Dédale Vol.2 : Critiques

Prises au piège dans un gigantesque monde labyrinthique et défiant toute logique, Reika et Yôko, à forcer d'errer et d'expérimenter les spécificités de cet étrange territoire, finissent par en cerner petit à petit certaines choses, aidées par l'énigmatique Tagami qui leur apporte certains conseils tout en se gardant de tout révéler, pour des raisons mystérieuses.
Après avoir récupéré la console et la manette comme demandé par Tagami, les deux étudiantes apprennent à ouvrir une sorte de portail, qui leur sera fort utile pour arriver jusqu'à l'autre face de ce monde, qui ressemble étrangement à leur réalité. Yôko y retrouve même Akira, son petit ami... Mais est-ce bien le monde réel ? Que cache tout ceci ?

Après un premier volume d'une inventivité folle, Dédale se poursuit sur les mêmes bases en voyant les héroïnes explorer et exploiter les différentes spécificités et failles de cet univers étrange afin de progresser vers la vérité. Et c'est une nouvelle fois un régal d'originalité, tant Takamichi fait passer ses personnages par toutes sortes d'expérimentations rappelant souvent l'univers d'un jeu vidéo où l'intérêt serait d'exploiter les bugs pour s'offrir de nouvelles possibilités. Le concept du portail, entre autres, arrive à point nommé pour relancer les choses, Reika s'en servant avec malice autant pour se déplacer et atteindre des lieux normalement difficiles d'accès, que pour combattre la menace des braconniers. On disait, dans la chronique du tome 1, penser beaucoup au jeu vidéo Portal, et c'est encore plus le cas ici.

Au fil de ces nouvelles "expériences", l'histoire avance vite et bien, restant claire et sachant distiller avec parcimonie ses informations et rebondissements. Toujours bien rythmée, l'oeuvre s'avère finement pensée d'un bout à l'autre, tant les différentes pistes ne sont pas oubliées. Les personnages ont droit à un travail minimal, mais suffisant qui permet de bien les comprendre, à l'instar de Yôko, de son refus de changer le physique qui est le sien et qu'elle assume très bien (elle ne serait pas elle-même sans ce physique), et de son rattachement au monde réel via son petit ami Akira. Et l'on appréciera que certaines interrogations plus secondaires (comme la raison faisant que Tagami se refusait à tout révéler franchement) trouvent elles aussi leur explication.

Mais ce que l'on retient aussi de cette lecture, c'est l'originalité et le côté captivant d'un personnage en particulier, celui de Reika. Tandis que Yôko aimerait surtout retrouver le monde réel et Akira, sa comparse, elle, semble se plaire toujours plus dans cet univers où elle peut pleinement exprimer toutes ses facultés d'adaptation, d'analyse de la situation, et son profond désir de liberté. Elle qui se sentait à l'étroit dans le monde réel, souffrait d'un manque de possibilités, et était devenue débuggeuse pour explorer ce que le monde réel ne lui permettait pas de faire, trouve en cet univers étrange chaussure à son pied, se fond totalement dans celui-ci, le comprend. Portée par son don pour inventer de nouvelles possibilités, de nouvelles issues, elle va jusqu'au bout, armée de son indéfectible enthousiasme qui est une véritable marque de fabrique de la série. Et si bien qu'avec logique, on voit se dessiner peu à peu la meilleure fin, le meilleur choix final possible pour elle. Mais celle qui était si solitaire dans le monde réel a aussi, désormais, une amie qui la rattache encore un tant soit peu à la réalité, en la personne de Yôko.

Au bout du compte, difficile de trouver quoi que ce soit à redire de cette courte expérience de deux tomes, pépite d'inventivité exploitant à fond son concept, maîtrisé de bout en bout, visuellement impeccable, dotée d'une ambiance unique, et portée par un duo d'héroïnes captivant. Une excellente surprise, totalement unique, à essayer les yeux fermés !