Destination Terra Vol.3 - Actualité manga
Destination Terra Vol.3 - Manga

Destination Terra Vol.3 : Critiques

Terra e...

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Février 2022

De retour de sa mission à Nazca qui l'a en partie déstabilisé, Keith Anyan, l'agent prodige que l'on dit dépourvu d'émotions, s'apprête à être promu pour ses exploits. Mais sa convocation par Grand Mother, au quartier général de la défense terrienne, est aussi l'occasion pour lui d'insister sur certaines questions qu'il se pose toujours. En tête: su les Mu sont vraiment les ennemis des humains, pourquoi donc Mother n'a simplement pas bloqué leur naissance, et pourquoi l'intelligence artificielle contrôlant tout n'a-t-elle pas modifié l'examen de maturité qui est à l'origine de leur réveil ? Alors que le général obtient en partie des réponses, un message inattendu de Jomy Marcus Shin, le leader des Mu, parvient aux humains de Terra: les Mu sont de retour à Ataraxia, leur seconde patrie, avec la ferme intention de désormais atteindre Terra, afin de découvrir comment ils ont été engendrés par les humains et pourquoi les deux peuples devraient désormais se combattre. Mais si les Mu affirment ne pas haïr les humains, vouloir se comprendre et atteindre Terra qu'ils chérissent autant qu'eux, les humains, eux, toujours dirigés par l'implacable intelligence artificielle, ne l'entendent pas ainsi...

L'affrontement entre les Mu et les humains reste donc inévitable, et celui-ci va durer pendant quasiment tout le tome, pour une bataille de grande ampleur qui, entre l'espace et Terra, est menée de main de maître par Keiko Takemiya, la mangaka continuant de démontrer une intensité visuelle et des choix de découpages et de mise en scène audacieux et novateurs pour leur époque. Mais si le récit ne nous lâche jamais dans sa dimension de "space opéra d'action", c'est plus encore au niveau du travail des personnages et des thématiques profondes que l'autrice continue de bluffer, jusqu'au bout.

Côté développements et évolutions plus personnels de certains visages de l'oeuvre, c'est notamment à travers certains sacrifices tragiques et certains révélations attendues (entre autres, sur les circonstance de la naissance de Physis) que l'essentiel se passe, les introspections les plus marquantes étant peut-être à cherche en Keith, questionnant son hostilité envers les Mu, les manipulations de Mother et ses propres émotions face à certains coups durs.

Et à plus grande échelle, tout est prétexte pour que la mangaka peaufine ses sujets. On pense aux élans d'écologie, notamment à travers la beauté que Jomy découvre en Terra en l'atteignant, ou en l'idée forte que les humains ne doivent surtout pas répéter les erreurs du passé en recommençant à saccager la planète. Mais il y a aussi les questions des rapports entre des humains qui devraient tâcher de vivre en harmonie, de la vision néfaste des humains face à ce qu'ils considèrent comme étrangers et qu'ils ne maîtrisent pas (ici les Mu), des rapports complexes entre humains et machines, ou de tout ce qui peut faire l'humain (les émotions, l'intelligence, l'adaptation...).

Keiko Takemiya a, en plus, le grand mérité de ne pas céder à la facilité à l'issue de son oeuvre. Encore dotée de quelques révélations importantes et imprévisibles et de derniers rebondissements marquants, la dernière ligne droite n'idéalise pas les choses, histoire d'offrir un résultat final plus marquant encore, tandis que l'épilogue se veut assez symbolique et intelligent dans sa tournure.

On referme alors Destination Terra... avec une entière satisfaction. Celle d'avoir suivi une fresque futuriste poussée et intelligente mais également soignée dans son sens du divertissement. Mais aussi celle d'avoir enfin découvert en langue française un monument du manga de science-fiction qui fut un pilier fondateur et qui n'a vieilli en rien. Qui plus est, malgré quelques nouvelles petites coquilles d'inattention dans les textes, l'édition de naBan reste, jusqu'au bout, soignée et pleine de bonne volonté. Mention spéciale aux galeries d'illustrations couleur qui, à la fin de chacun des trois tomes, auront été un régal.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs