Comme sur un nuage Vol.1 - Actualité manga
Comme sur un nuage Vol.1 - Manga

Comme sur un nuage Vol.1 : Critiques

Sorairo Flutter

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Février 2021

Chronique 2 :

Garçon jovial et bienveillant, reconnaissable par sa carrure plus forte que les autres, Dai Noshiro intègre un nouveau lycée. De part ses nombreux déplacements, il n'a jamais connu réellement les sentiments d'amour, ce qui ne l'empêche pas de chercher à sympathiser avec son entourage.
Dès son arrivée, Noshiro est surpris qu'un élève de sa classe soit isolé des autres. Peu bavard, Kô Sanada reste dans son coin, et les autres ne cherchent pas à lui adresser la parole. Il faut dire que des rumeurs le concernant tournent dans l'établissement : Sanada serait gay. Surpris, Noshiro ne croit pas ces bruits de couloir et cherche à apporter le solitaire garçon, avec toute la bienveillance de son caractère. Une relation qui lui permettra de se remettre en question, et de se questionner sur ses propres préjugés.

Lancé chez nous à l'automne 2020 aux éditions Akata, Comme sur un nuage a une histoire plus particulière qu'un autre manga. Initialement un titre d'Okura, celui-ci fut proposé par l'auteur gratuitement sur internet dès 2009, car l'auteur peinait à trouver un éditeur pour publier son travail. Plus tard, c'est à dire en 2017, Square Enix s'intéresse au projet et propose de lui donner une deuxième vie. Sous le titre Sorairo Flutter, le manga gagne un reboot dessiné par Coma Hashii, et se voit publié dans le Gangan Joker pour s'achever après trois volumes. Une jolie histoire éditoriale donc, pour un manga qui l'est tout autant.

Les éditions Akata sont habituées à éditer différents mangas traitant de l'acceptation de la différences et des thématiques LGBTQ+, aussi Comme sur un nuage s'inscrit dans cette dynamique avec une approche un peu différente. Bien que charmant et jovial, Noshiro est un garçon qui nourrit ses propres préjugés sur l'homosexualité, sans méchanceté aucune, mais contribue indirectement à l'homophobie de tous les jours. C'est sur ce point de départ qu'Okura et Coma Hashii entament un début d'histoire humaine entre Noshiro et Sanada, une amitié qui profite de l'appui de la bienveillante Yamamoto. Un triangle teinté de subtilités, que nous découvrons au fil du tome, tournant autour des non-dits de Sanada et sur l'importance des a priori négatifs sur l'homosexualité.

Mais dans ce premier tome (sur trois), Yamamoto n'est que peu valorisée, même si on se doute qu'elle aura droit à de plus amples moments de sincérités avec Sanada ultérieurement. Ce dernier et Noshiro sont à l'honneur, et c'est de manière dense que leur amitié sera traité, tout en développant en filigrane quelques thématiques sur la communauté homosexuelle. La touche forte de cette première partie du titre vient alors de son ambiance qui, à elle seule, justifie l'intitulé français : Ce premier volume est riche de bienveillance et aborde ses sujets sous un regard rationnel, doux et optimiste en toutes circonstances. Les a priori de l'un des héros sont alors balayés au même titre que tout cliché qui peut cibler la communauté homosexuelle, afin de finalement traiter l’œuvre et ses personnages comme un ensemble d'humains, parfois différents et qui ont leurs spécificités, mais reliés par un point commun : Leur capacité à aimer. Par l'intervention d'un certain personnage notamment, qui se fera le lien entre les deux adolescents, on saisit la volonté de traiter une histoire humaine généreuse et sans a priori. L'atmosphère proposée happe alors sans aucun mal, par ses touches de bonne humeur, quand bien même les auteurs aborderaient la difficulté à être sincère en amitié, quand on se sent différent.

Et pour servir une telle bouffée d'air frais, un travail graphique cohérent devait être fait. Le choix de Coma Hashii pour porter l'histoire d'Okura est d'une parfaite logique : Sa patte particulièrement douce et enthousiaste imprègne parfaitement le scénario, pour un rendu vecteur de belles émotions, quand bien même l'intrigue se fera parfois un chouïa plus dramatique. L'alchimie est intelligente et rondement établie, et c'est ce qui permet une lecture continue et addictive d'un premier pavé bien épais, puisqu'il dépasse les 250 pages.

Côté édition, Akata nous offre une fabrication très honnête, avec un papier fin et une page couleur. La traduction est assurée par Jorda Sines dont les choix sont clairement intéressants, ce dernier n'hésitant pas à placer certains termes péjoratifs et/ou discriminants pour marquer l'état d'esprit premier, erroné, des personnages, un vocabulaire ensuite balayé au rythme que les préjugés de Noshiro voleront en éclat.


Chronique 1 :

Dai Noshiro, un adolescent de 17 ans, vient tout juste d'arriver dans son nouveau lycée en cours d'année, mais s'y intègre très vite grâce à son côté avenant et jovial. Néanmoins, il reste intrigué par un camarade de classe qui reste toujours à l'écart des autres, et que les autres ne cherchent pas forcément à approcher: Kô Sanada,, qui a pour seule amie son amie d'enfance Ayumi Yamamoto, qui vient depuis une autre classe pour manger avec lui le midi. Pourquoi Kô reste-t-il ainsi toujours seul dans sa classe ? Eh bien, depuis qu'un magazine gay a été découvert dans son sac, la rumeur court qu'il est "pédé", comme disent les autres, chose que le principal concerné n'a jamais cherché à démentir mais qui l'a poussé à s'éloigner de son entourage. Cependant, Dai, qui ignore tout du sentiment amoureux et ne s'est jamais vraiment interrogé dessus, se fiche un peu de tout ça et, ne supportant pas de voir Kô injustement esseulé, décide d'essayer d'en faire son ami. Mais entre maladresses et découvertes de l'autre, ce ne sera pas forcément de tout repos...

Les éditions Akata ont toujours eu à coeur d'offrir des mangas modernes mettant en avant la diversité identitaire sous différents types: de genre, de sexe, d'orientation amoureuse (ou d'absence d'orientation amoureuse, comme dans la série Aromantic Love Story). Dans cette optique, l'éditeur a déjà pris soin d'aborder l'homosexualité sous divers angles, que celle-ci soit féminine comme dans Si nous étions adultes... et Autour d'elles, ou masculine via les séries mûres Le mari de mon frère, Our Colorful days ou encore Eclat(s) d'âme, le shôjo Bless You, ou bientôt les boy's love J'en croque pour toi ! et Everyday is a Good Day. Mais il faut bien avouer que ce genre de thématique est moins courante dans des tranches de vie estampillées shônen (on peut bien citer le magnifique Blue Flag aux éditions Kurokawa), si bien que l'éditeur a décidé de pallier un peu ça en allant dénicher Comme sur un nuage, une oeuvre ayant rencontré sons succès au Japon.

A l'origine, l'oeuvre est un manga que l'auteur Okura publia à compte personnel sur son site internet entre 2009 et 2012. Rencontrant alors un vif succès sur la toile autant auprès des concernés que d'un public plus large, la série a même fini par être être diffusée légalement sur le net en Italie... avant que Square Enix ne s'y intéresse à son tour pour en proposer un remake, sous le titre Sorairo Flutter, au sein du magazine Gangan Joker, magazine diversifié où sont passées des séries comme Gambling School, Dusk Maiden of Amnesia, Secret Service ou encore Les Mémoires de Vanitas. Dès lors, l'oeuvre a connu un sort un peu similaire à celui de One-Punch Man: tandis que l'auteur d'origine est resté au scénario en le peaufinant et en l'enrichissant, la partie visuelle a été confiée à une autre mangaka, Coma Hashii, dont c'est la première série. Prépubliée en 2017-2018, cette version est bouclée en 3 épais volumes, et c'est bien sûr celle-ci qui sort en France; par ailleurs, notons qu'il s'agit de la toute première collaboration des éditions Akata avec Square Enix.

Lumineux. Tel est le mot avec lequel on a très vite envie de qualifier Dai, le personnage principal de la série. Derrière ses lunettes et son allure robuste voire gentiment rondouillarde, se trouve un garçon qui, en plus de n'être aucunement complexé et d'être très naturel, se montre très ouvert... quand bien même il se montrera lui aussi maladroit et doté de quelques a priori inconscients en apprenant, de la bouche du principal concerné, que Kô est bel et bien gay, chose qu'il n'a voué à aucun camarade de classe et qu'il n'a pas cherché à démentir quand la rumeur est née. Dai gaffera au départ, aura des paroles malheureuses dont il ne cernera pas immédiatement l'aspect blessant, mais il s'agit surtout d'un adolescent sachant se remettre en cause et aller vers les autres, choses qu'il fera inlassablement avec le taciturne Kô au risque de paraître parfois lourd et d'en faire trop. Mais il y a chez lui une sincérité dans l'aspect avenant et dans la volonté de découvrir et de comprendre l'autre, chose qui fait chaud au coeur et se révèle forcément bénéfique.

C'est porté par cet attachant garçon que débute alors un récit vers la découverte et la compréhension, voire peut-être plus encore. Le rapprochement de Dai avec Kô permet aux auteurs d'évoquer vite et bien certains "dommages collatéraux", comme le fait que les rumeurs pourraient finir par toucher aussi Dai (ce dont il se fiche, fort heureusement), un état de fait poussant précisément certains camarades de classe à se tenir éloignés de Kô, et Kô lui-même à essayer de ne pas être trop proche de Dai pour qu'il n'en "subisse" pas les conséquences. Mais en plus de ces à-côté, ce sont évidemment les deux nouveaux amis de Dai que l'on apprend à découvrir, Kô semblant s'ouvrir difficilement mais doucement tandis qu'Ayumi observe son ami d'enfance avec bienveillance, heureuse de ne plus le voir seul, alors qu'elle-même semble bien vite cacher au fond d'elle ses propres sentiments. L'occasion d'évoquer un point vraiment intéressant de la série: celle-ci promet d'aborder des types d'amour assez différents mais en n'en rejetant aucun. De l'homosexuel Kô à l'amoureuse transie Ayumi qui ne peut extérioriser ce qu'elle a au fond d'elle, en passant par Dai qui au départ n'a aucune notion de l'amour et n'y avait même jamais vraiment réfléchi, ou même par Hide l'ex a priori bienveillant et plus expérimenté (car adulte) de Kô, Okura et Coma Hashii esquissent déjà des portraits variés et demandant à être plus approfondis.

Quant au style visuel et narratif de la série, il s'avère vraiment agréable. Pour une première série, Coma Hashii s'en sort fort bien en livrant notamment des personnages diversifiés et aux allures assez simple, mais dégageant surtout vivacité, douceur et clarté, ce qui colle vraiment bien au côté assez positif du récit. Quant à la narration, malgré quelques petits raccourcis, elle sait souvent frapper juste, via des textes aussi simples que directs et qui ne se privent aucunement d'une part de subtilité. Profitons-en donc pour signaler la qualité de la traduction de Jordan Sines, qui fait passer tout ce qu'il faut sans artifices.

L'édition française, justement, s'avère très propre. La jaquette imaginée par Rin est très proche de l'originale japonaise et donne une bonne idée de l'ambiance de l'oeuvre. A l'intérieur, on a droit à une première page en couleurs, à un papier fin mais sans transparence et permettant une bonne qualité d'impression, et à un travail de lettrage soigné de la part de Camille Roginas. Soulignons aussi les très chouettes pages bonus, avec un mini-chapitre de 4 pages dessiné par l'auteur d'origine, puis une autre page où il revient brièvement sur la genèse de l'oeuvre ainsi que sur certains détails ayant changé entre les deux versions (celle de son site web et celle ici présente).

Porté par une réputation flatteuse, Comme sur un nuage ne déçoit donc aucunement avec cet épais premier tome de plus de 240 pages. A ranger précieusement auprès d'un Blue Flag, la série d'Okura et de Coma Hashii promet d'offrir, sur un ton positif, une tranche de vie adolescente moderne que l'on suivra jusqu'au bout avec beaucoup d'intérêt.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs