Dirty Elf Princess - Actualité manga

Dirty Elf Princess : Critiques

Ingoku no Sumeragi Dietlinde

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 07 Avril 2020

Après quelques reports et une absence totale de parutions depuis juillet 2019 (qui, pour rappel, fut une très bonne fournée avec des auteurs de qualité comme Myuuto Akatsuki ou des ouvrages assez originaux comme Make a Beautiful Sound), les éditions Hot Manga ont bel et bien fait leur retour en mars, dans cette délicate situation de confinement, avec quatre publications dont l'une marque le retour chez l'éditeur de Hajime Taira, auteur que l'on avait découvert il y a quasiment un an avec le controversé The Fall of Demon Princess, un titre qui jouait tout sur l'humiliation et la chute psychologique de son héroïne. Avec Dirty Elf Princess, récit d'environ 190 pages publié au Japon en 2016 aux éditions Kaiôsha (éditeur spécialiste des hentai immoraux) sous le titre Ingoku no Sumeragi Dietlinde, la jaquette parle d'elle-même: on prend la même recette et on recommence, grosso modo...

Ici, nous voici dons plongés dans un univers fantasy, au sein de l'Empire d'Elfinde, où Dietlinde Von Elge Elfinde, sublime, élégante elfe dans sang pur et petite soeur de l'Empereur, se voit octroyer le titre de "protectrice de l'Empire", après qu'elle a accompli de nombreux exploits, aux côtés des dix grands chevaliers de l'empire dont fait partie son amie Miriame Cutelia. Présent à la cérémonie, Ehrili Albrecht, grand chercheur de ministère de la magie, est éblouie par la beauté que cette noble ne peut que dégager sur lui, un roturier. Mais pendant que Dietlinde fait la fierté de tous, lui se retrouve soudainement muté, écarté du ministère auquel il avait toujours dédié ses recherches avec sérieux. C'est alors que, dans les archives du ministère, ses pas le conduisent jusqu'à la découverte des "vers lubriques", parasites créés par la magie noire il y a bien longtemps et dont l'existence a toujours été gardée cachée. Les particularités de ces parasites: ils se logent dans l'utérus des femmes et font naître en elle un désir compulsif et insatiable pour le sperme, substance dont ils se nourrissent. Jamais repus, ces vers libèrent toutefois, à chaque contact avec le sperme, une endorphine rendant ses hôtesses folles de plaisir, si bien qu'elles en redemandent de plus belle. Par vengeance, Albrecht met alors au point un plan visant à parasiter plusieurs femmes de la ville, quitte à s'en prendre aussi à Miriame, puis à faire sombrer dans les pires travers de débauche la si fière Dietlinde, tout en prétextant devoir faire des "expériences" sur elle pour trouver un remède à ce parasite... Après tout, que ne ferait pas Dietlinde pour sauver son peuple ?

Une chose qui serait presque étonnante à la lecture de ce one-shot, c'est que l'auteur s'applique réellement à concevoir un semblant d'histoire pour justifier ce qu'il met en scène, que ce soit le fonctionnement des vers lubriques, les raisons évoquées par Albrecht pour que Dietlinde accepte de se soumettre à ses "expériences", ou même la toute fin apportant des explications à tout ceci, explications aussi surprenantes que malsaines au vu du rôle qu'y trouve l'Empereur lui-même.

Mais à part ça, il ne faut pas s'y tromper: tout ceci n'est évidemment qu'un prétexte, certes assez élaboré, pour de Hajime Taira refasse dans sa spécialité, qu'il avait déjà montrée dans The Fall of Demon Princess, à savoir la chute psychologique totale de Dietlinde (et dans une moindre mesure de Miriame), qui finit par ne devenir qu'un pur jouet sexuel, un simple "objet" tout juste bon à recevoir des dizaines voire centaines d'hommes. Et une nouvelle fois, le mangaka s'applique pour décortiquer la manière dont Albrecht et ses acolytes brisent leur victime pour la mouler selon leur désir, en finissant par lui faire croire qu'au fond d'elle elle n'a toujours été qu'une masochiste et une traînée. A partir de là, c'est le déroulement jusqu'à des situations toujours plus humiliantes: viols plus ou moins camouflés, insultes, "murs à truie" où les femmes ne sont même plus considérées comme les humaines, sévices (comme la poire à lavement), tortures sous couvert de masochisme, prostitution, gangbangs, sexe forcé avec un animal... Taira fait toujours plus monter l'horreur de la situation, jusqu'à son dénouement.

Et une nouvelle fois, tout comme pour The Fall of the Demon Princess, soit ça plaira et évacuera des fantasmes malsains, soit ça horrifiera (personnellement, je fais partie de la deuxième catégorie). Mais objectivement, l'ouvrage fait le job: il tient assez bien la route dans son semblant d'histoire et dans son déroulement, et s'avère globalement plus qualitatif que son prédécesseur pour ses dessins toujours un peu rigides mais un brin plus nuancés et sensuels. Et puis, il est possible que les amateurs de ce type de hentai prennent plaisir à voir des elfes, êtres toujours présentés de manière si digne et fière, être brisées à ce point... Mais il reste malgré tout des limites à tout ceci: le caractère initial de Dietlinde n'est clairement pas assez exploité avant qu'elle n'entame sa chute, si bien que la demoiselle apparaît un peu fadasse, et ne parlons pas de Miriame qui, tout compte fait, finit par être quelque peu sous-exploitée. Enfin, visuellement l'auteur semble avoir un peu de mal à renouveler réellement ses designs (surtout les visages/expressions et les gabarits de ces demoiselles), et tend à être un brin répétitif dans ses angles de vue.

Côté édition, hormis quelques petites coquilles ayant échappé à la relecture, la traduction d'Yves Bohmler s'en donne à coeur joie et colle bien au contenu. La première page en couleurs est un petit plus toujours sympathique, et la qualité est au rendez-vous pour le papier et l'impression.
    

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction