Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Mars 2024
Depuis que leurs parents se sont remariés, Tamao et Ran entretiennent une relation pour le moins particulière. Tous deux se regardaient en secret jusqu'à maintenant, et les voilà à cohabiter après que le jeune homme ait surpris sa "soeur" en plein acte solitaire, sur son propre lit. Sans s'avouer leurs sentiments, les deux adolescents se laissent aller à leurs pulsions et à leurs libidos. Un jour, à l'infirmerie, ils sont épiés par Fuki Usui, une jeune fille timide qui s'est amourachée de Tamao, et qui observe leur intimité en se masturbant elle-même. À peine Ran partie, le garçon découvre la voyeuse, marquant le départ d'une autre relation qui prendra des allures toutes aussi particulières...
Difficile de se faire un avis fixe sur Double Play, en ce qui concerne le premier tome. Si on sentait une volonté de la part de Koji Murata de croquer l'adolescence dans toute sa complexité, dans ses contradictions, son intimité et parfois son absence de barrières, la filiation entre les deux protagonistes et la succession d'ébats coquins laissait davantage croire à un planning de fantasmes que le mangaka couchait sur papier. Avec ce second tome, la frustration est toujours aussi forte. Car derrière les belles idées dans les développements intimes et touchants de Ran et Tamao, la succession de fétiches (parfois douteuse) de l'auteur se confirme.
C'est par une nouvelle venue, Fuki, que la trame se renouvelle un tantinet. La demoiselle a droit à une entrée en scène tout aussi fine que ce qu'on connait de la série, puisque tout doit se faire par le prisme de la sexualité dans cette histoire. Pourquoi pas, l'idée étant de traiter une poignée de personnages lycéens dans la fleur de l'âge et hantés par leurs émois libidineux. Et forcément, la relation entre le héros et cette nouvelle venue ne tarde pas à virer dans de nouveaux rapports intimes très particuliers. On pourrait même dire que l'urine est un vrai fil conducteur, certes très étrange, de ce deuxième tome, tant Koji Murata ramène souvent le sexe au pipi dans cette suite. Entre un schéma pas très fin et cette tendance assez particulière, ce n'est pas l'introduction de ce nouveau personnage qui nous aidera à nous faire une meilleure opinion.
Et encore une fois, ce manque flagrant de subtilité est assez dommage puisque le mangaka montre clairement quelques idées de développement beaucoup plus habiles et sensibles. Le rapport au sport des deux protagonistes et les sentiments qu'ils ne se sont jamais avoués aboutissent à un vrai lien entre eux. En étant conciliant, on pourrait même accorder à l'auteur que leur rapport nouveau de frère et sœur contribue à créer une réflexion sur les limites morales que tendent à dépasser les deux personnages. Et même Fuki, le nouveau personnage introduit dans ce tome, a un caractère suffisamment touchant pour nous donner envie de la découvrir davantage. Malheureusement, ces points sont clairement anecdotiques, puisque le mangaka donne la priorité à l'exécution de ses fantasmes qui, pour ce volume, nous font réellement tiquer.
N'est donc pas Shuzô Ôshimi qui veut, puisque Koji Murata tombe dans les gros pièges de ce type de récit. Reste à voir s'il accordera plus d'importance au fond de son œuvre par la suite. Mais à moins d'être un réel fan de l'auteur pour sa série "Hana l'inaccessible", difficile de conseiller ce titre tant les titres mieux maîtrisés sur le sujet sont nombreux.