Eisbahn – Sentier verglacé - Actualité manga

Eisbahn – Sentier verglacé : Critiques

Eisbahn

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Mars 2019

Né en 1984, Tsuchika Nishimura est une jeune artiste aux multiples facettes. Illustrateur de couvertures de livres et de CD, il est également musicien puisqu'il est le fondateur, guitariste, compositeur et illustrateur du groupe de musique Tove Jansson New York, un nom de groupe faisant référence à l'artiste finlandaise Tove Jansson (l'autrice des Moomin) qui l'a beaucoup influencé. Et bien sûr, il exerce aussi ses talents dans le domaine du manga depuis déjà plusieurs années. Tombé sous l'oeil du Lézard Noir, l'artiste vient de connaître chez l'éditeur poitevin sa toute première publication française avec son premier recueil d'histoires courtes, Eisbahn, un ouvrage d'un peu moins de 160 pages qui a notamment reçu les éloges de l'artiste Hisashi Eguchi, et qui se compose de 8 brefs récits de moins de 20 pages.

Au programme, des récits qui furent publiés entre 2011 et 2017 au Japon, chez Shôgakukan (dans les magazines Big Comic et Hibana), Diorama Books, P-VINE, ou tout simplement en auto-édition, avant d'être regroupé en ce recueil broché sorti au Japon chez Shôgakukan en novembre 2017. Le point commun de ces histoires: elles croquent toutes de brefs instantanés de vie, parfois teintés de fantastique. Un homme retournant parfois incognito dans son ancien lycée où il a laissé des regrets, la rencontre improbable entre un écrivain sans succès et une jeune surdouée qui réussit systématiquement tout ce qu'elle entreprend sans réel challenge, une lycéenne très studieuse et solitaire qui sur conseil de sa famille tente de devenir amie avec une fille peu sérieuse mais qui a toujours l'air joyeuse, un jeune garçon brimé qui brise l'interdit posé par ses tortionnaires en allant aux toilettes... Sur des bases simples, Nishimura esquisse, sans forcément aller très loin, des récits dotés de quelques thématiques intéressantes, notamment autour de la jeunesse qui revient dans chaque histoire sous des formes différentes. A travers les deux premiers récits, l'auteur croque des adultes pas forcément heureux de ce qu'ils sont devenus et ayant laissé visiblement des regrets dans leur jeunesse: des souvenirs nostalgique pour le héros de la première histoire, avec une habile métaphore du "sentier verglacé" en tant que sentier de vie où l'on peut vite glisser et déraper, et pour l'écrivain sans succès le regret d'avoir raté des choses, là où la jeune surdouée réussit tout... mais cette jeune fille est-elle pour autant parfaitement heureuse de tout réussir sans vrai challenge ? On a également des portraits d'adolescents ou d'enfants confrontés à certaines réalités: brimades, études qui prennent le dessus sur tout, regard de la famille et des proches, difficultés à communiquer, amitié...

L'auteur parvient à brasser, même brièvement, un certain nombre de choses, et esquisse volontiers tout ceci dans des ambiances un brin différentes, alternant par exemple entre la nostalgie, la mélancolie, le surnaturel, ou même d'assez nombreuses petites notes d'humour décalé ou absurde ainsi que quelques légers clins d'oeil au manga ou au cinéma. Son trait, lui, reste souvent très simple, épuré au niveau des personnages, un peu plus varié dans les décors tantôt dépouillés tantôt un petit peu plus réalistes selon les récits. Dans tous les cas, Nishimura s'amuse avec les angles, les plans plus ou moins rapprochés, les niveaux de hauteur, et son trait pour installer un certain dynamisme dans ses compositions.

On aurait bien repris un peu de ce recueil trop court, qui possède un certain charme en dévoilant un artiste intéressant, comme sait souvent en trouver Le Lézard Noir. L'édition, elle, est dans les standards de l'éditeur avec un grand format sans jaquette ni rabats, un papier souple et sans transparence, une qualité d'impression convaincante et une traduction soignée signée Miyako Slocombe. A défaut d'avoir une petite présentation de l'auteur dans l'ouvrage, on trouve tout de même aussi deux jolies illustrations en couleur pour ouvrir le volume.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs