Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Octobre 2024
Sachi a pris la décision de garder son enfant, un choix qui l'oppose à la majorité de son entourage. Heureusement, Takara est prêt à se plier en quatre pour le bonheur de leur futur foyer, et afin que la grossesse de sa petite amie se déroule au mieux, tandis que la mère de Sachi respecte le choix de sa fille. Seulement, malgré toute sa détermination, la jeune fille fait face à moult obstacles, que ce soit l'implication de son père dans la situation ou la difficulté pour elle à entrevoir une fin de lycée paisible...
La fresque mélancolique d'Aoi Mamoru autour de la grossesse de la jeune Sachi se poursuit en suivant une progression logique, tout en continuant d'explorer les sujets liés à son idée centrale. Ainsi, tout en abordant pas à pas les étapes de la mise au monde de l'enfant de l'héroïne et de son petit ami, Takara, la mangaka explore les multiples contraintes sociétales qui s'imposent à son héroïne. La formule permet non seulement de varier les situations et de rendre le drame du récit toujours plus poignant, mais aussi de se montrer une nouvelle fois instructif vis-à-vis de la société japonaise.
C'est essentiellement par deux grands axes que ce quatrième opus se développe. D'abord, l'entrée en scène du père de Sachi ne manque pas de pousser l'intensité dramatique tant celui-ci arbore complètement l'idée du salarié japonais plongé dans son travail, aux sourires affectueux de façade, et qui ne laisse guère de place aux sentiments. Une figure peut-être plus caricaturale que ce qui nous a été proposé jusqu'à présent et nettement moins nuancée, mais rien n'interdit le manga de revenir sur ce personnage ultérieurement. Et si son traitement devait se résumer à ce que nous voyons dans ce tome, alors le père de Sachi complète bien le casting déjà établi en plus de représenter à sa manière un aspect de la société japonaise en opposition avec la liberté de l'héroïne de disposer de son propre corps et de sa descendance. Dans tous les cas, l'approche d'Aoi Mamoru reste pertinente.
Puis, avec l'idée de la scolarité de Sachi en condition de grossesse, le volume aborde davantage la situation dans le cadre lycéen, développant à la fois les possibilités offertes et celles refusées à la jeune fille, permettant ainsi de faire un constat sur le système éducatif tout en pointant du doigt certaines injustices. Le cas de l'héroïne reste donc poignant en toute circonstance, aussi complexe soit la situation, renforçant sans cesse notre empathie pour elle. Pour l'heure, le point de vue du récit reste particulièrement bien traité tant "L'enfant en moi" n'est jamais moralisateur vis-à-vis de son personnage principal, mais cherche plutôt à lui faire confronter le monde qui l'entoure pour lui permettre de le comprendre et d'aller de l'avant, tout en restant fidèle à ses convictions. L'œuvre d'Aoi Mamoru reste donc dans un cadre de récit initiatique dans une société qui nous est familière, une optique embrassée avec richesse et nuances, ce qui permet à la série de toujours briller et de nous toucher, même après quatre volumes. Pourvu que cette maîtrise reste intacte jusqu'au bout !