Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 20 Octobre 2025
Alors que le groupe de Kikuyo et des autres a pris la route en espérant arriver à temps à destination et éviter le pire, Ryûnosuke, Bonzu et J, décidés à laver l'honneur et la mémoire de leur ami assassiné Tetsu, sont déjà sur place pour en découdre avec les frères CR-Lown, les deux chefs du gang qui dirige Shônan dans l'ombre. Et s'ils parvenaient à vaincre le cruel petit frère Mâbô et à obtenir sa repentance, il leur faudrait encore, ensuite, dénicher le grand frère King G, réputé encore plus fort... Alors, seront-ils à la hauteur ?
Evidemment, la réponse va se dessiner dans cet épais dernier tome dont les environ 250 pages sont très orientées action, pour un résultat très correct sur ce plan-là. Entre un Mâbo qui semble prêt à tous les coups fourrés pour profiter de la part de "candeur" de ses adversaires, et un King-G encore plus coriace mais ayant aussi sa part de dignité puisqu'il saura reconnaître la valeur de Ryûnosuke, loin des nombreux "imposteurs" ayant voulu s'en prendre à lui pour le prestige sans en avoir les moyens, on a deux derniers ennemis très stéréotypés dans leur genre respectif mais faisant plutôt bien leur office, surtout quand l'auteur les utilise pour mettre en valeur ce que dégage notre héros: Entre sa force mentale essentielle, ses raisons de se battre et le rendu de certaines techniques, à travers lui le mangaka met en lumière une certaine vision du karaté et de son essence... quitte à rester quand même dans une certaine naïveté qui pourra soit rebuter soit toucher, au vu de la façon dont le jeune garçon sait toujours se relever, dans cet ultime affrontement se déroulant à nouveau en bord de mer et à la faveur de la Lune.
Mais si la lecture reste globalement bonne, en profitant notamment très bien de la dynamique lancée par le poignant volume précédent, il faut avouer que l'oeuvre de Nagao conserve des limites, à commencer par l'impact plutôt inexistant des proches de Ryûnosuke: Bonzu fait quand même illusion grâce à ses moments d'action et à son rôle de soutien pour notre héros, en revanche on pouvait attendre des choses plus concrètes chez J qui a tant changé au fil des tomes, mais aussi de Kikuyo et des autres qui, bien qu'ayant été essentiels dans les avancées de Ryûnosuke, sont ici simplement relégués au rang d'observateurs passifs et admiratifs, à l'exception de quelques encouragement ayant de quoi revigorer notre héros. Et sinon, quid de Share-O, quatrième membre de la bande de J qui a disparu de la circulation ? Enfin, en plus d'un déroulement inévitablement prévisible dans ce dernier tome, on a une conclusion somme toute très précipitée et ne revenant malheureusement pas sur les autres aspects du récit.
Au bout de ce récit initiatique de karaté et d'émancipation souvent attachant et par moments doté d'une ambiance assez proche d'un Karate Kid, Kenichirô Nagao propose alors un volume final somme toute convenu, un brin frustrant sur quelques aspects et rapide dans son conclusion, ce qui ne l'empêche pas d'accomplir l'essentiel de par les évolutions et les valeurs transmises par Ryûnosuke et son karaté.