parvenait même à apporter une véritable alchimie de trio au final.

Entre Deux aura été une petite série développant, le thème de l'adolescence, sans fausse note du début à la fin. Au contraire, KUJIRA a ciblé un ton très juste en se fiant à ses souvenirs d'autrefois, jusqu'à apporter une œuvre autour de plusieurs personnages attachants, et maline dans les pistes qu'elles exploitent. Une autrice qu'on aimerait assurément revoir en France, aussi les amateur de lecture numérique peuvent déjà en profiter puisque la série Switch Me On de la mangaka paraît sur différentes plateformes dématérialisées, toujours via l'éditeur Akata.


Chronique 1

Saku et Nozomi entrent désormais au lycée, et la jeune fille ne peut que constater qu'ils grandissent encore: il y a encore peu de temps, il lui suffisait de lever un peu les yeux pour regarder son ami, mais désormais elle doit carrément lever la tête. De manière générale, au fil des années, la puberté a fait son oeuvre, l'adolescente et également bien pris conscience de ses vrais sentiments pour Saku depuis l'époque du collège, mais elle a aussi l'impression amère d'avoir laissé passer sa chance: Saku lui a affirmé ne l'avoir jamais considérée comme ça, et se contente plutôt de sortir avec d'autres filles sans que ça aille jamais très loin... Mais le comportement parfois si distant du jeune garçon envers les filles, y compris ses petites amies, ne cacherait-il pas un autre problème ? Et quel rôle aura Arikawa dans tout ceci, lui qui regrette toujours plus ce qu'il a pu faire en primaire et qui a désormais conscience qu'il aime Saku ?

Les coeurs et les corps continuent d'avancer et de grandir dans ce deuxième et déjà dernier volume d'Entre Deux, au fil d'un récit où, globalement, KUJIRA reste souvent intéressante dans les sujets qu'elle aborde. Il y a bien sûr les questions relationnelles, relevant de l'ordre de l'amitié ou de l'amour, entre un Arikawa qui reste maladroit et pas toujours futé mais qui est en quête de pardon et montre qu'il a clairement changé en devenant quelqu'un de plus bénéfique, une Saku qui reste tourmentée par l'insatisfaction de ses sentiments mais qui fait des efforts pour rester une amie auprès de celui qu'elle aime, et un Nozomi gardant une certaine distance. Cette fois-ci, à quelques brèves reprises, l'autrice offre une narration plus centrée sur Nozomi et Arikawa, laissant alors l'occasion d'entrevoir légèrement mieux leur ressenti.

De manière générale, la narration, plus classique ici mais sobre et fluide, permet toujours d'accompagner efficacement divers sujets: le pardon, l'importance de communiquer (que ce soit ses sentiments, ses excuses, son ressenti...), la difficulté de poser la frontière entre amitié et amour, la complexité d'être totalement à l'unisson dans le temps avec parfois à la clé des actes manqués comme la déclaration rejetée de Saku... Néanmoins, dans ses événements, KUJIRA va malheureusement parfois un peu vite, n'offre pas toujours suffisamment d'importance à certains événements (notamment autour d'Arikawa, qui méritait peut-être un petit peu plus de mise en avant vu ce qu'il véhicule d'intéressant), tout ceci parce qu'elle semble déjà tournée vers un aspect qui va occuper la première place pendant toute la dernière partie du volume: le rapport de Nozomi à sa mère, femme ultra possessive, aimante mais étouffante au point de devenir toxique et d'aliéner son propre enfant, ce garçon à la place duquel elle aurait aimé avoir une fille.

On en arrive alors à un point déjà entrevu dans le tome 1 mais qui prend ici encore plus d'importance: la manière dont l'entourage et les aléas de la vie peuvent conditionner les comportements, surtout à des époques aussi formatrices que sont l'enfance, l'adolescence, la puberté. Dans le tome 1, Saku tâchait de paraître comme un garçon quand elle était en primaire, afin de "remplacer" auprès de sa mère son grand frère accidentellement disparu. Nozomi, lui, a toujours été conditionné par le côté possessif de sa mère (qui va jusqu'à le surnommé Mimi, alors qu'il est désormais au lycée): ressemblant à une fille en primaire pour la satisfaire, ne sortant jamais sérieusement avec des filles puisque sa maman brise toujours tout... Il en ressort des choses très intéressantes... même si malheureusement, là aussi, la façon dont les choses se règlent est un peu rapide voire facile, en manquant un brin de force, malgré quelques très belles paroles.

Quant à la toute fin, elle fait, elle aussi, le choix d'aller à l'essentiel, d'être un petit peu rapide. Elle pourra paraître un peu expéditive et on n'aurait clairement pas été contre un ou deux chapitres de plus, néanmoins elle apporte quand même une réponse à ce qu'il faut, adopte un angle restant assez mâture, et nous laisse sur une dernière page suffisamment satisfaisante, qui ne conclut pas totalement la part sentimentale mais qui laisse comme satisfaction de facilement pouvoir s'imaginer de quoi sera faite la suite de la vie de Saku et de Nozomi.

Au final, ce deuxième et dernier volume d'Entre Deux peut régulièrement paraître un peu rapide, un petit peu trop lisse ou facile dans ses avancées, mais l'oeuvre dégage jusqu'au bout pas mal de sujets pertinents autour de la complexité des sentiments, de la puberté et des changements qu'elle apporte inévitablement, ou encore de nos rapports aux autres et à nos proches pouvant être aussi bénéfiques qu'aliénants selon les cas.
    

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs