Cri du Kujima (Le) Vol.1 - Actualité manga

Cri du Kujima (Le) Vol.1 : Critiques

Kujima Utaeba Ie Hororo

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 09 Février 2024

Cette semaine, le catalogue du Lézard Noir a accueilli une nouvelle tranche de vie légèrement atypique: Le cri du Kujima, toute première série de la carrière d'Akira Konno. Vouée à s'achever très bientôt au Japon avec son cinquième volume, cette série a été lancée là-bas en 2021 dans les pages du Gessan des éditions Shôgakukan, magazine mensuel dérivé du célèbre Shônen Sunday et dont proviennent des oeuvres comme Quand Takagi me taquine, MIX, Dai Dark ou encore Pseudo Harem.

Tout commence par une première page qui donne d'emblée le ton, quand Arata Kôda, un élève en première année de collège, tombe sur une scène insolite un beau jour d'automne: au pied d'un distributeur automatique, une drôle de bestiole est en train de ramper dans l'espoir de récupérer quelques pièces égarées. Quand celui-ci se relève, on découvre, en même temps que le jeune collégien, un être assez indescriptible, ressemblant un peu à un manchot mais en beaucoup plus grand, beaucoup plus mince, beaucoup plus longiligne, et capable de parler le japonais et le russe. Loin de se laisser effrayer par par cette situation peu banale, Arata entame avec cet être une discussion qui semblerait presque banale, au bout de laquelle l'adolescent invite son interlocuteur à venir manger chez lui puisqu'il semble affamé. L'adolescent n'a encore aucune idée, à ce moment-là, que ses parents vont eux aussi accepter sans préjugé l'étrange créature, et qu'ils accepteront de l'héberger pour quelques mois, en attendant que le printemps revienne en permettant à Kujima, puisque c'est son nom, d'enfin rentrer chez lui, en Russie, auprès du vieil homme qui l'a élevé.

Le cri du Kujima est donc, avant tout, une tranche de vie jouant sur le décalage humoristique et qui le fait sur une tonalité assez flegmatique, à l'image de cette rencontre presque "banale" des premières pages, ou encore de la page d'ouverture du chapitre 1 où Konno nous propose une sorte de photo de famille où la silhouette de Kujima se présente à côté des Kôda comme si tout était normal. A partir de cette situation de départ faisant esquisser un sourire, Akira Konno va alors, à chaque chapitre, mettre en scène un nouveau moment du quotidien atypique d'Arata, de ses proches et de Kujima dans une ambiance assez pince-sans-rire, puisqu'on a droit ici à un dessin assez réaliste dans les designs, en retenue dans les expressions, et souvent très posé dans un travail de découpage narratif des cases millimétré. En tout cela, ce début de série nous rappelle un petit peu le style d'humour d'une série comme Hoshi dans le jardin des filles, si bien qu'on ne s'étonnera pas vraiment de voir que cette oeuvre a elle aussi atterri dans le catalogue du Lézard Noir ! Et il faut bien avouer que, quand on aime ce genre d'humour, il y a des petits moments qui valent leur pesant d'or (mention spéciale à une scène où Kujima se remémore des paroles visiblement précieuses de Maxim en russe, paroles dont on ne connaîtra jamais le sens).

En s'appuyant sur ce style maîtrisé dans son genre, Akira Konno n'a plus qu'à déballer des premières situations assez simples, mais efficaces puisqu'elles amènent peu à peu tout un petit background. En premier lieu, autour de Kujima et d'Arata, on découvre quelques autres personnages: le vieux Maxim qui est évoqué plusieurs fois sans qu'on le voie puisqu'il est en Russie, les parents Kôda qui ont vite et bien accepté la situation sans jugement, le grand frère Suguru qui reste enfermé dans sa chambre depuis son échec au concours d'entrée à l'université et qui ne supporte pas que Kujima fasse trop de bruit, l'amie d'enfance Makoto qui est l'une des seules dans la confidence de l'existence de Kujima... tout ceci amenant aussi certaines autres choses: des interrogations sur ce qu'est exactement Kujima et sur ce qui se passerait si d'autres personnes apprenaient son existence, le fait que l'étrange être amène un peu guetter dans la demeure familiale qui était devenue pesante depuis l'échec de Suguru au concours, et la naissance d'une réelle amitié entre les deux personnages principaux, ce qui se ressent très bien pendant le dernier chapitre du tome.

Au bout du compte, ce premier tome se révèle assez enthousiasmant. Sur des premières situations souvent simples mais bien exploitées, Akira Konno installe une tranche de vie comique assez atypique et prometteuse, en pouvant notamment s'appuyer sur son sens du décalage et sur un travail de narration visuel bien réfléchi. On se demande bien jusqu'où l'oeuvre pourra nous mener sur ses quatre tomes suivants, mais une chose est sûre: on sera au rendez-vous pour le découvrir !

Du côté de l'édition, on est dans les habitudes du Lézard Noir avec un grand format sans jaquette ni rabats, une couverture sobre et très proche de l'originale japonaise, un papier souple et assez opaque permettant une qualité d'impression très satisfaisante, un lettrage très propre, et une traduction soignée de la part d'Alexandre Fournier, traducteur désormais habitué à ce genre d'oeuvre puisqu'il est aussi à la traduction de Hoshi dans le jardin des filles.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs