Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 02 Décembre 2025
Les petites Aka, Uran et Verdi, fillettes représentant l'avenir, sont désormais réunies et devenues amies, sous l'oeil bienveillant de Nodoka Daidai, la gardienne des jeunes pousses. Alors que l'été cède sa place à l'automne, il est alors temps pour elles, désormais, de profiter de tous les aspects souvent charmants que la saison automnale a à offrir : faire un feu de camp qui est l'occasion à la fois d'observer les drones ramasser les feuilles, de déguster de la patate douce rôtie et de faire une chasse aux glands, faire une visite sur le cimetière de memento Mori, participer à la grande parade de Halloween d'Onobori (une fête que Nodoka et Aka ne connaissaient pas encore), ou encore partir à la découverte du lieu où les feuilles mortes s'envolent, sont autant de choses auxquelles nous avons droit ici, pour un résultat toujours aussi beau.
En effet, les situations de départ on beau sembler parfois anodines, à l'image du feu de camp et de Halloween, Kozue Amano a toujours pour elle le don de sublimer chaque instant et de nous en faire profiter à fond, encore plus à travers l'oeil curieux et innocent de ses toutes jeunes héroïnes qui ont encore tant à découvrir. Peut-être nourrie par sa propre expérience de mère qu'elle évoquait notamment dans son recueil Mamanchu! (inédit en France à ce jour), Amano sait très bien faire ressortir toutes les petites joies et le parfum de découverte typiques de l'enfance... mais aussi forger ses petites héroïne, à l'image d'une Verdi qui se met parfois trop la pression car elle déteste faire des erreurs, et qui devra apprendre que tout le monde en fait et que c'est aussi comme ça qu'on devient meilleure. Et évidemment, le dessin de l'autrice reste lui aussi, comme toujours, très propice à la contemplation et à la bonne humeur, avec ses designs de personnages doux et expressifs, ses idées de décors et de lieux propices au dépaysement et bien trouvées (ne serait-ce que Memento Mori, satellite artificiel à la gravité toute particulière), ses moments de retrouvailles avec l'univers qu'on a tant aimé dans Aria, et les découpages et autres doubles pages renforçant l'émerveillement face à tout ça.
Le tome pourrait se limiter à tout cela qu'il serait déjà ravissant, et pourtant Amano va un peu plus loin, en particulier grâce à l'entrée en scène, dès le premier chapitre, d'un nouveau personnage-clé, homme adulte cette fois-ci: Nero Scuro, qui se présente comme le parrain d'Aka, et que nous apprend même son vrai nom en nous intrigant de plus belle sur le rôle exacte auquel est destiné la petite fille. Dénotant volontairement dans l'oeuvre au vu de son caractère plus blasé, cassant voire antipathique, cet homme va pourtant, à sa manière, dévoiler son bon fond, et même enclencher l'éclaircissement de certaines choses sur cet univers. Ainsi, ses retrouvailles froides avec Gino et le père d'Uran sur Memento Mori, puis son escapade en moto volante avec Aka, vont à la fois souligner certains de ses bons côtés (on capte notamment pourquoi il s'implique tant dans son travail de "creare", chargé de transformer ce nouveau monde en un paradis éternel), éclairer un peu plus le contexte familial de la petite Aka (qui elle-même rayonne lors du chapitre à Memento Mori, en donnant une sacrée leçon aux adultes avec son innocence enfantine), et même nous laisser sur des dernières pages offrant un nouvel indice sur la façon dont on peut situer cette série par rapport à Aria.
Le troisième volume de Colori Colore Creare est donc une vraie petite réussite. Bien sûr, Kozue Amano y conserve tout ce qui a fait le charme des deux premiers tomes et plus généralement des précédentes tranches de vie bienfaisantes de sa carrière, mais ici elle sait également aller un peu plus loin, et ainsi nous intriguer et nous charmer de plus belle concernant l'univers et les attachants personnages qu'elle dépeint.
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