Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 06 Novembre 2023
Avec les hentai Désir d'obéir (décembre 2019 chez Niho Niba), La Chaleur de l'amour (juillet 2021 chez Hot Manga), Une appétit de succube! (février 2022 chez Niho Niba) et Spicy Stories (également en février 2022 mais chez Seiko/Dynamite), l'assez prolifique Doumou s'est plutôt confortablement installé dans le paysage français du manga X ces dernières années, ce qui est mérité au vu de sa capacité à beaucoup varier les plaisir et à régulièrement faire preuve d'une certaine imagination dans ses situations. Et ce n'est pas avec Ensorcelantes, paru dans notre langue chez Hot Manga en août dernier, que l'artiste nous fera dire le contraire !
Sorti au Japon en 2015 chez l'éditeur Kill Time Communication sous le titre Tsuyairo Trip, ce recueil d'environ 190 pages fut le deuxième livre professionnel de la carrière de l'auteur après Un appétit de succube!/Itadaki! Seeki (paru en 2012 dans son pays d'origine), et regroupe huit histoires courtes qui furent initialement prépubliées entre 2013 et 2015 dans le magazine Comic Unreal, un magazine X généralement remarqué pour ses récits un brin fantaisistes et quelque peu bourrins en terme de sexe.
Une sorcière encore vierge qui voit le slime de sa création échapper à son contrôle, le tout avant que son apprenti amoureux d'elle ne s'en mêle. Un esper pervers bien décidé à utiliser son pouvoir de lévitation pour se venger de la belle volleyeuse qui le harcèle depuis qu'elle l'a surpris en plein vol de shorts de sport. Un jeune maître taoïste héritant de la charmante jiangshi (sorte de zombie issu du folklore chinois) léguée par son aïeul. Un jeune homme toujours malchanceux qui se retrouve pris à parti par deux femmes de caractère pour un interrogatoire très particulier (du coup, est-il si malchanceux que ça ?). Une compétition sportive de course très spéciale où les femmes-esclaves doivent atteindre la ligne d'arrivée tout en résistant aux aphrodisiaques qui leur ont été administrés, sans quoi elles seront livrée en pâture à une horde d'homme n'attendant que ça, le tout sous les yeux d'un public très excité. Un prisonnier subissant une expérience de changement de sexe pour être ensuite voué à satisfaire la libido des nombreux criminels (et aussi des gardiens, tant qu'à faire) afin de calmer les conflits en prison (et elle aussi y prend son pied, de façon très autoritaire). Une émission télévisée de "télé-chat" très spéciale. Et un homme ayant depuis toujours l'étrange don de voir les chats sous une forme humaine, qui se retrouve ouvertement chauffé par la chatte en chaleur de sa petite amie.
Avec ce petit lot d'histoires courtes, on a droit à du Doumou tel qu'on l'aime, c'est-à-dire assez inventif: l'auteur se montre effectivement très diversifié dans ses situations (ce qui lui permet d'explorer différentes choses entre sexe consenti, viol, viol inversé...), dans ses héroïnes (sorcière, sportive, femmes autoritaires, esclaves, homme transformé en femme, femme-chatte...), dans ses pratiques (ça va du sexe classique au slime coquin en passant par les gangbangs bien copieux et exploitation de différentes parties du corps généreux des personnages), avec très souvent une volonté d'aller assez loin dans les possibilités offertes, même si de ce côté-là ça reste parfois rapide au vu du format court des récits. Quant au dessin, s'il reste souvent perfectible avec pas mal de petites inégalités (rappelons encore qu'il s'agit d'histoires courtes du début de carrière professionnelle de l'auteur), il dégage pourtant un charme certain: au-delà des courbes généralement très généreuses des filles qui plairont ou non selon les goûts, Doumou soigne les expressions faciales de toutes sortes (du plaisir pur pris dans le sexe aux visages parfois plus effrayés face au viol, en passant par le côté hautain de certaines héroïnes autoritaires, ce qui fait qu'il y en a pour un peu tous les goûts), mais aussi les tenues de ses héroïnes soulignant généralement bien leurs courbes, et même certains décors qui apportent une atmosphère assez spécifique à certaines occasions.
A l'arrivée, Ensorcelantes est un recueil qui, malgré certaines irrégularités graphiques, est globalement réjouissant grâce à ses situations assez fantaisistes et à sa variété témoignant encore de l'imagination de Doumou. Si l'on aime l'auteur, il n'y a aucune raison de bouder son plaisir !
Concernant l'édition française, même si l'on n'a pas de pages en couleurs cette fois-ci (contrairement à la très grande majorité de hentai sortis en France), il y a de quoi saluer une qualité tout à fait satisfaisante avec une suffisamment bonne impression sur un papier alliant souplesse et épaisseur, un lettrage correct de Florian Morala, et une traduction de bonne facture de la part de Jean-Baptiste Bondis.