Ecole impudique (l') Vol.3 : Critiques

Harenchi Gakuen

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Avril 2017

Dans la complètement folle école impudique, où la notion même de morale ne semble pas du tout exister, le quotidien se poursuit avec ses nouvelles dérives. Ici, Godzilla à barbe veut se lancer dans la photo érotique et s'adresse pour ça à ses jeunes élèves. Là, un tournoi sportif a lieu, mais son objectif réel est on ne peut plus fourbe et immoral de la part des enseignants... Gô Nagai, comme toujours depuis le début de cette série, enchaîne les situations déviantes dans la joie et la bonne humeur, en plaçant souvent à l'origine des différents problèmes de moeurs ces chers profs inadaptés... Mais sont-ils le plus gros danger pour les élèves ? La suite va nous montrer que non, sur un tout autre ton.

En effet, la situation au sein de l'école impudique prend une tout autre tournure dès lors que le Centre national pour l'éducation du grand Japon (l'Education nationale, quoi), choquée par le niveau de débauche de l'établissement scolaire, décide d'agir... à sa manière, donc en prenant les armes, et en déclarant une guerre armée aux profs et à leurs élèves.

Ce passage est le plus long depuis le début de la série, en s'étalant sur plus de 250 pages. Et, tout en marquant la fin de la première grande partie de la série, il constitue surtout la plus célèbre étape de l'Histoire de cette série mythique au Japon. En effet, comme déjà dit dans une précédente chronique, Harenchi Gakuen/L'école Impudique, premier grand succès historique du Shônen Jump, n'a pas manqué, à l'époque de sa publication, de choquer les bien-pensants, et les associations de parents d'élèves en tête, à cause de sa totale liberté de ton. Souhaitant pousser la série à l'arrêt, Gô Nagai leur a apporté la plus cinglante et irrévérencieuse des réponses, en signant l'éradication de son école impudique par l'utilisation de ce qu'on lui reprochait : l'absence de morale et la violence.
Ce que l'on va suivre alors pendant plus de 250 pages n'est alors rien d'autre qu'un grand conflit dépassant à chaque fois un peu plus les limites de l'absurdité. Tout commence par des représailles de l'Education Nationale, des représailles armées, qui finissent pas impliquer les forces militaires du pays, tout ça pour une école. Mais le mangaka ne s'arrête pas du tout là, et de fil en aiguille les choses ne cessent alors de s'envenimer : la guerre se transforme en conflit mondial avec le soutien des écoles impudiques du monde entier, les explosions fusent... et la morale ne cesse plus de disparaître complètement dans le chaos de la guerre. Tandis que Yasohachi, Yagyû et les autres décident de se battre pour vivre et non par égoïsme, voici les plus petites classes d'enfants impliquées et massacrées sans état d'âme, les marchands d'armes à l'affût pour sponsorises le conflit en donnant des armes aux gosses, les bouchers, pompes funèbres, médecins et autres moines tous aveuglés par l'argent qu'il y a à se faire, les journalistes à la recherche de scoop et d'audience... Alors qu'on assiste littéralement à des scènes d'horreur et de massacre, Gô Nagai ne perd pas le nord et, plus que de parodier comme il l'a toujours fait les choses, dresse une réponse profondément rentre-dedans, cynique et pessimiste à ceux qui ont voulu pousser sa série à une mort prématurée et le priver de sa liberté de ton.

Et pourtant, l'humour est toujours là, s'immisçant constamment dans les pages, via les nombreuses réactions complètement décalées des personnages dans cette situation de guerre, ou via les apparitions de l'auteur qui se met en scène. Dans ce chaos ambiant, l'aspect graveleux est toujours de la partie avec ces gosses qui continuent leurs fantaisies lubriques en plein champ de bataille. Et à de nombreuses reprises, on ne sait pas sur quel pied danser, comme lors de cette scène absurde où un enfant, tout sourire, préfère directement s'enterrer vivant plutôt que d'attendre de se faire tuer. Il faut y voir un désir des personnages, et donc de l'auteur, de rester fidèle(s) à eux-mêmes (à lui-même) jusqu'au bout, malgré tout.
Même si l'humour est encore là, pourtant, les pages défilent en créant toujours plus une sensation de terreur, en voyant nombre de personnages que l'on a côtoyé pendant des centaines de pages "forcés" prématurément de cesser de vivre sr le papier. Difficile de ne pas ressentir quelque chose face au cri du coeur de l'attachant Ikidomari qui veut continuer d'exister, ou devant la détresse de la si mignonne Ayu qui a peur de disparaître.

"Les mitraillettes chantaient, et les enfants virevoltaient dans les airs au gré de leur mélodie..."

On peut évidemment voir en tout ceci une dénonciation violente de l'absurdité de la guerre et de la folie humaine, mais il faut aussi y trouver un réglage de comptes en beauté de Gô Nagai avec l'intolérance de ceux qui l'ont critiqué à l'époque et ont voulu limiter sa liberté de ton.

Après cette fin de première partie en apothéose, on se demande forcément ce qui nous attend dans la suite de la série... peut-être bien qu'un début de réponse s'est glissé dans le chapitre bonus du tome, qui nous offre la suite et fin du flashback sur Godzilla à barbe !

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs