Crazy Fruits - Actualité manga
Crazy Fruits - Manga

Crazy Fruits : Critiques

Rakka

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Avril 2020

Active au Japon dans le milieu professionnel du manga depuis 4-5 ans, akabeko est une mangaka qui a déjà plusieurs publications papier à son actif dans son pays, exclusivement dans le registre du boy's love, et chez différent éditeurs. Néanmoins, c'est le mois dernier, en mars 2020, qu'on a pu la découvrir pour la première fois dans notre langue avec Crazy Fruits, recueil de 3 histoires sorti au Japon en février 2018 sous le nom Rakka aux éditions Shodensha.

Offrant son nom au livre, la première histoire compte une trentaine de pages et nous plonge au sein d'une maison de prostitution masculine, où la star est le dénommé Ringo, jeune garçon dont le succès a fait exploser le nombre de clients réguliers... quand bien même le bonhomme montre un caractère capricieux et arrogant: il n'hésite pas à rejeter les clients qui ne lui plaisent plus même s'ils lui montrent de l'affection, et prend tout le monde de haut, y compris Ôkura, un homme embauché là comme garde, et qu'il envoie paître quand il lui propose de le raccompagner pour le protéger. Hélas, Ringo aurait peut-être mieux fait d'accepter la proposition d'Ôkura, puisque le soir-même l'une de ses anciens clients, qu'il a rejeté alors qu'il était pris de passion pour lui, l'agresse au couteau et le défigure à tout jamais. Dès lors, la popularité de Ringo au bordel chute, les autres se fichent de lui et lui renvoient l'arrogance qu'il a si longtemps montré et dans laquelle il continue de s'enfermer, comme une carapace proche d'éclater. Ringo voit le désespoir le guetter. Pourtant, il y a encore, en Ôkura, un homme prêt à l'accueillir et à lui montrer de la bienveillance...

La deuxième histoire, s'étirant sur deux chapitres et une grosse soixantaine de pages, est présentée comme un spin-off de la première car elle se déroule aussi dans une maison de prostitution, mais en réalité les personnages sont différents. Prostitué plutôt populaire et réputé pour son endurance ainsi que pour son côté dominant, un homme est, un jour, chargé de s'occuper de Leo, un jeune hôte d'un club voisin, à la base hétéro, mais envoyé là par ses collègues hôtes en guise de punition. Le prostitué a beau être dégoûté par les méthodes de ces hôtes, on l'a payé pour ça, donc il s'exécute à sa tâche avec application, quand bien même Leo essaie d'abord d'atténuer sa sentence. Pourtant, au bout du compte, après un lavement douloureux et surtout un massage de la prostate au plaisir intense, le jeune puni ressort de cette expérience sans plus jamais pouvoir l'oublier. Quelques années plus tard, il y pense toujours, mais n'a jamais pu revoir cet homme car il a quitté la maison juste après. C'est alors que tous deux se recroisent par hasard...

Enfin, la dernière histoire, qui fait la même longueur que la première, change complètement de cadre en nous immisçant auprès de Banzai, un quarantenaire dont l'épouse est définitivement partie il y a quelque temps. Ils se disputaient parfois, ils ne parvenaient pas à avoir d'enfant... Depuis, le quadra déprime à petit feu. Du moins, jusqu'au jour où, en faisant appel à une agence de nettoyage, il voit arriver chez lui Chiaki Minami, un jeune employé qui n'a peut-être même pas la vingtaine, et qui se révèle particulièrement attentionné et gentil, allant même jusqu'à proposer de lui faire à manger. Les séances de nettoyage de Chiaki chez Banzai deviennent régulières, les deux hommes semblent se rapprocher... Mais tandis que Banzai a peur de ce qu'il pourrait faire à force de se rapproche du jeune homme, Chiaki cache lui-même une douleur...

Ce recueil a sûrement deux qualités pour lui. Tout d'abord, les looks assez différents des personnages, chacun ayant son propre gabarit et sa propre allure les rendant assez différents et, généralement, collant bien à leur personnalité. Ensuite, la personnalité, justement: chacun de ces 6 héros ont des petits caractères assez différents, et viennent former des couples plutôt prometteurs, entre l'arrogant Ringo et l'attentionné Ôkura, l'endurant prostitué de la 2e histoire et le craintif Leo, et enfin la quadra mûr Banzai et le jeune et résolument adorable Chiaki.

En somme, il y a ce qu'il faut à la base pour offrir de très bonnes choses... mais malheureusement, c'est ailleurs que le bât blesse un peu, les trois récits manquant d'un peu de consistance et de développement. A chaque fois, on a bien un début e tune sorte de fin avec la promesse de relations qui vont se consolider, mais le problème est que les choses sont souvent trop rapides, trop succinctes, y compris dans les évolutions sentimentales de nos héros, ou dans les quelques trop rares éléments de backgrounds qui ne permettent pas vraiment de s'attacher à ces visages. C'est souvent un risque pour les histoires courtes, certains auteurs s'en sortent très bien dans ce registre, mais akabeko, de son côté, pèche un peu ici.

Visuellement, en plus des designs assez convaincants comme déjà dit, akabeko a le mérite d'offrir un contenu non-censuré pouvant jouer sur des situations assez différentes. Par exemple, la scène de lavement de la deuxième histoire est assez crue et un peu brutale, là où la troisième histoire offre une relation plus tendre et presque mignonne quelque part. En dehors de ça... eh bien, côté mise en scène et régularité des traits, ça alterne entre passages franchement convaincants et moments plus relâchés et inégaux. C'est heureusement souvent la première solution qui l'emporte, surtout dans la dernière histoire, mais ces moments plus inégaux restent étranges, surtout quand les traits des personnages se font plus irréguliers et peu expressifs.

Notons, enfin, que le volume s'achève sur un petit bonus-épilogue de quelques pages concernant les héros de la première histoire. Sympathique à parcourir même si en réalité ça n'apporte rien de plus.

Au final, Crazy Fruits est un recueil pas du tout déplaisant à lire sur le coup, mais qui, à cause de son manque de consistance, de son traitement lisse, s'oublie assez vite. Il y a pourtant de bonnes choses dans le style d'akabeko, faisant qu'on aurait bien envie de la retrouver sur des récits un peu plus longs.

Côté édition, on est dans les standard de l'éditeur, avec un papier souple et assez épais, une impression correcte, et une première page en couleurs. A la traduction, Laurie Asin livre un travail très soigné et convaincant.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs