Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 27 Août 2024
En laissant derrière eux la petite Konomi qui (heureusement) reste quand même sous bonne garde, Kunoji et Yûshin ont temporairement quitté le 6e district pour s'élancer à la poursuite de Sakurai, médecin et meurtrier qui est sur le point d'échapper à sa sentence et de connaître une nouvelle vie grâce aux agissements de "l'Eglise" et de "grand-mère", sa dirigeante. Malheureusement pour les deux hommes qui se sont récemment associés, la situation menace de partir en vrille: Kunoji voit son temps diminuer à toute vitesse si bien qu'il ne lui reste désormais que quelques minutes avant de mourir, tandis que Yûshin commence à douter du bien-fondé de son travail et de sa justice... A l'arrivée, quel sort attend les différents personnages ?
Occupant l'intégralité de ce troisième et dernier volume, l'affaire Sakurai a au moins un mérite: divertir assez facilement et ne jamais ennuyer, grâce à un rythme qui reste très soutenu, à pas mal de rebondissements entretenant suffisamment le suspense (surtout, à quelques reprises, autour de la survie ou non de nos héros), et au travail visuel de Masaki Nonoya qui, pour compenser l'aspect assez classique de ses séquences de combats, peut compter sur la densité de ses planches où elle offre pas mal de vivacité, d'expressivité et d'intensité à la fois dans les designs et dans les décors.
Là où le bât blesse, c'est sur tout le reste, à commencer par une évidence que l'on sentait largement venir: ce volume a beau être plus épais avec ses 250 pages et quelques, à l'arrivée on a tout au plus une fin d'arc, mais absolument pas une véritable conclusion. La scénariste Yasuko Kobayashi se contente de régler l'affaire Sakurai, tandis que tous les enjeux plus amples restent en plan, en tête les questionnements sur le bien-fondé du 6e District et, surtout, le sort de la petite Konomi au sein de ce lieu sordide. Ce dernier point est d'autant plus frustrant que, plus tôt dans le volume, l'autrice a accentué cet enjeu en révélant, via la découverte (trop) rapide du passé de Kunoji, l'avenir que le bourreau souhaite offrir à la fillette, pour finalement ne rien faire de cette piste majeure. Un autre problème vient du fait que les mangakas confondent régulièrement rythme soutenu et précipitation, car dans ce volume beaucoup de choses vont très, très vite au point de franchement peu interpeller dans leurs enjeux. Un cas bien représentatif de ce souci: les personnages secondaires comme Coel, Mario et Gorgenoire, autour desquels Kobayashi tente d'intriguer un peu, avant de tout rusher et tout bâcler et de finalement très peu nous intéresser sur leur sort, dans la mesure où ils manquent tout compte de fait de développements. Enfin, l'ultime souci est que, tout simplement, l'ensemble reste mal écrit: les quelques possibles réflexions autour de la justice restent trop lisses, sans la moindre nuance et parfois contradictoires, les changements de comportement du duo principal sont un peu décousus, les personnages secondaires (Sakurai en tête) apparaissent caricaturaux... Mieux vaut, alors, se contenter de l'aspect divertissant et éviter de se poser trop de questions face à ce scénario qui s'embourbe.
A l'arrivée, cela se sentait venir au vu de la brièveté de la série par rapport à l'univers installé: Yasuko Kobayashi se viande dans les grandes largeurs au fil de ce dernier volume de Danzai Lock. Restent le rythme et le travail visuel de Masaki Nonoya qui assurent un minimum le divertissement, à condition toutefois d'accepter les nombreuses limites et l'absence de vraie conclusion.