Dangerous Teacher Vol.1 : Critiques

Nase Yamato aime décidemment bien placer un peu de douceur dans ses yaois, en y parsemant des enfants de ci de là. En effet après le très bon « Lovely teachers », qui explorait la dimension taboue de l’homosexualité dans le contexte de deux professeurs, l’auteur revient sur son sujet de prédilection, du moins dans ce qui est paru en France. Ici, c’est entre un professeur et un parent d’élève qu’un amour se crée, pas forcément dans les meilleurs hospices. En effet, Ibuki est un ancien chef de gang violent et impitoyable reconverti en professeur qui se veut exemplaire. Koki, père célibataire d’un petit Yuki, le connaissait auparavant et peine à croire de ce changement soudain de personnalité. Lui-même a eu un passé tumultueux, père à 19 ans, divorcé deux ans plus tard et ayant seul la responsabilité de son fils, même si ses beaux-parents essayent de l’aider. En Ibuki, il voit avant tout un mauvais professeur qui a gardé ses instincts sadiques et son attitude menaçante de quand ils étaient camarades de classe. De son côté, Koki est un peu irresponsable, trop jeune pour être père et souvent incertain, mais surtout dépendant de son fils qui fait tout pour ne pas causer de souci à son papa. Et c’est peu à peu que, étrangement, Koki retrouve Ibuki deux fois par semaine pour boire un peu et devenir « amis ». Du moins le croyait-il ... Mais pourquoi Ibuki se montre-t-il de plus en plus proche, entreprenant et insistant ? Au final, est-ce qu’il est gentil ou un véritable sadique comme le souvenir que Koki en avait ?

Les caractères des personnages principaux n’ont rien de bien original, si ce n’est qu’Ibuki est plus maladroit qu’on le pensait, lui qui ne sait pas vraiment comment montrer ses sentiments. Il est intéressant d’observer un phénomène redondant dans le yaoi : notre seme a tout le temps beaucoup de désir pour son partenaire, tandis que Koki se satisfait de peu, et encore, seulement si l’amour est de la partie. Pour ça, les scènes de sexe sont plutôt réussies avec une attention particulière aux intentions des personnages, notamment Ibuki qui ne prend pas vraiment son temps. On sent le désir de ce dernier, mais aussi les besoins de Koki. Et au-delà de cette dimension, les sentiments sont plutôt longs à se développer et l’auteur arrive, en un tome, à garder une certaine cohérence et à créer une certaine progression dans la relation de ses personnages. Le statut de père de Koki apporte réellement quelque chose au manga, une dimension réaliste et sincère qui nous plait pas mal, surtout quand il fait passer Yuki avant le reste. Dommage que la couverture ne nous séduise pas vraiment, Koki y faisant vraiment très jeune, trop chétif pour son partenaire. Notre seul regret, le manque de nuances dans le visage d’Ibuki malgré ses attentions et ses gestes, son expression restant très figée. Les petits bonus sont très sympathiques pour approfondir les caractères et les situations, pour ajouter un peu de comique véhiculé au départ par la relation attendrissante entre Koki et son fils.

C’est un dessin qui pourra paraitre froid au premier abord qui accompagne le très bon récit de Dangerous teacher. Les traits sont nets, très coupés et arrêtés, les visages un peu figés et les courbes trop parfaites. La moindre expression de gêne, de colère ou d’émotion prend alors tout son sens, et c’est là où les graphismes prennent leur importance. De plus, cette rigidité, notamment chez Ibuki, est contrebalancée par la douceur des enfants, qu’on a peu l’habitude de voir représentés dans les yaois. La fraicheur de leur regard rend le tout plus vivant, et les arrières plans ainsi que le découpage dynamique forment un tout très satisfaisant. Au niveau de l’édition, c’est une couverture sympathique qui nous accueille, avec une traduction adaptée, et seules quelques onomatopées dérangeantes se baladent de ci de là. En somme, c’est un bon moment de lecture que nous offre ici le manga de Nase Yamato, par la confirmation de son talent auparavant découvert dans le magazine BexBoy d’Asuka et dans la courte série Lovely Teachers.

NiDNiM