En scène ! Vol.1 - Actualité manga
En scène ! Vol.1 - Manga

En scène ! Vol.1 : Critiques

Kenran taru grande scene

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 14 Octobre 2016

Kanade, fillette vive, voit un jour sa voisine un peu plus âgée Lisa en pleine représentation d'un spectacle de danse, et en elle se fait un véritable déclic : subjuguée par la beauté et la grâce de ce qu'elle à quoi elle assiste, elle voit vite naître en elle le rêve de devenir ballerine. Une lubie passagère comme les enfants peuvent tant en connaître ? Pas si sûr... et face à leur fille qui demande pour la première fois quelque chose avec tant d'entrain, les parents de Kanade acceptent de l'inscrire à l'école de danse. Aux côtés, entre autres, de l'impartiale et juste directrice Takimoto, de son modèle la bienveillante Lisa ou de son amie la sérieuse et très appliquée Shoko, Kana va pouvoir faire ses premiers pas dans le monde de la danse..., et, tout en progressant, découvrir à quel point cet univers peut être ponctué d'obstacles, de déceptions et d'échecs.

En 2008-2009, la mangaka Cuvie nous charmait pour la première fois en France avec la publication de la série Dorothea - Le châtiment des sorcières, une oeuvre emballante. Quelques années plus tard, nous retrouvons enfin l'artiste dans nos contrées grâce aux éditions Kurokawa, et dans un registre totalement différent, à savoir la danse ! Un domaine dans lequel l'artiste a elle-même exercé il y a longtemps, et pour lequel elle s'est repris de passion au point de vouloir le mettre en images.

Et on peut dire que cette entrée en matière est réussie, car dans un registre assez rare dans le paysage du manga en France (en séries qui traitaient de la danse, on peut bien évoquer l'inoubliable Subaru danse vers les étoiles!, ou l'anecdotique Passion Ballet), Cuvie choisit de nous immerger dans cet univers à part en nous promettant de l'évoquer sous de nombreux angles.

Ainsi suit-on avec plaisir une jeune héroïne qui, au fil de ses premiers pas de danse, va déjà se confronter à nombre de petites désillusions et déceptions, comprenant dès lors que le monde de la danse est quelque chose de très strict si l'on veut espérer arriver au meilleur niveau. Cela passera notamment par le refus de Mme Takimoto de lui permettre de danser avec des pointes quand les autres le peuvent déjà, par ses incertitudes sur la façon dont elle pourrait interpréter tel rôle... ou par ce qui arrive à son entourage, qu'il s'agisse de Lisa, de Shoko ou de ses propres parents. Blessures, erreurs qui ne pardonnent pas en plein concours, problèmes financiers qui peuvent découler des leçons... la mangaka a vraiment le mérite de vouloir aborder tous les à-côté de cet univers qui laisse autant rêveur qu'il peut être impitoyable.
Et tout cela, elle le fait au travers d'une jeune héroïne qui séduit de plus en plus au fil des pages, car bien qu'elle ne semble avoir aucune prédisposition particulière pour la danse, elle va démontrer peu à peu de belles qualités. Ainsi, son désir d'obtenir des pointes montre bien son envie de progresser au plus vite et son excitation, ses questionnements sur la façon dont elle doit jouer Cupidon témoignent de son implication, sa façon d'observer pour tirer des leçons est une preuve de son côté appliqué, et la fin du tome où elle irradie plus qu'elle ne stresse sent bon une passion qui fait plaisir à voir. D'autant qu'en arrière-plan, des personnages comme Lisa, Mme Takimoto ou ses parents sont bel et bien là pour accompagner son rêve.

Et globalement, le coup de crayon accompagne plutôt bien le sujet. Cuvie le souligne elle-même, elle a besoin de faire encore des progrès, et en effet on pourra tiquer plus d'une fois sur des angles de vue qui donnent l'impression de petits problèmes de perspective et de proportion. Mais à travers des détails comme les angles des pieds, l'élévation hypnotique des bras ou des jambes, les appuis sur le sol, l'équilibre des silhouettes ou le rendu des jambes avec des genoux si fins qu'ils s'effacent, on ressent bien toute l'application de l'artiste. Les décors ne sont présents que quand nécessaire, et ce sont bien les corps qui ont toute l'attention : ses personnages aux corps fins et élancés parviennent à dégager grâce et passion, et l'on a clairement hâte de voir la dessinatrice gommer ses petits défauts par la suite.

En plus de cela, on appréciera aussi l'apparition d'autres détails tendant à rendre l'univers plus immersif, comme les quelques explications sur les différences entre le ballet Don Quichotte et le roman original, ou les brèves explications sur la danse contemporaine.

Pourtant, le déroulement de ce premier volume est on ne peut plus classique, surtout dans sa première partie concernant les événements autour de Lisa. Mais il s'agit là d'une introduction efficace, qui laisse sur de très belles promesses pour la suite.

Au Japon, la série est prépubliée chez Akita Shoten dans le magazine Champion Red, aux côtés notamment de Saint Seiya Episode G, de Saintia Shô ou de Deadtube. En France, Kurokawa a choisi de recatégoriser l'oeuvre en shôjo, ce qui peut tout à fait se justifier puisque la danse reste a priori un sujet plus féminin et que Cuvie offre elle-même une sensibilité un peu plus féminine. Mais il ne faudrait pas s'arrêter à cela, car avec sa vision du milieu promettant d'être assez mûre et crédible, la série peut plaire à tout public, à condition évidemment d'être un tant soit peu intéressé par la danse.

Pour le reste, Kurokawa livre une très belle édition.
La jaquette ne manque pas d'attirer l'oeil. La danseuse gracile s'y affichant et le titre français positif présentent d'emblée le sujet tout en étant emballants. Pour cette version française, l'éditeur a imaginé un fond rose nuancé du plus bel effet (sur la jaquette nippone, il est noir), ainsi qu'un logo inédit à l'écriture et à la silhouette très élégantes. Le vernis sélectif sur ce logo, sur les plumes, sur la danseuse et sur les quatre coins encadrés finissent d'offrir un rendu très esthétique. C'est vraiment du superbe travail.
A l'intérieur, l'imprimeur Aubin livre une très bonne qualité sur un papier souple et sans transparence. Satoko Fujimoto livre une traduction très appliquée, sachant notamment faire ressortir le caractère des différents personnages et les spécificités du milieu de la danse. Le travail sur les onomatopées est très convaincant, de même que les choix de lettrage.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs