Dracula - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 14 Janvier 2021

Bien qu'un peu plus discrète qu'avant, la collection des Classiques en manga des éditions nobi nobi! continue régulièrement de s'enrichir de nouvelles oeuvres, et a ainsi accueilli en fin d'année dernière une adaptation d'un roman fantastique devenu parmi les plus cultes: Dracula de Bram Stoker, initialement publié en anglais en 1897 et ayant, comme tout le monde le sait, permis d'installer durablement le mythe du vampire dans la culture populaire international, au gré de nombreuses analyses, interprétations et adaptations. Cinéma, théâtre, bande dessinée, musique, poésie... On ne compte plus les reprises fidèles et moins fidèle du roman de Stoker, sans oublier le nombre incalculable d'oeuvres vampiriques qui s'en inspirent de manière encore plus libre.

Conçue en 2019 pour Udon Entertainment (un studio collectif canadien inspiré par l'Asie), cette version manga de Dracula a été adaptée par Stacy King (qui avait déjà travaillé sur le manga Orgueil et Préjugés paru en France chez Soleil) et dessinée par Virginia Nitouhei (dessinatrice du manga ayant donné l'anime Isekai Izakaya, diffusé en France sur Crunchyroll).

Dracula est un roman riche, très riche, et le moins que l'on puisse dire et que les deux autrices cherchent du mieux possible à lui rendre honneur au fil d'une longue adaptation de plus de 360 pages, ce qui leur permet de jouer honnêtement, même si un peu en surface, sur les différentes thématiques du récit de Stoker, mais aussi de tâcher de soigner l'atmosphère spécifique de cette histoire, une atmosphère suscitant l'angoisse bien plus par l'ambiance que par l'horreur-même. Très longtemps, Dracula apparaît ici comme une figure insaisissable, dont les actes peinent à être compris... et quand ils sont enfin remarqués, il est généralement déjà trop tard, comme pour la pauvre Lucie Westenra.

Pour porter cette ambiance, Stacy King cherche à offrir une adaptation de l'histoire assez posée et méticuleuse, en n'oubliant pas même la part épistolaire du roman d'origine. Quant à Virginia Nitouhei, elle s'applique à proposer une copie visuellement très propre formellement, plutôt bien adaptée à un public relativement jeune puisque la violence est peu présente (il y a forcément un peu de sang et de corps meurtris, mais c'est raisonnable), et avec un soin suffisant accordé aux designs (plutôt fins) et aux décors et costumes d'époque. Est-ce alors une adaptation prenante ? Eh bien, pas à 100%, car à force de vouloir adapter méticuleusement et proprement le roman, les deux mangakas oublient parfois en route les éléments propres au manga. Ainsi, le rythme pèche parfois trop, les textes sont un peu plan-plan... et il faut aussi souligner le fait que, même si la dessinatrice s'applique dans ses designs, la plupart de ses personnages manquent un peu de présence sur le papier, de charisme, Van Helsing en tête.

On a donc, dans l'ensemble, une adaptation très appliquée, qui a de quoi permettre à un jeune public de découvrir dans de bonnes conditions la richesse et l'ambiance typiques du roman d'origine. Les deux autrices oublient parfois d'emballer un peu plus le récit, mais l'essentiel est largement assuré.

Qui plus est, les habituelles qualités d'édition de la collection des Classiques en manga sont toujours là: charte graphique typique et bien reconnaissable, aspect "beau livre" avec une belle reliure et un signet marque-page, présence de deux pages bonus présentant le romancier et son oeuvre... Saluons aussi la traduction très claire de Tomoko Seigneurgens, et l'adaptation graphique soignée de B.L.A.C.K. Studio.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction