City Hunter - Edition Perfect Vol.1 - Actualité manga
City Hunter - Edition Perfect Vol.1 - Manga

City Hunter - Edition Perfect Vol.1 : Critiques

City Hunter

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 29 Septembre 2022

Est-il encore nécessaire de présenter City Hunter, œuvre que beaucoup de nostalgiques aiment aussi appeler Nicky Larson, du nom de l'adaptation française d'antan de la version animée ? Né des mains de Tsukasa Hojo, dont la première grande renommée se fit avec le non moins célèbre Cat's Eye, le manga naît dans le magazine Shônen Jump en 1985, avant de s'achever au bout de 35 tomes, en 1992. Déjà un succès, le titre sera renforcé par son adaptation animée diffusée entre 1987 et 1991, produite par le studio Sunrise sous la direction de Kenji Kodama. La suite est bien connue : L'œuvre restera dans les mémoires, y compris chez nous où sa popularité naître suite à la diffusion de l'anime Club Dorothée, avant que nous n'ayons accès au manga.

Au Japon, l'œuvre d'origine a connu diverses éditions dont la plus récente, lancée en 2018, compte 29 volumes. L'histoire éditoriale de City Hunter est particulièrement intéressante : En 2000, Tetsuo Hara participe à la création des éditions Coamix aux côtés de Nobuhiko Horie, un ancien rédacteur en chef du Jump, et Tetsuo Hara. Tout comme ce dernier avec les œuvres de l'univers Hokuto no Ken qu'il a dessinées, Tsukasa Hojo récupère pleinement les droits de City Hunter, ce qui permettra d'ailleurs la naissance du spin-off isekai City Hunter Rebirth (Kyô Kara Ciry Hunter) dessiné par Sokura Nishiki dès 2017. Avant ça, l'association avec l'éditeur Tokuma Shoten permet la parution d'une édition deluxe, avant que Coamix ne prenne pleinement son indépendance quelques années plus tard.

De notre côté, plusieurs versions ont aussi été proposées, la première étant celle des éditions J'ai Lu dès 1996. Une mouture qui a rapidement mal vieilli, aussi la maison Panini récupère les droits de l'oeuvre dès 2005 en éditant la complete edition japonaise en 32 tomes, une édition deluxe incluant les pages couleurs et bichromiques de la prépublication. 17 années plus tard, Panini a relancé son catalogue et juge qu'il est temps de donner une nouvelle jeunesse à l'oeuvre phare de Tsukasa Hojo, ce qui n'a rien d'absurde à une époque où nombre de récits des années 80 à 2000 nous reviennent dans des perfect edition. C'est donc une version vouée à contenir 16 tomes qui est lancée, le dix-septième étant une compilation des guide-book XYZ. Au programme, des volumes doubles de la deluxe précédente, de nouvelles couvertures et une identité visuelle retouchée et épurée, un papier de meilleure qualité, et une reprise de la précédente traduction de Xavière Daumarie. Pas forcément de quoi repasser à la caisse pour les possesseurs de la deluxe, mais une bonne manière de se plonger dans la série pour un nouveau lectorat, ce qui est souvent l'objectif de ces rééditions en plus d'une volonté de remettre en avant les séries majeures d'antan.

City Hunter, c'est l'histoire de ce « nettoyeur » dont le sobriquet est le titre même de la série. Ryo Saeba ne manque jamais sa cible, il est même un génie en sa matière quand il s'agit d'échafauder un plan pour mettre à mal les bandits et gangs les plus retords. Mais Ryo a un faible : Les femmes. Pervers et peu gentleman, il essuie autant de reverts qu'il ne tente de séductions. Façonné par la suppression d'individus peu scrupuleux, City Hunter est craint par ses cibles, et agit dans le quartier de Shinjuku aux côtés de son complice, Hideyuki Makimura. Pourtant, l'entrée en scène d'un ennemi redoutable, l'Union Teope, s'apprête à mettre à mal le tandem. Bien qu'il ne craigne personne, Ryo va devoir jouer d'astuce pour triompher d'un tel ennemi.

Fort d'une maîtrise narrative qui fait mouche dès le premier chapitre, Tsukasa Hojo plante en quelques pages une ambiance détonante. Il ne faut qu'un épisode pour que l'auteur puisse synthétiser des éléments qui nous charment d'entrée, et qui peuvent aujourd'hui surprendre quand on sait que celle-ci fut prépubliée dans le célèbre Shônen Jump. Récit noir aux histoires dramatiques, City Hunter sait rapidement jongler entre le récit à suspense dans un Shinjuku malfamé, et des éléments d'humour tantôt absurdes, tantôt libidineux. Les premières péripéties jonglent sans arrêt entre ces aspects, plantant différentes petites aventures indépendantes jusqu'à ce qu'entre en scène la fameuse Union Teope. Parfois cocasse mais surtout sérieux et dramatique, ce début vient prendre au dépourvu un lecteur novice qui se pensait déjà dans une zone de confort, avec un retournement de situation majeur qui va recomposer le casting de personnages principaux, et marquer le véritable point de départ de l'histoire.

On assiste alors à un vrai retournement dans la série qui, si elle continue dans ses intrigues noires où Ryo n'hésite jamais à placer une balle entre les deux yeux de quiconque serait une menace pour le quartier, met davantage l'humour au centre du récit, via les plans capillotractés du protagoniste, ses interactions pleines de saveur avec Kaori et ses élans d'humour pervers mais qui ne confortent jamais le héros dans sa libido machiste. City Hunter passe ainsi d'un récit noir et dramatique aux pointes d'humour à une vraie comédie policière parfois plus surréaliste, mais qui ne renie jamais les éléments poignants du récit lorsque c'est nécessaire. Au contraire même, derrière les frasques de Ryo et ses prises de bec répétées avec Kaori se cachent deux personnages altruistes, qui évoluent et se soucient de l'autre, chacun avec une forme de subtilité.

Ces éléments sont illustrés par différents segments qui s'articulent autour des missions du quotidien du nettoyeur et de sa lutte contre l'Union Teope, vouée à gagner en intensité à l'avenir. Des schémas assez clairs et ordinaires, mais suffisant pour renouveler les situations, qu'elles soient de l'ordre de la menace ou de la comédie. Dans ces deux registres, City Hunter réussit ce qui est entrepris, et ce sera à chacun de développer sa préférence pour l'un des registres, ou d'apprécie le mélange que nous propose Tsukasa Hojo sur ces débuts. Car à chaque fois, c'est aussi par son trait expressif, sa patte reconnaissable (et pas seulement pas ses belles jeunes femmes), ses planches généreuses et nourries et sa narration claire, que le mangaka nous prend dans ce rythme manié d'une main de maître.

Dès lors, qu'attendre de City Hunter ? Une succession d'aventures dans ce Shinjuku malfamé, aux côtés d'un héros parfois attachant, parfois aggaçant, mais toujours imprévisible ? Un fil conducteur plus dense qui s'établira au fil des opus ? A ce stade, il est assez difficile d'entrevoir le futur de la série. Mais parce qu'il reste encore 15 tomes pour couvrir l'histoire, on se doute que l'auteur n'a pas manqué d'idées par la suite, et la réussite de ce double opus d'introduction créé déjà une addiction au récit, ou du moins une pleine envie de retrouver Ryo et Kaori pour de nouvelles aventures. Pari réussi, donc, pour cette perfect edition vouée à recruter un nouveau lectorat, votre serviteur étant de ceux qui n'ont que vaguement vu passer quelques épisodes de l'anime à la télévision autrefois.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs