Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 09 Avril 2015
Le nom de « Duel Masters » n’est peut-être pas évocateur au premier regard et pourtant, il s’agit bien d’une franchise qui a tenté de percé, en France, en 2004, mais qui a rencontré un succès mitigé et très éphémère. Originellement, Duel Masters est un jeu de cartes à collectionner fortement inspiré de Magic et qui engendra plusieurs séries animées ainsi que différents manga. Malgré un plan marketing judicieux en France qui tentait de proposer cartes et anime simultanément, la sauce n’a pas autant pris que sur Yu-Gi-Oh !, par exemple, puisque le jeu n’est plus édité dans nos contrées. Le pari de Tonkam était risqué, mais pas des moindres puisque Duel Masters Revolution se veut être un dérivé plus mature de la franchise.
Plus jeune, Mirai était passionné par le jeu de cartes Duel Masters, aussi appelé « Duema », et était même un très bon joueur. Mais ce goût lui est rapidement passé si bien que cinq ans plus tard, Mirai s’est désintéressé du jeu au point d’en oublier les règles et l’existence. Lorsque Manami, son amie, l’amène dans un centre de jeu de cartes, Mirai se reprend de curiosité par la pratique et part même déterrer une capsule dans laquelle il avait caché une carte dessinée par lui-même. Lorsque la créature de la carte apparaît en chair et en os devant lui, Mirai se rend compte que quelque chose cloche et, en effet, les ennuis ne sont pas bien loin.
Il était osé de la part de Tonkam de proposer un dérivé d’un jeu de cartes que beaucoup n’ont pas connu ou ont tout simplement oublié. Mais qu’à cela ne tienne, Duel Masters Revolution opte pour une solution radicale pour être accessible : Faire des parties de cartes un élément secondaire de l’intrigue. En réalité, tout ce premier volume (excepté les deux derniers chapitres) prend son temps à planter le récit et les personnages principaux. Les règles sont expliquées de manière très brève puisque le cœur du scénario est extérieur aux duels en eux-mêmes. A la place, les auteurs développent une intrigue puisant dans le fantastique et où les cartes ne sont qu’un outil pour faire apparaître des créatures puisque les vrais combats de monstres tournent autour de pouvoirs psychiques. L’histoire présente alors de nombreux mystères bien que typiques à ce genre de titre, car forcément, les détenteurs de pouvoirs sont forcément liés à un jeu de cartes. Une histoire classique, mais efficace et très originale pour ce type d’œuvre… Duel Masters Revolution est loin d’être dénué d’intérêt !
Les deux principaux personnages sont des archétypes des figures classiques. Le héros développant un pouvoir incroyable est une ficelle peu révolutionnaire, tout comme son amie d’enfance qui ne cesse de lui taper dessus n’est pas un schéma de personnalité qui surprendra. Pourtant, tous deux s’avèrent plutôt attachants et jamais désagréables bien que très classiques dans leur genre. En revanche, les figures plus secondaires ont de quoi surprendre entre le stalker complètement pervers et dérangé et l’amie d’enfance aux allures sweet-lolita qui manie une poupée désireuse de tronçonner ceux qui lui ont fait affront. Il est assez déstabilisant, mais bienvenu de trouver des personnalités aussi folles dans un manga comme Duel Masters, des figures que nous n’aurions jamais vues dans la série animée.
Mais là où le dessinateur Shinsuke Takahashi fait fort, c’est bien dans son style graphique. Artiste qui a signé quelques œuvres depuis 2008, il signe ici un trait extrêmement précis et détaillé, tout en se permettant une touche frivole qui ne cherche jamais à en faire trop. Les monstres sont parfois dégoûtants et d’autres fois terriblement classes tandis que les demoiselles se trouvent mignonnes à croquer et les psychopathes capables de donner des cauchemars aux enfants qui auraient vu le dessin animé d’époque. Tonkam a l’œil pour sélectionner des titres particulièrement beaux dans leur style, et Duel Masters Revolution ne déroge pas à la règle !
A ce propos, l’édition de Tonkam est sans réelle bavure outre quelques choix de construction de phrase qui manquent de pertinence. Les termes techniques semblent respectés et le tome est correctement imprimé, rien à redire de ce côté-là.
Lors de son annonce, Duel Masters Revolution pouvait constituer une énigme en termes de choix de la part de Tonkam. Et pourtant, la promesse est honorée : la série développe rapidement un scénario classique, mais efficace et intéressant qui ne nécessite pas vraiment de grandes connaissances du jeu de cartes, elle se voit même sublimée par un coup de crayon incroyablement détaillé, que nous n’attendions pas dans ce type d’œuvre. Composée de seulement cinq tomes, la série pourrait constituer une bonne petite série si l’intrigue suit, affaire à suivre donc…