Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 28 Octobre 2022
Voici déjà quasiment un an jour pour jour, le 4 novembre 2021, que nous disions adieu au récit magnifique de la petite Sheeva et du Professeur, au bout du tome final de L'Enfant et le Maudit qui se révélait satisfaisant en tous points, à la fois poignant voire déchirant, tout en laissant juste ce qu'il fallait de liberté d'interprétation. Mais l'oeuvre-phare du talentueux Nagabe n'était, en réalité, pas tout à fait achevée !
La série a beau s'être achevée dans son pays d'origine le 9 avril 2021 après 5 années de publication, son très joli et mérité succès a ensuite permis de voir arriver au Japon, en mars dernier, un superbe film d'animation disponible en France sur Crunchyroll, ainsi qu'un tome bonus. C'est ce volume supplémentaire que Komikku propose ici sous le nom L'Enfant et le Maudit: Cher journal.
Au programme de ce supplément d'environ 160 pages, six chapitre (plus un petit bonus) revenant chacun, tout simplement, sur un petit moment différent du quotidien passé ensemble par les deux protagonistes, bien loin des épreuves difficiles qu'ils ont dû endurer. pas de grands événements, pas d'incroyables chambardements. Juste des instants qui pourraient paraître presque futiles, mais où c'est précisément leur futilité qui les rend précieux, autant pour Sheeva et le Professeur que pour nous lecteurs. Car après avoir suivi pendant 11 volumes les péripéties souvent cruelles de ces deux-là, il va de soi qu'assister à certains de leurs plus beaux et plus simples moments heureux, ensemble, rien qu'à deux ou parfois avec la tante de la fillette, a quelque chose de profondément joli et réconfortant, en nous rappelant à nous-mêmes de ne jamais négliger ce genre de moments de joie fugaces. C'est donc avec bonheur que l'on observera Sheeva à la découverte de la chambre du Professeur ou s'interroger sur le fait qu'il ne dorme pas avec à la clé une veillée à deux, le maudit tenter de dessiner la petite fille pour sa plus grande joie d'enfant innocente, tous deux étendre le linge, partager un repas ou encore faire un bonhomme de neige... Toute la beauté de ces instants étant dans la façon dont l'enfant et le maudit les partagent, avec un lot de découvertes, de sourires, d'apaisement, de malice, de complicité...
Et évidemment, pour sublimer ces moments, il y a toujours la patte visuelle unique de Nagabe, celui-ci accordant une place cruciale aux cadrages (surtout quand il se met à hauteur de Sheeva), au petits détails, aux instants anodins comme la préparation du petit-déjeuner qui est joliment décortiquée, ou encore aux frimousses si pures de la petite fille.
Découvrir ces moments de parenthèse purement et simplement heureuse dans la vie de cet inoubliable duo a donc quelque chose de naturellement touchant quand on sait tout ce qu'ils ont vécu ensemble, et le travail graphique de l'auteur est au rendez-vous pour mettre en valeur chacun de ses instants lumineux.