Dragon Head - Edition Graphic Double Vol.1 - Actualité manga
Dragon Head - Edition Graphic Double Vol.1 - Manga

Dragon Head - Edition Graphic Double Vol.1 : Critiques

Dragon head

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 18 Janvier 2017

Teru Aoki part en voyage scolaire avec son collège, mais lorsque le train passe sous un tunnel, un accident provoque l’effondrement des lieux et coûte la vie à l’ensemble des passagers… sauf Aoki. Isolé, sans ressources et sans contact avec l’extérieur dans la pénombre la plus totale, le jeune homme va devoir affronter ses peurs et ne pas sombrer dans la folie s’il veut s’en sortir. Mais avant tout, est-il vraiment le seul rescapé ?

Publié au Japon entre 1995 et 2001, Dragon Head est une série que l’on doit au talentueux Minetarô Mochizuki, auteur qui a récemment marqué par l’excellent Chiisakobé. Œuvres antérieures, Dragon Head fait dans des registres totalement différents de sa dernière série en date : la catastrophe et la terreur. En France, la série en dix tomes a connu un parcours assez atypique puisqu’elle fut publiée chez nous très tôt chez Manga Player, dans les années 90, avant de connaître différentes rééditions. Pour démarrer 2017 et saluer le regain de popularité de l’auteur, Pika remet la série aux goûts du jour avec une édition double via son label Pika Graphic. Avec l’équivalent des deux premiers tomes en un seul gros pavé, voilà de quoi se plonger efficacement dans l’horreur et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce premier volume y parvient très bien…

Sur ce premier opus, Dragon Head s’apparente à un récit horrifique mêlé à un soupçon de catastrophe, une œuvre où de jeunes gens sont soumis à l’angoisse et la folie après un accident qui a coûté la vie à tous leurs semblables. Sur le pitch très simple de la survie, un registre mille fois exploité dans le cinéma d’horreur, Minetarô Mochizuki montre qu’il a la capacité d’aller au-delà des choses et qu’à partir d’une idée simple et exploitée à de multiples reprises, il parvient à créer un récit à l’ambiance forte et au développement maîtrisé.

Dragon Head, c’est d’abord une horreur qui joue énormément sur son ambiance. Cela peut paraître simple étant donné l’intrigue efficace de base du récit, mais ce n’est pas directement à partir d’elle que le mangaka créé un climat d’angoisse de la première à la dernière page de ce premier volet. Si Minetarô Mochizuki s’avère aussi efficace dans sa manière de nous glacer le sang, c’est avant tout par sa maestria graphique. Dans Dragon Head (à l’instar de Chiisakobé parmi ses œuvres récentes), chaque plan est pensé et dessiné de manière à donner du sens à l’œuvre. Ici, il s’agit principalement de créer une ambiance et nourrir l’angoisse du lecteur. Pour cela, l’auteur comprend se craintes, il joue alors avec des plans larges, des environnements dévastés vides de vie humaine qui renforcent l’isolement du lecteur dans cet univers où survivent tant bien que mal quelques personnages. Difficile alors de ne pas se sentir concernés par la situation d’Aoki, la mise en scène permet même de vivre l’effroi au même titre que le héros, au point où l’impression est donnée que nous vivons le cauchemar qu’il subit dans la série.

Mais l’horreur est aussi psychologique et à ce titre, le mangaka dresse quelques portraits de personnages, des visions qu’a Minetarô Mochizuki de la survie en milieu sombre et isolé qui met à rude épreuve la condition humaine. L’auteur respecte alors le schéma classique des personnages dans ce type de récit, mais il va encore plus loin lorsqu’il s’agit de dépeindre la folie, la manière dont chacun peut perdre ses repères et se retourner contre les siens, une vision particulièrement marquée par le personnage de Nobuo, une raclure qu’on aura vite repéré, mais qui est la figure la plus passionnante à suivre là où Aoki pourrait se limiter au héros classique dans son rôle, dans ce premier opus.

Et en parallèle, l’auteur ne rate pas l’occasion de nous raconter une histoire captivante, celle d’individus cherchant à survivre et comprendre leur situation dans un monde dont ils ignorent tout. Car l’accident pourrait n’être qu’une étape tant, à plusieurs reprises, l’histoire met l’accent sur le reste du monde, monde dont les protagonistes sont coupés et qui pourrait très bien avoir basculé lui aussi dans le chaos. Une angoisse supplémentaire est alors générée par cet éventuel enjeu qui a aussi pour but de titiller notre curiosité, notre envie de découvrir la suite d’un récit qui pourrait bien raconter l’effondrement du monde. Il n’est donc pas évident de refermer l’épais volume, et ce malgré l’effroi procuré, car Dragon Head, par son ambiance, sa composition graphique et le potentiel de son récit, captive dès les premières pages et ce jusqu’à la dernière, l’attente de la parution complète de cette nouvelle édition nous apparaîtra donc bien longue…

Du côté de l’édition, Pika a fait un travail remarquable pour créer une édition luxueuse au récit de Minetarô Mochizuki, bien plus qu’une simple version double. Une page couleur, un grand format et un papier épais appuyé par une couverture souple, mais solide… l’ouvrage a immédiatement fière allure entre nos mains et ne fait qu’appuyer le plaisir de lecture. Afin de prolonger l’immersion dans Dragon Head, l’édition propose aussi d’intéressantes préfaces et postfaces écrites respectivement par Paul Pole, auteur américain de comics, et Sébastien Langevin, qui fut rédacteur en chef du magazine « Le Virus Manga », deux analyses intéressantes qui permettent de pousser notre compréhension de l’œuvre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs