Chihayafuru Vol.1 - Actualité manga
Chihayafuru Vol.1 - Manga

Chihayafuru Vol.1 : Critiques

Chihayafuru

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 01 Avril 2013

Critique 1


Quand on s'intéresse d'assez près à l'actualité du manga au Japon, il semble difficile de ne pas avoir déjà aperçu le nom de Chihayafuru, série-phare du catalogue féminin de Kôdansha, régulièrement bien placée dans le top des ventes, lauréate du prix manga Taishô en 2009 et du prix Kôdansha en 2011, adaptée en deux saisons animées. Un josei aux couvertures stylisées et intrigantes, qui s'intéresse à un sujet pour le moins extrêmement rare : le karuta, un jeu de cartes typiquement japonais basé sur un recueil de 100 poèmes de cent auteurs différents (le hyakunin Isshu), qui consiste à retrouver avant son adversaire la carte où est inscrite la fin d'un poème dont le début vient d'être énoncé.

Une série déjà assez longue (20 tomes au Japon) centrée sur un thème typiquement japonais (et sur un jeu dont beaucoup n'ont sans doute jamais entendu parler) : inutile de dire que malgré son succès phénoménal au Japon (à la manière de Hikaru no Go à son époque, la popularité de Chihayafuru a ravivé l'intérêt des Japonais pour le karuta), on ne l'attendait pas forcément en France, d'autant qu'il s'agit d'un josei, un genre souvent synonyme d'échec dans nos vertes prairies. Et ce sont pourtant les éditions Pika qui décident de tenter le coup, qui plus est en parant l'oeuvre d'une vraie promo et d'une édition exemplaire : traduction confiée à l'excellente Fédoua Lamodière (qui a aussi officié ou officie toujours sur de nombreuses séries des éditions Ki-oon, sur Chi ou sur Dragon Ball Perfect Edition, pour vous donner une idée de son pedigree), papier et impression corrects, présence en début de volume d'un carnet reprenant les 100 poèmes du karuta avec traduction, présence en fin de volume des huit premières cartes de karuta et d'un texte expliquant un peu plus le jeu. Sur ce coup-là, l'éditeur mérite tout simplement les félicitations, tant tout est là pour sublimer la lecture.

Une lecture qui commence en nous plongeant dans l'enfance de Chihaya Ayase, une fillette qui pourrait avoir un succès fou auprès de ses camarades de classe masculins si elle n'était pas aussi garçon manqué. Vive et franche, elle n'a toutefois pas vraiment de centres d'intérêt et se contente plutôt de prier pour le succès de sa grande soeur, Chitose, très jolie adolescente qui emprunte la voie du mannequinat.
Pourtant, la vie de Chihaya va bientôt basculer : elle va découvrir le sens du mot "passion" lorsqu'elle va faire la connaissance d'Arata Wataya, jeune garçon discret et en apparence terne que tout le monde préfère ignorer, à commencer par Taichi Mashima, jeune premier un brin arrogant et très compétiteur. Pénétrant l'univers d'Arata, Chihaya découvre un garçon surtout très mature, et qui voue une véritable passion au karuta, jeu que l'on pratique quasiment de père en fils chez les Wataya. Arata connaît d'ailleurs déjà son rêve : marcher sur les traces de son grand-père, ancien champion national de karuta. Chihaya reste fascinée par la façon qu'a Arata de trouver les bonnes cartes en une fraction de seconde, et, devant l'ardeur de son camarade, décide alors elle aussi de s'essayer à ce jeu vu comme ringard par tant de personnes...

Ringard, très simple dans son principe, a priori pas très vivant : comment aborder un thème tel que le karuta en réussissant à passionner le lecteur ? C'est une question légitime que sans doute beaucoup se sont posée. Et dès le premier tome, la mangaka Yuki Suetsugu rassure tout le monde : nous captiver avec ce jeu, c'est possible, et cela passe par une parfaite exploitation de tout ce que l'auteure met en place.

Ainsi, dès le début, les règles du karuta paraissent suffisamment claires. Encore un peu simplistes, mais suffisantes avant que tout ne s'emballe très vite. En effet, on découvre d'abord le jeu en solo, le plus simple, tellement simple que l'on se demande comment la mangaka va pouvoir tenir sur la longueur avec. Puis arrivent rapidement d'autres façons de jouer : le jeu en équipe tous en même temps, ou le jeu en équipe où se succèdent plusieurs parties solo. Et dès lors, Yuki Suetsugu parvient à insuffler au jeu un aspect stratégique totalement insoupçonné. Vous pensiez qu'il suffisait de ramasser bêtement les cartes en premier ? Vous découvrirez alors avec surprise et intérêt que le jeu en équipe demande d'exploiter au mieux les plus grandes qualités de chaque joueur afin d'avoir dans l'équipe une complémentarité à même de mener à la victoire. La mangaka fait parfaitement ressortir cela en présentant déjà les qualités essentielles d'un joueur de karuta, puis les points forts de ses héros, à commencer par Chihaya, qui montre déjà de très belles dispositions naturelles alors qu'elle ne connaît même pas encore tous les poèmes du Hyakunin Isshu.

Ainsi ce jeu en apparence si anodin parvient-il à intéresser dès ce premier tome, d'autant qu'il permet de mettre en valeur bien d'autres choses, à commencer par la naissance d'une amitié destinée à se renforcer de plus en plus au fil des parties. Une amitié qui concerne trois enfants que rien ne semblait devoir rapprocher : une fillette garçon manqué en la personne de Chihaya, un garçon peu sociable en la personne d'Arata, et un faux méchant tête de classe en la personne de Taichi. Trois vies qui vont se rapprocher à travers le karuta, pour la naissance d'un triangle fort que Yuki Suetsugu met parfaitement en valeur. De fil en aiguille, les trois enfants découvrent le plaisir de jouer au karuta, découvrent la joie de jouer ensemble, et découvrent tout simplement le bonheur qu'ils ressentent en passant leur temps ensemble. Petit à petit, ils apprennent à se connaître, nouent des liens forts, et l'on voit déjà se dévoiler des personnalités fortement marquées et conditionnées, qui n'augurent pas forcément que de la joie pour la suite. On notera surtout le cas de Taichi, gamin qui, dès lors qu'il se dévoile plus, abandonne son côté arrogant et tête de classe pour laisser entrevoir la pression parentale extrême qui est exercée sur ses épaules. Le cas d'Arata est plus simple, puisqu'il souhaite tout simplement marcher sur les traces de son aïeul tant aimé. Quant à Chihaya, il faudra d'abord que sa passion naissante ait raison de l'indifférence d'une famille qui ne voit dans le karuta qu'un jeu ringard et qui est bien plus intéressée par la future carrière de mannequin de la grande soeur. En quelque sorte, pour nos trois jeunes héros, le karuta et l'amitié qui en découle sont d'ores et déjà autant une véritable passion qu'un moyen de se forger ou d'échapper à un quotidien trop pressant.

Mais c'est une passion avant tout. Et cela, la mangaka nous le montre merveilleusement bien, car ici, chacun de nos trois héros transpire de passion, que celle-ci soit tout juste naissante ou déjà bien affirmée. Et l'on pourrait même dire que rarement un manga n'a aussi bien véhiculé l'idée de passion, tant celle-ci transparaît parfaitement chez les personnages, que ce soit via leurs réactions vives et franches dans le jeu, ou à travers des dessins très expressifs. Fin et pas exagérément typé shôjo, le style graphique peut plaire à tout le monde, et se pare même d'un petit côté nekketsu lors des parties de karuta, où le trait s'épaissit pour mieux faire ressortir la vivacité de nos héros. Les joueurs se donnent à fond, ils se donnent au point de hurler quand ils se jettent sur une carte ou de se désespérer quand ils perdent, sans que le tout ne paraisse exagéré ou caricatural. Tout simplement, ils sont totalement dedans, ils sont passionnés.

Avec tout ça, inutile de dire que l'on attend avec impatience la suite, que l'on a hâte de voir ce que nous réserve Yuki Suetsugu dans cette oeuvre destinée à s'étendre sur de nombreuses années et vouée à mettre sur un piédestal amitié et passion. Avec ce premier volume, Chihayafuru captive totalement et n'annonce que du bon.



Critique 2

Voici qu’arrive l’un des premiers shojos atypiques de Pika en cette année 2013. Une série originale qui aura de forte chance de plaire aux personnes qui cherchent ses petites perles que l’on trouve rarement. On espère donc que le pari pris par Pika produira ses fruits au risque d’arriver aux oubliettes d’ici quelques années…

Etant petite, Chihaya Ayase a tout l’air d’un petit garçon manqué et est avant tout fière d’avoir une grande sœur si belle, à tel point qu’elle fait du rêve de sa frangine de devenir le plus grand mannequin son propre rêve. Son quotidien se voit bouleverser du jour au lendemain avec la rencontre d’un nouvel élève de classe quelque peu calme et distant, Arata. Celui-ci lui fera remarquer : « Un rêve, ça doit concerner la personne qui le fait et pas quelqu’un d’autre. Tu ne devrais pas t’approprier celui de ta sœur ». C’est sur ses mots que notre héroïne s’ouvrira à la passion de l’étrange garçon : le karuta.

Avant de pouvoir apporter une opinion vis-à-vis de cette nouvelle œuvre assez attendue de certains, il faut savoir que le « karuta » est un jeu de 100 cartes où sont retranscrit des poèmes. Le jeu consiste à lire un poème et de saisir la carte correspondante aux syllabes et mots prononcés avant son adversaire.

« Le meilleur joueur de karuta du Japon est forcément le meilleur du monde, non ? »

Avec un manga ayant pour thème un « sport » typiquement japonais, on pourrait craindre le pire en n’accrochant pas à une thématique si spécifique ou tout simplement faire fuir un bon nombre de lecteurs potentiels. Cependant, ce n’est pas sans nous rappeler le cas d’une autre série qui avait émergé il y a déjà quelques années de cela ayant un sujet tout aussi étrange : le gô. Et comme par un coup tordu de la vie (dans le bon sens du terme), Hikaru no go avait rencontré le succès (de quoi surprendre plus d’une personne ; ce qu’on espère en retour à ce shojo fraîchement arrivé). Ainsi, même s’il s’agit d’un shojo, Chihayafuru s’axe dans la lignée d’un Hikaru no go en nous faisant découvrir l’univers si particulier du karuta et ce, de manière bien passionnante et passionnée. Bien évidemment, du fait que c’est un shojo, la série va en même temps s’écarter de son aîné. En outre, Yuki Suetsugu s’en tire merveilleusement bien alors que le thème était plutôt du genre à se tirer une balle dans le pied.

Malgré que l’auteure ait encore un peu de mal à convenablement retranscrire l’action et les mouvements du jeu de karuta, elle introduit l’œuvre ainsi que ce sport pas comme les autres de façon aboutie et originale sous l’angle de l’enfance, de la rivalité et de l’amitié. Tout cela avec des personnages d’ores et déjà profonds et attachants, ce qui renforce et croît dès lors un peu plus notre intérêt et notre attachement à l’égard de cette série.

De manière plus précise, l’héroïne nous paraît d’emblée attachante et dotée d’une grande détermination, même si on ne l’a vu pour le moment que sous la période de l’enfance. Mais il ne faut pas croire que le titre se veut pour autant bonenfant. En effet, le tome aborde aussi ses enfants par rapport aux difficultés auquelles ils sont confrontées dans le monde des adultes (notamment familiales), rendant ainsi cette œuvre beaucoup plus mûre et profonde qu’on ne pourrait le penser. Ce qui ouvre, en plus de cela, d’autres pistes à explorer à l’avenir.

Du côté de l’édition, on remerciera Pika pour l’effort qu’ils ont déployé pour nous offrir ses magnifiques bonus que sont le petit carnet nous faisant découvrir les 100 poèmes et les autocollants en fin de volume. Pour le reste, il n’y a rien à signaler concernant la traduction ou autre.

En somme, ce premier tome annonce déjà la couleur en abordant diverses thématiques de mains de maître que ce soit le karuta, l’amitié, l’amour naissant, la rivalité, … Tout le monde peut alors y trouver son compte pour un titre qui s’annonce d’ores et déjà passionnant et de haute qualité. Vivement la suite !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

18 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs