D-Medal : Critiques

Sorti au Japon en 2015 chez l'éditeur ti-net après une prépublication dans le magazine Comic Mugen Tensei, et en France chez Hot Manga en février dernier, D-Medal est une histoire s'étalant sur six chapitres pour un total de pas moins de 160 pages, et est la toute première publication française d'Ashiomi Masato, mangaka aussi connu sous le nom Tokihara masato, membre du cercle de doujinshi Mushiringo, et dont la carrière professionnelle dans le hentai dure depuis désormais un peu plus d'une quinzaine d'années.

On suit ici Akikane, un jeune garçon qui, comme pas mal de gens de son âge, est un peu pervers et a tendance à reluquer les autres filles, quand bien même il a une petite amie adorable et vraiment aimante en la personne de Mashiro, jeune fille sportive, un peu timide, sérieuse... mais peut-être un peu trop au goût de notre héros puisque, encore et toujours, elle repousse ses tentatives d'enfin passer à l'acte. Alors peut-être qu'Akikane finira par aller voir ailleurs d'une étonnante manière ?

En effet, un beau jour, un mystérieux antiquaire propose de lui vendre une boîte contenant un certain nombre de médailles qui sont censée avoir un pouvoir pour le moins spécial: il suffit de donner l'une de ces médailles à n'importe quelle fille pour qu'elle cède avec plaisir (du moins en apparence) à toutes les faveurs sexuelles demandées. Akikane a beau acheter la boîte, il n'y croit pas vraiment, d'autant que Mashiro elle-même est insensible à ces médailles. Et pourtant, dès lors que cet étrange pouvoir lubrique fonctionne sur une autre demoiselle, notre héros cède à la tentation: c'est décidé, il profitera de ses médailles pour, jour après jour, s'envoyer en l'air avec toutes les beautés de son établissement scolaire ! Mais la recherche de ce plaisir facile risque fort d'avoir un prix bien plus élevé qu'Akikane ne le pensait, et il l'apprendra à ses dépens... Car que peut-il bien se passer une fois que toutes les médailles ont été utilisées ?

L'auteur nous fait donc ici le coup classique du gars libidineux qui, par la force d'un artifice surnaturel, trouve le moyen de faire craquer pour lui toutes les jolies filles de son entourage en vue d'une succession de rapports charnels où il se fera bien plaisir. la recette n'est pas nouvelle du tout, mais nous allons voir ici qu'Ashiomi Masato cherche à la développer un peu plus profondément que d'habitude.

Ainsi, on peut dire que l'oeuvre se divise en deux partie bien distinctes de longueurs à peu près égales, la première d'entre elles voyant Akikane enchaîne les "conquêtes", multiplier les parties de jambes en l'air avec la moindre fille qui lui plaît... et il y en a beaucoup ! C'est peut-être là l'un des principaux petits points faibles de l'oeuvre: il y a tellement de filles que les scènes coquines restent très rapides. Néanmoins, cette rapidité colle bien au côté machinal que finit par avoir le jeune en enchaînant à rythme soutenu les coïts, et cela n'empêche as au mangaka de croquer des héroïnes toutes bien différentes autant en loisirs qu'en physique, de la mignonne et un peu réservée fille du club radio à la nageuse athlétique en passant par la sérieuse présidente des élèves, la populaire idole du bahut, les deux cheerleaders, la prof étrangère, l'infirmière... Mais ce qui nous intéressera peut-être le plus est, de façon quelque part très étonnante pour un hentai, l'écriture de toute cette partie, puisque la narration passe ici beaucoup par un Akikane racontant cette expérience visiblement passée et ne cessant de se dévalorisé, disant qu'il a été une belle ordure, qu'il était arrogant, qu'il était un horrible garçon méritant d'être puni... Alors, que lui est-il arrivé une fois toutes ses médailles utilisées ?

La réponse occupe l'essentiel de la deuxième moitié du récit, en plaçant de façon assez maligne notre héros dans la même posture que toutes les filles à qui il a fait l'amour de manière finalement forcée, afin qu'il comprenne bien quelles horreurs il leur a en réalité fait subir... Enfin, ça, c'est au départ, car assez vite le mangaka perd un petit peu de vue cette idée, entre le personnage principal qui se met à ressentir beaucoup de plaisir dans sa nouvelle situation où un peu tout le monde le viole, et le fait que toutes les filles qu'il a baisées oublient comme par enchantement ses méfaits. Le héros n'est pas si puni que ça, finalement (on reste dans un hentai après tout, il ne fallait probablement pas attendre trop de réflexion)... mais une chose est sûre: il ressort de tout ça changé, en ayant conscience de ses erreurs et méfaits, en les regrettant amèrement, et surtout en prenant bien conscience que le véritable amour a toujours été là, juste à côté de lui, en la personne de l'adorable et franchement craquante Mashiro. L'auteur n'oubliera d'ailleurs pas d'expliquer pourquoi les D-medals ne fonctionnent pas sur tout le monde, ce qui symbolisera bien tout l'amour véritable que Mashiro porte à son imbécile de petit ami. Et c'est même sur une conclusion assez douce, belle et positive que s'achèvera ce récit.

A contrario de l'histoire courte "Loveless Labyrinth after flower" venant compléter le livre et s'avérant bien trop brouillonne et expéditive pour convaincre (pourtant, il y avait une bonne petite idée fantaisiste dedans), D-Medal se révèle être un hentai de qualité dans l'ensemble, non seulement parce que la palette d'héroïnes est assez variée et charmante malgré le peu d'apparition de la plupart d'entre elles, mais aussi et surtout parce que l'auteur, même si c'est un peu maladroitement par certains aspects, essaie d'aller plus loin qu'à l'accoutumée dans un concept de base souvent exploité dans le genre.

Qui plus est, l'édition française s'avère à la hauteur pour les raisons habituelles: grand format, bonne qualité de papier et d'impression, première page en couleurs... mais on saluera plus particulièrement la très bonne traduction de Jean-Baptiste Bondis, rendant honneur à l'aspect scénaristique plus travaillé que la moyenne du genre.