Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 28 Avril 2021
Chronique 2 :
Hospitalisée à cause d'un risque de fausse couche, Minako n'est pourtant pas en sûreté totale dans sa chambre d'hôpital: pour protéger sa propre vision des choses, cet "amour" dont elle s'est elle-même convaincue après son viol par Hayafuji, Reina a entrepris de prendre les choses en main de façon sinistre, en se faisant passer pour une infirmière afin de faire ingurgiter à la future maman des médicaments douteux. Pendant ce temps, Misuzu et Niizuma continuent de se rapprocher, si bien que face à la sincérité et aux incertitudes du lycéen, la jeune enseignante ressent elle aussi un trouble amoureux dont elle prend de plus en plus conscience. Niizuma pourrait peut-être lui permettre d'enfin repartir de l'avant. Mais pour cela, la jeune femme devra forcément se confronter à ses peurs les plus profondément enfouies...
Depuis le début, En proie au silence est une série au fil de laquelle Akane Torikai joue sur plusieurs points de vue, généralement féminins, que ceux-ci soient au premier plan ou plus secondaires, le tout afin de croquer toujours plus profondément, et en mettant toujours plus les pieds dans le plat, nombre de questions autour des rapports hommes-femmes et de la condition féminine dans une société si patriarcale qu'elle semble plus d'une fois avoir "lobotomisé" les gens dans certaines inégalités. Avec ce sixième tome, la mangaka ne change pas de cap. Au risque de parfois répéter des choses déjà vues et donc de donne rune impression de petites rallonges, tandis qu'à contrario certaines visages comme Misakana laissent encore interrogateurs. mais globalement l'intérêt est toujours bel et bien au rendez-vous, et plusieurs situations évoluent, en ce qui concerne Reina par exemple. Et dans son optique de décortiquer la condition féminine dans ces sociétés, l'autrice évoque encore un paquet de choses à travers ses personnages. Entre Ayaka qui essaie de "penser comme un homme" pour rester à une certaine distance émotionnelles et être respectée, Minako qui souhaite se conforter dans son "idéal" de conformité pour être selon elle non-défectueuse en tant que femme, sa propre mère qui lui affirme que l'infidélité des hommes est une chose normale et que l'accepter une une force permettant aux épouses de protéger leur foyer... Soit autant de choses qui permettent à la mangaka d'aborder sans détours les choses.
Un regard pas assez reculé pourrait presque donner l'impression que Torikai justifie voire cherche des circonstances atténuantes à certaines choses, mais l'objectif est en réalité tout l'inverse, comme toujours, et cette façon troublante de raconter les choses permet alors à l'autrice de montrer de plus belle à quel point nombre de choses anormales sont banalisées jusque, possiblement, dans notre esprit. Une façon de faire pouvant être casse-gueule (car certain(e)s lecteurs/lectrices liront ça sans y voir les questions à se poser), mais ayant clairement son intérêt, car celles et ceux qui seront touché(e)s par ce procédé en ressortiront clairement chamboulé(e)s.
Et Misuzu dans tout ça ? Eh bien, pour elle, l'heure est venue d'essayer d'avancer à nouveau, ce qui passe, avant même une possible relation avec Niizuma (avec qui elle souhaiterait avancer doucement, par étapes, en prenant leur temps), par l'obligation de ce confronter à ses hantises, à savoir son propre corps (ce qui est quand même terrible), ainsi que le "spectre" d'un Hayafuji clairement pas décidé à lâcher si facilement son emprise sur elle, comme le montreront encore son chantage immonde et les dernières dizaines de pages. Et là-dessus, une nouvelle fois Torikai ne prend pas de pincettes, jusqu'à nous laisser sur des dernières pages totalement choquantes et dont il est impossible de voir les aboutissants dans l'immédiat.
Akane Torikai déstabilise, plus que jamais, au risque de possiblement faire décrocher certain(e)s lectrices et lecteurs. Mais c'est un choix volontaire, un choix comme un autre, pour permettre à l'autrice d'aborder toujours de front et sans pincettes son sujet. Il n reste plus qu'à voir, après les avancées de ce tome, comment la mangaka parviendra à retomber sur ses pattes dans les deux derniers volumes, en espérant évidemment que le résultat sera convaincant.
Chronique 1 :
Minako, la femme de Hayafuji, est hospitalisée par crainte d'une fausse couche. De son côté, Reina est sur le point de commettre l’irréparable après que son amant ait craqué, devant ses yeux.
Au même moment, Niizuma et Misuzu se rapprochent toujours plus. Le désir se mêle aux sentiments, mais l'enseignante aimerait nourrir sainement leur relation, en prenant leur temps. La jeune femme a enfin accès au bonheur, mais va devoir se confronter à ce qui la hante depuis des années...
La tranche de vie sociale d'Akane Torikai a su planter un large casting de personnages pour narrer des chemins croisés, tant de moyens de mettre en exergue différentes réflexions sur la société et les rapports hommes/femmes. Avec ce sixième tome, la routine de la série se poursuit puisqu'on alterne de nouveau les focus qui se font écho les uns les autres. Et si le récit pouvait donner un sentiment de surplace ces derniers volumes, la trame progresse largement. On ressent la chose aussi bien du côté de Misuzu dont les choix sont amplement marqués, mais aussi en ce qui concerne l'intrigue ciblant le couple Hayafuji attendant un heureux événement qui vient en totale contradiction avec le cercle malsain formé suite aux agissements du séducteur, harceleur et violeur.
Un beau programme donc, qui donne clairement la sensation d'une autrice qui sait où diriger son récit, si on parle purement de trame scénaristique. Néanmoins, si le scénario est bien bâti, ce sixième volume ne manquera pas de diviser pour sa manière de traiter l'un des aspects phares du manga : Ses différentes réflexions. Car depuis le départ, En proie au silence évolue aux côtés de nombreuses figures, essentiellement des Femmes, qui expriment leur point de vue sur le monde, la société et les relations humaines. Cela donner du cachet aux personnages tout en tentant de les creuser en profondeur, et ce même du côté des pures pourritures telles que Hayafuji, une ordure développée mais jamais excusée. Ici, la mangaka poursuit cette volonté via des dialogues plantés ci et là, avec des personnages clés ou très secondaires, toujours pour nourrir les idées gravitant autour des événements essentiels de l’œuvre. Et clairement, il est difficile de rester de marbre face à certains discours qui viennent parfois justifier l'infidélité, voire même excuser un violeur. Concernant ce second point, la démarche est évidemment plus complexe puisqu'elle établit un état d'esprit du personnage principal plus ou moins cohérent. Reste que le discours qui se cache derrière pourra brusquer.
Mais il semble difficile de croire qu'Akane Torikai tienne de tels propos quand on connait son engagement, et quand on a compris sa démarche de présenter toutes sortes de discours qui existent dans la société nippone, y compris les plus abjects. C'est un parti-pris qui ne peut laisser indifférent, et qui prendra très probablement plus de sens une fois la conclusion de l'histoire atteinte. Car le temps est compté pour En proie au silence, puisqu'il ne reste que deux volumes avant la fin de la série. Deux opus finaux qui changeront certainement de ton au vu des dernières planches de ce sixième tome, mais qui pourraient diviser encore plus que les opus précédents.
Hospitalisée à cause d'un risque de fausse couche, Minako n'est pourtant pas en sûreté totale dans sa chambre d'hôpital: pour protéger sa propre vision des choses, cet "amour" dont elle s'est elle-même convaincue après son viol par Hayafuji, Reina a entrepris de prendre les choses en main de façon sinistre, en se faisant passer pour une infirmière afin de faire ingurgiter à la future maman des médicaments douteux. Pendant ce temps, Misuzu et Niizuma continuent de se rapprocher, si bien que face à la sincérité et aux incertitudes du lycéen, la jeune enseignante ressent elle aussi un trouble amoureux dont elle prend de plus en plus conscience. Niizuma pourrait peut-être lui permettre d'enfin repartir de l'avant. Mais pour cela, la jeune femme devra forcément se confronter à ses peurs les plus profondément enfouies...
Depuis le début, En proie au silence est une série au fil de laquelle Akane Torikai joue sur plusieurs points de vue, généralement féminins, que ceux-ci soient au premier plan ou plus secondaires, le tout afin de croquer toujours plus profondément, et en mettant toujours plus les pieds dans le plat, nombre de questions autour des rapports hommes-femmes et de la condition féminine dans une société si patriarcale qu'elle semble plus d'une fois avoir "lobotomisé" les gens dans certaines inégalités. Avec ce sixième tome, la mangaka ne change pas de cap. Au risque de parfois répéter des choses déjà vues et donc de donne rune impression de petites rallonges, tandis qu'à contrario certaines visages comme Misakana laissent encore interrogateurs. mais globalement l'intérêt est toujours bel et bien au rendez-vous, et plusieurs situations évoluent, en ce qui concerne Reina par exemple. Et dans son optique de décortiquer la condition féminine dans ces sociétés, l'autrice évoque encore un paquet de choses à travers ses personnages. Entre Ayaka qui essaie de "penser comme un homme" pour rester à une certaine distance émotionnelles et être respectée, Minako qui souhaite se conforter dans son "idéal" de conformité pour être selon elle non-défectueuse en tant que femme, sa propre mère qui lui affirme que l'infidélité des hommes est une chose normale et que l'accepter une une force permettant aux épouses de protéger leur foyer... Soit autant de choses qui permettent à la mangaka d'aborder sans détours les choses.
Un regard pas assez reculé pourrait presque donner l'impression que Torikai justifie voire cherche des circonstances atténuantes à certaines choses, mais l'objectif est en réalité tout l'inverse, comme toujours, et cette façon troublante de raconter les choses permet alors à l'autrice de montrer de plus belle à quel point nombre de choses anormales sont banalisées jusque, possiblement, dans notre esprit. Une façon de faire pouvant être casse-gueule (car certain(e)s lecteurs/lectrices liront ça sans y voir les questions à se poser), mais ayant clairement son intérêt, car celles et ceux qui seront touché(e)s par ce procédé en ressortiront clairement chamboulé(e)s.
Et Misuzu dans tout ça ? Eh bien, pour elle, l'heure est venue d'essayer d'avancer à nouveau, ce qui passe, avant même une possible relation avec Niizuma (avec qui elle souhaiterait avancer doucement, par étapes, en prenant leur temps), par l'obligation de ce confronter à ses hantises, à savoir son propre corps (ce qui est quand même terrible), ainsi que le "spectre" d'un Hayafuji clairement pas décidé à lâcher si facilement son emprise sur elle, comme le montreront encore son chantage immonde et les dernières dizaines de pages. Et là-dessus, une nouvelle fois Torikai ne prend pas de pincettes, jusqu'à nous laisser sur des dernières pages totalement choquantes et dont il est impossible de voir les aboutissants dans l'immédiat.
Akane Torikai déstabilise, plus que jamais, au risque de possiblement faire décrocher certain(e)s lectrices et lecteurs. Mais c'est un choix volontaire, un choix comme un autre, pour permettre à l'autrice d'aborder toujours de front et sans pincettes son sujet. Il n reste plus qu'à voir, après les avancées de ce tome, comment la mangaka parviendra à retomber sur ses pattes dans les deux derniers volumes, en espérant évidemment que le résultat sera convaincant.
Chronique 1 :
Minako, la femme de Hayafuji, est hospitalisée par crainte d'une fausse couche. De son côté, Reina est sur le point de commettre l’irréparable après que son amant ait craqué, devant ses yeux.
Au même moment, Niizuma et Misuzu se rapprochent toujours plus. Le désir se mêle aux sentiments, mais l'enseignante aimerait nourrir sainement leur relation, en prenant leur temps. La jeune femme a enfin accès au bonheur, mais va devoir se confronter à ce qui la hante depuis des années...
La tranche de vie sociale d'Akane Torikai a su planter un large casting de personnages pour narrer des chemins croisés, tant de moyens de mettre en exergue différentes réflexions sur la société et les rapports hommes/femmes. Avec ce sixième tome, la routine de la série se poursuit puisqu'on alterne de nouveau les focus qui se font écho les uns les autres. Et si le récit pouvait donner un sentiment de surplace ces derniers volumes, la trame progresse largement. On ressent la chose aussi bien du côté de Misuzu dont les choix sont amplement marqués, mais aussi en ce qui concerne l'intrigue ciblant le couple Hayafuji attendant un heureux événement qui vient en totale contradiction avec le cercle malsain formé suite aux agissements du séducteur, harceleur et violeur.
Un beau programme donc, qui donne clairement la sensation d'une autrice qui sait où diriger son récit, si on parle purement de trame scénaristique. Néanmoins, si le scénario est bien bâti, ce sixième volume ne manquera pas de diviser pour sa manière de traiter l'un des aspects phares du manga : Ses différentes réflexions. Car depuis le départ, En proie au silence évolue aux côtés de nombreuses figures, essentiellement des Femmes, qui expriment leur point de vue sur le monde, la société et les relations humaines. Cela donner du cachet aux personnages tout en tentant de les creuser en profondeur, et ce même du côté des pures pourritures telles que Hayafuji, une ordure développée mais jamais excusée. Ici, la mangaka poursuit cette volonté via des dialogues plantés ci et là, avec des personnages clés ou très secondaires, toujours pour nourrir les idées gravitant autour des événements essentiels de l’œuvre. Et clairement, il est difficile de rester de marbre face à certains discours qui viennent parfois justifier l'infidélité, voire même excuser un violeur. Concernant ce second point, la démarche est évidemment plus complexe puisqu'elle établit un état d'esprit du personnage principal plus ou moins cohérent. Reste que le discours qui se cache derrière pourra brusquer.
Mais il semble difficile de croire qu'Akane Torikai tienne de tels propos quand on connait son engagement, et quand on a compris sa démarche de présenter toutes sortes de discours qui existent dans la société nippone, y compris les plus abjects. C'est un parti-pris qui ne peut laisser indifférent, et qui prendra très probablement plus de sens une fois la conclusion de l'histoire atteinte. Car le temps est compté pour En proie au silence, puisqu'il ne reste que deux volumes avant la fin de la série. Deux opus finaux qui changeront certainement de ton au vu des dernières planches de ce sixième tome, mais qui pourraient diviser encore plus que les opus précédents.