Dilemma Vol.6 : Critiques

Tasuku a entamé un duel contre Kaito Hasegawa, un possesseur de gadget qui a imposé à son adversaire une partie de jenga impitoyable puisque les dégâts des gages subis par le joueur se répercutent sur une tierce personne… Yuzuru en ce qui concerne Tasuku. La situation semble critique pour le héros, à moins qu’une tactique lui permette de se sortir de ce faux-pas…

Avec son sixième tome, Dilemma se joue véritablement de son lecteur, et de bien bonne manière. Le début de cet opus laisse pourtant présager un volet très classique puisque la fin du duel de jenga contre Kaito prend une tournure tout à fait attendue, proposant un rebondissement comme les auteurs savent si bien les préparer pour clore la partie, un petit côté Yu-Gi-Oh ! qu’on ne manque pas d’apprécier, mais qui fait de moins en moins mouche, surtout quand le titre approche de sa conclusion et entretient encore de très nombreux mystères… Ce n’est pas non plus la séquence de transition du volume, centré sur la très mièvre relation entre Tasuku et Yuzuki, qui nous permet d’imaginer la tournure prise par la suite. Concernant cette idylle, elle nous confirme que la demoiselle est un personnage assez agaçant pour sa légèreté, là où Dilemma s’était souvent attardé sur des héros aux psychologies décortiquées et complexes.

L’un de moments tant attendus par les lecteurs arrive pourtant au cœur de ce volume, à savoir les premières révélations sur le passé de Yuzuru. Le mystère demeure, mais les pièces du puzzle commencent à se regrouper, apportant plus de clarté aux prémices de la série, mais aussi sur l’identité de l’antagoniste, que nous avons commencé à cerner dans le tome précédent. Reste que ces flashbacks parviennent à nous accrocher rapidement tant ils sont vecteurs de promesses et vu le nombre d’éléments à décortiquer, on en attend encore plus des deux derniers tomes !

Alors, le lecteur entame la dernière phase de cet opus en espérant découvrir un duel qui livrerait encore bien de secrets, et c’est précisément ici que Hajime et Tatsuya Tôji nous prennent à total contrepied. Sur une recette qui nous rappelle Pokémon ou Digimon, les deux auteurs livrent une version personnelle des gremlins, proposant comme nouvelle partie un combat de petits monstres, se développant et évoluant au fil du temps. La sauce est d’autant plus étrange qu’une vraie réflexion sur la notion d’être vivant nous est livrée ici : les deux créatures s’émancipent progressivement du simple rôle de gadget pour devenir des êtres vivants créés par la naturelle elle-même, une thématique qui renvoie alors aux propos tenus par le « Donneur », véritable ennemi de la série. Le tout est d’autant plus perturbant que Nougat et Menthe, les deux adorables monstres de poche de l’œuvre deviennent les principaux protagonistes et éclipsent littéralement ceux qui les entourent, nous éloignant totalement de l’important contexte dépeint jusqu’ici. On se questionne alors sur la phase finale de cette partie et l’impact qu’elle aura sur la finalité du récit, mais pour le coup, les auteurs se renouvellent avec brio.

Alors, c’est un tome tantôt classique, puis très surprenant, que nous proposent les auteurs. Dilemma s’approche de sa fin et on sent les révélations arriver progressivement, mais il est encore plus agréable de voir que les mangaka cherchent à sortir des sentiers battus par certains concepts. Plus que deux tomes, deux opus qu’on a hâte de découvrir.