Empereur et le monstre (l') : Critiques

Kôtei to Kaibutsu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Septembre 2023

Un peu plus de trois ans après sa première publication française Crazy Fruits qui nous avait laissés sur une impression plutôt moyenne, la mangaka Akabeko a fait son retour dans le catalogue des éditions Hana au mois de juin dernier avec L'Empereur et le Monstre, alias Kôtei to Kaibutsu en version originale (le titre français est une traduction littérale), une oeuvre dont les six chapitres furent initialement prépubliés au Japon sur le site Byô de Wakaru BL de l'éditeur Libre dans la première moitié de l'année 2021, avant d'être regroupés, le 2 août 2021, en un unique volume broché qui totalise à peine 160 pages.

Ce récit nous plonge au sein du pays d'Ise, où le jeune empereur Tao peine à s'imposer. Ecarté de tout, depuis toujours, par le premier ministre Daki qui a soif de règne, il n'a aucun réel pouvoir et, en guise de compagnie fidèle, ne peut compter que sur son ami d'enfance Nowaka qui a toujours été à ses côtés. Mais quand Daki trouve un prétexte douteux pour faire exécuter Nowaka, c'en est trop pour Tao qui n'a plus grand chose à perdre, au point de décider de braver un interdit. Effectivement, depuis toujours, il lui est formellement interdit par Daki de s'approcher d'un mausolée du sous-sol qui, selon les légendes, renfermerait un monstre immortel qui apporterait la destruction et qui ne pourra ensuite être tué que par celui qui l'a réveillé. En se rendant dans ce mausolée, Tao, loin du monstre destructeur qu'on lui a décrit, va se lier avec Utosa,, le tout premier empereur d'Ise, qui a autrefois unifié les 7 royaumes il y a 500 ans, et qui pourrait bien devenir son allié pour le reconquête du pouvoir et du peuple face aux fourberies de Daki.

Poser un tel univers a de quoi nous ravir, mais encore faut-il parvenir à bien le développer, et de ce côté-là l'oeuvre souffre forcément de son format trop bref: en même pas 160 pages, il va de soi que tout va très vite dans L'Empereur et le Monstre, que ce soit dans l'abord du passé de ce pays qui se limite à quelques lignes, dans les personnages secondaires plutôt plats et vite vus (dommage, car un personnage comme le général Getsu avait de l'allure), dans la relation entre Tao et Utosa qui n'a aucune réelle substance (on ne ressent rien de leur évolution sentimentale, si bien que les dernières pages tombent comme un cheveu sur la soupe), ou tout simplement dans la petite histoire de conflit pour le pouvoir opposant Tao et Daki, la révolte contre ce dernier étant même étonnamment facile. Et puis, côté incohérences, quid de la facilité avec laquelle Tao se rend dans le mausolée au début ? Comment un tel lieu, censé renfermer un terrible monstre destructeur, peut-il être à ce point peu surveillé ?

Sur le plan visuel, c'est tout aussi lisse. Malgré des designs qui se veulent bien variés et quelques visages en gros plans très expressifs, Akabeko peine à hausser le niveau, notamment au niveau des vêtements et des décors qui restent souvent trop basiques alors qu'ils auraient dû être là pour vraiment apporter une ambiance d'époque. Ce n'est jamais laid ou trop pauvre, mais simplement trop basique et impersonnel, jusque dans les trames qui manquent régulièrement de nuances.

Attention: on donne l'impression de descendre en flèche ce manga, mais concrètement il n'est pas mauvais du tout. Simplement, face à certaines concurrences dans ce genre de yaoi, L'Empereur et le Monstre apparaît plutôt fade, trop expéditif et sans réelle personnalité. L'oeuvre se lit sans déplaisir mais s'oublie très vite, si bien que ce n'est pas encore avec cette deuxième publication française, pourtant prometteuse sur le papier, que cette mangaka nous convaincra réellement.

En ce qui concerne l'édition française, on saluera une copie tout à fait satisfaisante avec une jaquette proche de l'originale japonaise (et dotée d'un logo-titre moins envahissant et plus joliment incrusté), une impression correcte sur un papier suffisamment souple et épais, un lettrage sobre et propre, ainsi qu'une traduction claire de la part de Valentine Seyteur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction