Country Girl - Alice in the Country of the Three-Sided Mirror Vol.1 - Actualité manga
Country Girl - Alice in the Country of the Three-Sided Mirror Vol.1 - Manga

Country Girl - Alice in the Country of the Three-Sided Mirror Vol.1 : Critiques

Country Girl - TRianThology - Sanmenkyou no Kuni no Alice

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 27 Décembre 2021

Chronique 2 :

Loin des éditeurs les plus prolifiques, Chattochatto, qui fêtera en février 2022 ses 4 ans d'existence, n'en a pas moins développé un petit catalogue assez varié et bien souvent intéressant, notamment car il pioche ses oeuvres dans différents pays (Taïwan, Chine, Canada...) via des choix tous marqués par la culture manga... sans pour autant, bien sûr, oublier le berceau du format manga, le Japon. Pendant environ deux ans, le one-shot Quand la neige m'appelle de Makoto Aizawa, sorti en mars 2019, fut le seul titre nippon de l'éditeur, mais cette situation a bien changé en 2021 avec l'arrivée de deux nouveautés: récemment Endroll Back sur lequel nous devrions revenir bientôt, et un peu plus tôt dans l'année Country Girl - Alice in the Country of the Three-Sided Mirror-, dont les deux volumes sont sortis respectivement en mars et en août de cette année.

Bouclée en deux volumes, cette série a été prépubliée courant 2016 au Japon chez l'éditeur Square Enix, au sein du magazine Big Gangan (le magazine de Dimension W, les Carnets de l'apothicaire, Goblin Slayer...), sous le titre Country Girl - "TRianThology - Sanmenkyô no Kuni no Alice" Yori. Elle est basée sur l'une des trois histoires originales du jeu vidéo de type visual novel énopyme, qui est sorti au Japon lui aussi en 2016, et qui a été supervisé dans sa totalité par le célèbre Ryukishi07, fondateur du cercle 07th Expansion qui est bien connu, entre autres, pour être le créateur original de la licence Higurashi/Umineko no naku koro ni. Le scénario de l'histoire dont s'inspire ce manga a été plus spécifiquement écrite par Romeo Tanaka, un auteur qui exerce depuis un petit paquet d'années dans les visual novels et les light novels (on lui doit notamment l'histoire de Rewrite). Enfin, la partie dessins de cette version manga ont été confiés à Tatsuhiko, un artiste à qui l'ont doit aussi le manga Death's Choice sorti il y a quelques années dans notre pays aux éditions Kana, et qui connaissait déjà bien l'oeuvre puisqu'il avait auparavant déjà conçu les poses-clé des personnages dans le jeu vidéo initial.

Country Girl nous immisce auprès de quatre adolescents qui, dans leur petit collège de campagne, semblent tout bonnement inséparables en étant amis depuis l'enfance. Doué en cours autant qu'en sport, amusant et populaire, Mikihiko Inaba s'épanouit bien, et se dit peut-être qu'il a tout pour lui, d'autant plus qu'il a donc auprès de lui ses trois amies d'enfance: l'énergique Miya Natsuki, la sérieuse Keiko Futatsumori, et la taciturne Iyo Hikawa. Ils ont beau bien s'amuser ensemble, la situation en campagne n'est pas évidente: ils s'ennuient parfois, il n'y a pas grand chose à faire, leur collège est si petit qu'il pourrait bien fusionner avec d'autres établissements plus tard et qu'ils n'ont même pas la garantie d'avoir droit à une vraie cérémonie de remise des diplômes... si bien qu'ils rêvent parfois d'un ailleurs, et plus précisément de la capitale, au point qu'ils finissent tous les quatre par se faire une promesse: tous passer et réussir le concours du même lycée à Tôkyô. Mais à l'arrivée, leur rêve risquen bien de se transformer en désillusion.

Le temps passe, et l'on retrouve une Keiko qui, alors que les vacances d'été approchent, sort de l'hôpital. Ayant des problèmes de santé depuis longtemps, l'adolescente a été hospitalisée quelques mois, et a dû faire une croix sur le lycée tokyoïte où elle avait pourtant réussi l'examen, pour finalement intégrer l'établissement scolaire du coin. Miya étant la seule à avoir réussi l'examen à Tokyo et étant donc partie à la capitale, la jeune fille espère alors retrouver dans son lycée de campagne ses deux autres amis qui, eux, ont échoué. mais ses premiers pas dans son lycée, après cette absence de quelques mois, sont loin d'être heureux: non seulement Iyo semble métamorphosée en l'ignorant, en s'étant teint les cheveux en blond et en fréquentant désormais les "racailles" du bahut, mais en plus Mikihiko n'est jamais venu au lycée et ne sort plus de sa chambre en étant devenu un hikikomori, visiblement anéanti par son échec aux examens. Tout aurait pu s'arrêter là. Après tout, des amitiés d'enfance qui se brisent car chacun(e) prend une voie différente, ça n'a rien de neuf. Mais Keiko n'est pas comme ça: sérieuse, et de façon presque naïve, elle refuse que tout se finisse ainsi, et entreprend alors une chose: essayer de convaincre Mikihiko de sortir à nouveau de chez lui et de venir au lycée, quitte pour cela a également impliquer Iyo...

S'écoule alors une intrigue qui dans le fond est assez classique, ce qui n'empêche jamais les auteurs d'en faire quelque chose de très juste. En premier lieu pour l'application que Tatsuhiko met dans son adaptation manga. On a tout d'abord une narration particulièrement maligne, dans la mesure où les choses commencent au collège en nous plaçant depuis le point de vue de Mikihiko, avant que la suite ne nous place essentiellement depuis le point de vue d'une Keiko très attachante qui, à partir de sa sortie de l'hôpital, devient celle que l'on suit de plus près. Mais Iyo n'est pas oubliée et a droit à ses quelques focus, ce qui nous offre un côté assez choral réussi, tandis qu'il faudra attendre le volume 2 pour découvrir plus en profondeur Miya, la seule partie à Tôkyô. Et cette narration prenant soin de s'intéresser suffisamment à chaque personnage, elle brille plus spécifiquement dès que le récit se penche, via leurs tourments spécifiques, sur différents problèmes généralement adolescents: difficultés d'intégration au lycée en apparaissant limite "ringarde" (pour Keiko), façon dont on peut "travestir" sa personnalité pour paraître cool et justement s'intégrer même si c'est superficiellement (comme Iyo), peur face à l'échec et pressions parentales pour un avenir tout tracé (pour Mikihito)... chaque idée étant plutôt acheminée en offrant un ensemble crédible, que l'on suit alors avec intérêt. Enfin, le mangaka, puisqu'il a déjà travaillé sur le jeu d'origine, connaît déjà bien l'oeuvre, et en offre une adaptation très propre et immersive sur le plan purement visuel, avec des designs variés, propres et assez fins, des décors provinciaux suffisamment présents et soignés quand il le faut, et un découpage très clair qui se veut au service de l'histoire.

Au bout du compte, la première moitié de Country Girl est facilement convaincante: sur une basse classique mais bien menée, les auteurs parviennent à offrir une histoire qui, tout en offrant des jeunes personnages facilement attachants ainsi qu'un rythme bien géré, permet d'évoquer des thématiques de jeunesse assez soignées. Tout est réuni pour donne envie de vite découvrir la suite et fin dans le prochain volume.

Quant à l'édition française, elle est très satisfaisante dans l'ensemble. L'objet est agréable à prendre en mains avec son papier assez épais mais bien souples et permettant une bonne qualité d'impression. La traduction de Marylou Leclerc est claire et suffisamment immersive, tandis que le lettrage est propre. Enfin, la jaquette conçue par Tom "spAde" Bertrand est convaincante, entre la fidélité à l'illustration de l'édition japonaise et le logo-titre très propre.


Chronique 1 :

Mikihiko Inaba est la star de son (tout) petit collège de province. Entouré de ses trois précieuses amies d’enfance, il veut quitter cette campagne moribonde, qui n’offre ni distraction ni avenir excitant. Les examens d’entrée au lycée approchent et les quatre compères se promettent d’entrer dans le même établissement à Tokyo. Afin de rester ensemble et d’essayer de s’offrir une carrière plus palpitante que celle qu’ils pourraient avoir dans leur ville natale. Mais rien ne se passera comme prévu et la cohésion de la bande éclate. Jusqu’à ce que Keiko, l’une des trois filles, décident de prendre les choses en main.

Nouvelle série en deux tomes du jeune éditeur Chatto Chatto, le titre complet est : Country Girl - Alice in the Country of the Three-Sided Mirror. Derrière ce nom à rallonge, se cache un scénario qui est en réalité une adaptation du scénario n°2 du visual novel japonais TRianThology ~Sanmenkyou no Kuni no Alice~. En effet, l’un des scénaristes du manga n’est autre que Ryukishi07, fondateur du cercle 07th Expansion, groupe éponyme à l’origine de populaires sound novels, dont Le sanglot des cigales. Voilà pour les infos pour briller en société. Autrement, nous n’avez aucun besoin de connaître les autres œuvres de 07th Expansion, et même pas celle qu’elle adapte, pour apprécier Country Girl.

Ce dyptique va exploiter des thèmes assez classiques, comme le passage de l’enfance à l’âge adulte, la désertification des campagnes ou juste l’amitié. Mais nul besoin d’être original tant que le tout est bien développé. Et ça l’est !
Tous les ingrédients sont réunis dans ce premier tome pour nous faire passer un très bon moment de lecture.

Si les protagonistes semblent dans un premier temps répondre à des archétypes, la gentille amie studieuse, l’énigmatique détachée de tout, la joyeuse au fort caractère, ils s’affirmeront très vite grâce à leur rôle de narrateur, qu’ils se partageront tour à tour. Le sérieux avec lequel les sentiments de chacun sont abordés permet de mettre en valeur leur profondeur, aussi bien via leurs qualités que leurs défauts. Le récit prend le temps de s’attarder sur chacun et de présenter leur psychologie, les rendant très humains et attachants. Grâce à cet excellent aspect, leur évolution semblera cohérente au lecteur et leurs questionnements, sur leur avenir, leur amitié, légitimes. Le tout est porté par des thématiques contemporaines qui parleront au plus grand nombre. L’incertitude face à notre futur, la pression familiale, la peur de ne pas être accepté tel que l’on est. Traité avec justesse et sans excès, ces axes façonnent efficacement l’histoire de notre groupe de héros.

Le travail du dessinateur, tant au niveau des personnages que des décors, est une réussite. TATSUHIKO apporte un soin tout particulier aux environnements. Les backgrounds sont composés de nombreux détails, appuyant le propos de l’histoire. Comme l’état de certaines pièces du lycée, qui se dépeuple de plus en plus et dont l’entretien laisse parfois à désirer. Ou l’omniprésence de la montagne et de la végétation, qui écrasent par leur masse les quelques maisons peuplant la bourgade.

Ce tome un est donc un véritable plaisir à découvrir. Chatto Chatto nous propose qui plus est une fabrication et une traduction de très bonne facture. Grâce à ses personnages réalistes et charmants et aux propos rondement menés, Country Girl est un titre frais et extrêmement sympathique. On espère que le deuxième et dernier volume continuera sur cette lancée et confirmera la qualité de ce premier opus.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
mokochan
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs