Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 04 Juillet 2025
En s’en prenant à la bande à Bandô, Harumichi Bôya a totalement secoué l’équilibre en place à Suzuran ! Voyant que ses sbires tombent sous les coups du nouvel élève, même en s’y mettant à plusieurs, Hideto Bandô fait exploser sa colère et décide de régler les choses lui-même. Pourtant, le chef de la faction souveraine du lycée n’est pas l’élève le plus puissant. Le titre revient à Lindaman, et ce dernier attire la curiosité de Bôya…
Passé quelques premiers chapitres qui pouvaient sembler hésitants, Crows aborde un premier conflit sérieux entre le désinvolte Bôya et Bandô, chef d’un groupe présenté comme le plus puissant de Suzuran à l’heure actuelle. On trouve un certain plaisir à voir ce héros, véritable électron libre, à mettre en déroute un groupe de durs à cuire dont la lâcheté est parfois l’ultime rempart pour vaincre cet adversaire sorti de nulle part. Puis vient une surprise, celle de voir la confrontation se conclure assez rapidement. Hiroshi Takahashi nous amène le face-à-face attendu bien plus tôt que ce qu’on aurait pu croire, et celui-ci ne s’étale même pas dans la durée. Pourtant, c’est à travers lui que des valeurs morales commencent à imprégner le récit, à la manière d’œuvres telles que Rokudenashi Blues qui nous emportent par leurs élans parfois nobles et chevaleresques. Difficile donc de voir une quelconque déception dans la fin de cet épisode centré sur la bande à Bandô !
Dans un deuxième segment, plus fourni, le récit s’attarde sur une autre des exceptions de Suzuran : le colosse Lindaman. Pour un lecteur qui ne connaissait la saga que par le biais de ses adaptations live jusqu’à présent, c’est un vrai pan de la mythologie Crows qui se dévoile. Dans les films de Takashi Miike, Lindaman brillait par sa solitude et sa puissance. Le voir mis à l’honneur et développé avec insistance donne un côté merveilleux à la lecture. On apprécie voir le personnage si creusé, preuve que le récit de Hiroshi Takahashi est bien lancé. Par ses personnages bagarreurs et hauts en couleur, il aborde des sentiers plus intimes et humains, une noirceur qui tranche avec le cartoonesque qu’apportait Bôya lors de son introduction. Le fond est donc plus riche, mais aussi plus subtil, donnant une lecture convaincante de bout en bout.
La formule s’accompagne du sens du rythme toujours pêchu de l’auteur ainsi que sa narration extrêmement dynamique et exemplaire. Sur ses deux premiers opus, Crows s’est imposé comme un récit vif et dont la fluidité en fait un véritable page-turner. On se surprendra même à déguster aussi rapidement ces opus un peu plus épais que la normale (plus de 220 pages pour ce deuxième tome), et on en redemande volontiers. Assurément, l’attente entre deux tomes sera ardue !