Cherry poppers - Actualité manga

Cherry poppers : Critiques

Puchitto Hajiketa

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 13 Octobre 2014

Dans ce nouveau petit one-shot de Taïfu, on découvre un jeune adulte, Ashitaka, pleinement satisfait de son quotidien. Il enchaîne les coups d’un soir, régulièrement. Son terrain de chasse ? Son bar préféré. Ses cibles ? Des uke séduisants. Sa technique ? Son charisme. Il les convainc toujours de jouer le chat, car pour lui hors de question d’inverser les rôles et d’offrir ses fesses à ses relations éphémères. Il a eu une première expérience sexuelle absolument désastreuse et ne compte pas remettre ça. Se faire plaisir entre les fesses d’un autre est bien plus agréable. Le jeune homme avait donc tout pour être heureux et satisfait, ne rappelant jamais ses partenaires et se contentant de s’amuser sans chercher de lendemain. Seulement un soir, il va retomber sur Noshiro. C’est lui qui lui a pris sa virginité, qui a taché à jamais sa vision du sexe. Qui l’a traumatisé d’offrir son corps. Son ex compte bien convaincre Ashitaka de retomber dans ses premiers travers et de se soumettre à son désir. Mieux, à son amour ? Car Noshiro ne paraît pas d’humeur à plaisanter et il va tout faire pour dompter le cheval fou qu’est son ancien amant. Avec le recul, l’expérience et la maturité nécessaire, les deux jeunes gens vont se trouver, se séparer, avant de se comprendre et d’arriver à s’étreindre à nouveau.


La vision de relations adultes est le premier point intéressant du manga. On découvre un petit cliché du monde gay, où la légèreté est de mise et où rien n’a réellement d’importance. Ashitaka se moque de tout, et vit au jour le jour. Une vision un peu réductrice, mais un parti pris intéressant de deux jeunes japonais qui ont besoin d’expulser les tensions d’un quotidien légèrement castrateur que l’on devine à demi-mot. La lutte de tous les instants entre Noshiro et Ashitaka est amusante, et même si l’on en devine aisément le dénouement, c’est un divertissement efficace. En effet, trop souvent des héros se soumettent et acceptent sans rien dire, sans réfléchir. Ici on fait face à une réelle difficulté pour Ashitaka, un obstacle insurmontable. Même s’il désire Noshiro, même s’il a terriblement envie de lui, il refuse de céder, de s’abandonner. De livrer, comme à l’époque, ses sentiments pour les voir piétinés. On voit bien que cette nostalgie le hante, à travers le plant de tomates cerises qui sert d’objet mémoire et de lien entre les deux protagonistes. Il n’y aura que par la mise à nu des émotions de Noshiro que le héros acceptera de baisser les armes et d’ouvrir cette barrière jusque-là immuable. Une belle réflexion, donc, sur le lien entre le corps et l’esprit. L’auteur passe d’un cliché assez commun dans le monde gay pour arriver à une jolie conclusion, simple, mais efficace. La morale est claire, presque enfantine, et pourtant Ashitaka n’a pas rendu les choses aussi faciles, en se débattant, en ne se complaisant pas dans une vision de prince charmant qui n’existe plus. En somme, la réalité des sentiments est assez bien représentée dans cette perspective d’abandon de soi et de ses limites.


Le dessin est particulier, stylisé, mais plutôt réussi. Les traits de Neko Kanda sont nets, bien définis, et les personnages sont bien fixés dans leurs graphismes. Il n’y a pas de variation de styles ou de proportions, et ils restent toujours fidèles à eux-mêmes. Les passages humoristiques ou colériques d’Ashitaka sont bien représentés, avec des contours plus grossiers et une simplification des visages. Le jeu des chibis est donc assez réussi, les corps bien faits et les expressions assez marquantes et définies. Enfin, les scènes de sexe sont plutôt satisfaisantes malgré le voile de mystère autour de l’organe sexuel masculin qui, comme dans de nombreux yaois, disparaît dans un flou visuel pour préserver un mystère bien mis à mal par les positions assez explicites prises par les personnages. L’édition de Taïfu est tout à fait satisfaisante et l’éditeur rend un bon travail, avec une qualité de lecture dans un petit one-shot fort sympathique et léger à la lecture.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs