Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 12 Avril 2010
Après une longue parenthèse consacrée à Elia, l'auteur se consacre de nouveau au virus et au conflit opposant le Propater au Nomad.
Ce tome 9 débute sur une apparente mutation du virus... mais très vite, l'auteur passe à autre chose et on pressent que cela est fait exprès et que l'on aura des nouvelles du virus lors des prochains chapitres. Comme d'habitude, Hiroki Endo maîtrise son récit et sait où il va.
La majorité du tome est consacrée au conflit entre le Propater et des groupes dissidents.
Un groupe de la minorité Ouïgour a pris des fonctionnaires en otage, refusant tout fédéralisme imposé par le Propater. Leur dirigeante, Marie-Anne Ithak, refuse toute perte humaine : pas question de perdre ne serait-ce qu'un seul otage. Mais le Propater décide d'envoyer ses soldats d'élite pour mettre fin à la prise d'otages et de faire porter le chapeau au groupe dit terroriste en ne faisant aucune distinction dans l'élimination. C'est ainsi que l'on a de nouveau affaire à des scènes d'une rare violence et à la désillusion d'hommes et de femmes luttant pour leurs convictions. Alors qu'il semble ne plus y avoir d'espoir pour le groupe dissident, un membre du Nomad, déguisé en Ouïgour, révèle son identité et parvient à sauver Marie-Anne. L'on est guère surpris de revoir ce personnage, à qui l'auteur semble décidément très attaché. Le combat prend place sur un bon nombre de chapitres, tandis que la fin de tome nous présente Marie-Anne et le mercenaire du Nomad se réfugiant dans un village de la minorité Ouïgour.
La conduite du récit menée par l'auteur est passionnante et ancrée dans l'actualité (ce n'est pas un hasard, les opinions de Hiroki Endo ne sont pas étrangères aux sujets développés dans son manga). On s'aperçoit que les Ouïgours eux-mêmes ne sont pas d'accord sur la méthode à adopter pour faire face au fédéralisme et aux représailles anti-communautaires et anti-indépendantistes du Propater. De plus, l'auteur nous entraîne dans les rouages des hautes administrations dans un monde soumis au chaos après le virus. Russie, Chine, Union européenne, les politiques menées par ces forces à l'égard des minorités sont évoquées et tout paraît tout à fait réaliste. Un véritable manga d'anticipation, où l'auteur imagine ce que seraient les décisions des Etats dans des conditions extrêmes.
Dans un équilibre savamment dosé entre action et réflexion, l'auteur continue de surprendre, prouvant au lecteur occidental que parler religion et politique dans un manga d'anticipation est tout à fait possible. La critique tournant autour de la minorité Ouïgour, qui s'avère poussée, demeure l'aspect le plus remarquable de ce tome.