Ender Geister Vol.1 - Manga

Ender Geister Vol.1 : Critiques

Tsui No Taimashi – Ender Geister

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Février 2023

La première nouveauté de la collection seinen des éditions Glénat pour cette année 2023 est à placer sous le signe de l'action surnaturelle, et il s'agit d'Ender Geister (littéralement "Eliminer les fantômes" en allemand), sous-titré dans notre pays "L'ultime exorciste", ce qui est une traduction littérale du sous-titre nippon "Tsui No Taimashi". Au moins, ce nom a le mérite de donner le plus simplement du monde ne bonne idée de ce qui nous attend.

Toujours en cours au Japon depuis 2019, cette oeuvre a pour petite particularité d'être publiée là-bas en version numérique par CyGames et en version papier par Shôgakukan. On la doit à Takashi Yomoyama, un mangaka actif professionnellement dans son pays d'origine depuis 2015, et que l'on connaît déjà un petit peu en France pour sa carrière dans le hentai sous le pseudonyme Gesundheit, avec le plutôt brouillon mais inventif Momohime sorti chez Hot Manga en septembre 2020.

Ici, tout commence par un très bref flashback ayant lieu dix ans auparavant, où, au bout d'une fusillade teinté de fantastique, un étrange être se voit neutralisé par une jeune femme qui lui propose de devenir son disciple. Puis une fois de retour dans le présent, on retrouve ce fameux être quelque part en Allemagne, qui salue le portrait de sa "maîtresse", avant de partir pour ce qui semble être pour lui une énième mission d'élimination de monstres, en l'occurrence des ogres et gobelins cette fois-ci. Il s'agira de sa dernière mission en Europe pour un bon moment puisque, juste après, le voici somme de se rendre au Japon pour y résoudre une affaire plus périlleuse. Notre homme, appelé Michael, accepte, mais à une seule condition: que sur place il soit appelé Akira Kurosawa, lui qui est ultra fan de cinéma !

Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur nous plonge d'emblée dans de l'action pure, chose qui va ensuite continuer en quasi permanence puisque chacun des premiers pas de notre héros vers sa nouvelle mission va le placer face à différents problèmes: une étrange entité volante qui s'empare de l'avion où il se trouve, un clown plutôt surprenant en guise de première mission sur place dans un parc d'attractions... Yomoyama veut clairement installer un rythme soutenu et trépidant d'entrée de jeu, ce qui plaira ou non puisque, pendant ce temps-là, l'installation de l'univers reste très minime. On retient juste la mise en place de quelques rôles secondaires (l'assistant Kiba qui ne sert à rien pour l'instant, le patron qui est plus occupé à faire des blagues qu'autre chose, et surtout la collègue Chikage Awashima qui, derrière sa beauté plastique évidente, reste avant tout une redoutable combattante), ainsi que l'évocation expéditive du mystérieux "Pilier des Ténèbres" qui est apparu dans la ville de Mandai et qui semble invoquer toutes sortes de démons inconnus, et c'est tout.

Bref, on a une installation de l'univers qui se résume à trois fois rien pour partir plus vite dans les premiers moments d'affrontements, or ce par est-il gagnant ? Eh bien globalement, ça passe. Non content d'offrir des designs humains et monstrueux assez soignés (même si les têtes des premières créatures devront se faire plus régulières sur la longueur), Yomoyama cherche à tirer parti de sa finesse de trait pour croquer de l'action assez vive, avec une part de violence bien présente et plutôt brute de décoffrage. On ne s'ennuie alors aucunement car tout reste toujours fluide, mais on ne va pas cacher que, pour le moment, l'ensemble manque quelque peu de personnalité. Le dessinateur aime surjouer sur la carte des grandes voire très grandes cases, ce qui fait souvent bien ressortir les moments les plus brutaux, mais souligne aussi certains fond un peu trop vides (surtout dans la dernière partie du tome) et fait que la lecture défile très, très vite. A part ça, l'un des gros plaisir du mangaka est assurément d'accumuler les références cinématographiques, que ce soit dans certaines réparties du héros cinéphiles (directement tirées du films bien connus) ou dans certaines mises en scènes. A certains moments, c'est efficace car bien placé. A d'autres, c'est plus superficiel car balancé comme un cheveu sur la soupe, sans que le contexte de l'action ne s'y adapte spécialement.

A l'arrivée, pour dire les choses un peu cruellement, ce premier volume se lit vite et bien, divertit facilement, mais a surtout quelque chose d'un peu "OSEF", la faute principalement à un fond ultra classique (des exorcistes dégomment des monstres), à un univers pour l'instant minime, et à un manque de personnalité dans les références. Les mangas d'action pêchus et référencés étant déjà légion (rien que dans les nouveautés de l'an dernier, on pourrait notamment citer Violence Action qui sort aux éditions Pika), Ender Geister va devoir s'affirmer un peu plus pour s'imposer. Autant dire que le tome 2, sorti en même temps que le premier opus, sera sans doute largement bienvenu pour déjà nous faire une idée un peu plus précise de tout ça.

Côté édition, la copie de Glénat est classique mais efficace: pas de pages couleurs, un papier fin mais sans transparence, une impression assez honnête où l'encre ne bave pas, une traduction claire d'Elena Faure, un lettrage propre du Studio Charon, et une jaquette sobre mais soignée qui a eu l'idée plutôt payante de changer le fond (celui de l'édition japonaise étant rose uni pour ce premier tome).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs