Chef de Nobunaga (le) Vol.1 - Actualité manga
Chef de Nobunaga (le) Vol.1 - Manga

Chef de Nobunaga (le) Vol.1 : Critiques

Nobunaga no chef

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Avril 2014

Chronique 1

Parallèlement au récit fantastique et humoristique de Hell's Kitchen, le cuisinier et scénariste Mitsuru Nishimura offre également ses connaissances culinaires à une oeuvre s'inscrivant dans un tout autre genre : le récit historique. Suffisamment populaire au Japon pour avoir connu une adaptation en série télévisée (une deuxième saison étant même prévue pour l'été 2014), Nobunaga no Chef arrive en France aux éditions Komikku sous le nom Le Chef de Nobunaga, prêt à nous plonger au coeur du parcours de l'une des plus célèbres figures historiques du Japon...

Une journée de l'an 1568, un homme nommé Ken et son compagnon d'infortune sont poursuivis par d'énigmatique individus. L'acolyte de Ken est sauvagement abattu, tandis que le grand gaillard, lui, s'en sort in extremis, sauvé par la jolie Natsu, forgeron de son état. Ken ne sait absolument pas qui il est, et ne sait pas d'où il vient. Tout se dont il se rappelle, ce sont son nom, les dernières paroles de son compagnon abattu qui lui a demandé de retourner à son époque... et des connaissances historiques et culinaires qu'il met en pratique presque inconsciemment pour concocter des mets incroyables pour l'époque, si bien que cela lui vaut bientôt d'être repéré par un gouverneur féodal ambitieux, un certain Nobunaga Oda...

Nobunaga Oda. L'un des trois grands unificateurs du Japon selon nos cours d'histoire, resté dans l'histoire comme un tyran sans pitié et doté d'une ambition dévorante. C'est aux côtés de cette grande figure que se retrouve Ken, bien contraint de laisser derrière lui la belle Natsu pour devenir le cuisinier personnel du gouverneur qui a élu domicile à Kyoto. Et tandis qu'il met en pratique ses connaissances culinaires pour s'imposer sans vraiment le chercher comme cuisinier de Nobunaga, notre très flegmatique héros découvre peu à peu, plus en détails, celui qui se cache sous une réputation de tyran. Du statut de Nobunaga en 1568/69 jusqu'aux premières batailles avec le siège du fort d'Asaka, le récit profite de la proximité de Ken avec Nobunaga pour nous immerger dans l'histoire de l'époque, et le rendu est limpide, passionnant, Mitsuru Nishimura ne se limitant pas aux faits de guerre de Nobunaga, puisqu'il prend le temps de dépeindre tous les à-côtés. La présence d'alliés historiques de poids comme Yoshinari Mori, son fils Ranmaru Mori (encore enfant pour l'instant, mais qui deviendra l'un des meilleurs gardes du corps de Nobunaga dans ses dernières années), et bien sûr Hideyoshi Toyotomi ("le Singe" de son surnom officiel, ici rendu à un rôle un peu humoristique, mais n'oublions pas qu'il sera plus tard le deuxième grand unificateur historique du pays). Son rapport houleux avec la religion. Ou encore le système de méritocratie et l'intransigeance effrayante qui ont fait sa réputation. On a droit à un portrait complet, que ce soit dans la psychologie de Nobunaga ou dans les grands actes qui joncheront son ambitieux parcours. La série ne fait que commencer, mais sur le plan historique, elle est déjà captivante.

Dans ce cadre très porté sur l'Histoire, la cuisine est finalement un élément certes bien présent, constamment mis en avant, mais pas de la manière dont on l'attendait. Loin de plomber le dynamisme du récit avec des recettes, Mitsuru Nishimura prend un parti assez inédit en s'intéressant plutôt, par bribes et via les plats que prépare Ken, à l'histoire des différents ingrédients qu'utilise Ken. De la découverte de la truffe japonaise à l'importance à partir de 1600 des patates, en passant par les vertus pratiques ou nutritives de certains plats sur le champ de bataille, vous découvrirez avec beaucoup de curiosité diverses anecdotes sur la cuisine du Japon féodal, et sur le contraste que Ken y apporte avec ses recettes plus modernes qui apparaissent totalement novatrices pour les gens de l'époque. Cela promet évidemment d'être tout aussi passionnant par la suite.

Entre l'Histoire et les informations culinaires, Nishimura emballe son récit autour des énigmes liées à Ken, personnage principal doté d'un flegme qui lui permet de ne pas paniquer face à son amnésie. Entre deux informations historiques ou culinaires, il est néanmoins amené à s'interroger sur qui il est, et sur ses nombreuses connaissances, pour une sorte de quête identitaire où il doit s'habituer à sa nouvelle vie. Cela passe par des éléments comme l'amour, qui s'immisce discrètement dans l'intrigue via la jolie Natsu.

Le récit est emballé de très belle manière par le dessinateur Takuro Kajikawa. Si les visages peuvent parfois paraître un peu trop rigides, Kajikawa offre un rendu d'une clarté exemplaire, à même de plaire à tous les publics. Les pages sont fluides, les personnages expressifs, les décors d'époque présents quand il le faut pour renforcer l'immersion... C'est de l'excellent travail.

Dans ce premier volume, le début de l'immersion aux côtés de Nobunaga est parfaite ! Les auteurs offrent un récit historique pointu, abordant le personnage sous toutes les coutures, tout en ponctuant l'ensemble de détails culinaires intéressants et d'une intrigue identitaire prometteuse autour de Ken, cuisinier propulsé à une autre époque. Riche, immersif et original, Le Chef de Nobunaga a déjà tout de l'excellente surprise.

L'édition proposée par Komikku est de très bonne qualité. Quelques fautes de frappe discrètes n'entachent pas la vivacité de la traduction, les assez nombreuses astérisques apportent des précisions bienvenues, et la page bonus revenant sur la cuisine de l'époque Sengoku permet de prolonger le plaisir.


Chronique 2

Après avoir achevé comme il se devait les Fleurs du passé ainsi que Malicious Code, voilà que Komikku nous propose leur nouvelle série : le Chef de Nobunaga. Cette œuvre aura pour particularité d’être le premier titre le plus long du jeune éditeur. Jusqu’ici, leurs choix n’ont jamais porté à confusion, que ce soit dans leur qualité ou leur originalité. C’est pourquoi on ne peut qu’ouvrir cette première lecture en toute confiance.

Tout débute lorsque Ken, un jeune cuisiner de notre époque, se retrouve pour on ne sait quelle raison projeté dans la période Sengoku, surtout connue pour avoir vu apparaître Oda Nobunaga. Se retrouvant comme le seul survivant, Ken va être accueilli par un jeune forgeron en herbe, qui se trouvera être en réalité une jeune fille. Très rapidement, notre héros va se faire connaître de tout le village pour sa cuisine spéciale mais diablement succulente. Ayant vent de ces rumeurs, Oda Nobunaga ne va pas hésiter à prendre « sous son aile » ce jeune extraterrestre de la nourriture. Ken n’aura pas vraiment le choix, il devra vite faire ses preuves face à ce chef charismatique, impitoyable et en soif de conquêtes qu’est Nobunaga. Et comme par ironie, ce chef emporte avec lui son chef personnel (en cuisine bien évidemment).

Ce synopsis quelque peu dépotant ne sera pas sans nous rappeler d’autres œuvres, qui s’étaient également démarquées par l’intermédiaire d’étranges mélanges de genre. On pensera notamment à Thermae Romae traitant à la fois des thermes, de l’antiquité et de l’époque actuelle du Japon, ou encore aux Gouttes de dieu, première série à avoir fait le pari de faire un manga sur l’œnologie. Toutefois, l’originalité est une chose, encore faut-il que ce présent titre se démarque. Une chose que ce dernier ne va pas tarder à démontrer. En effet, les auteurs ne tournent pas autour du pot et plongent de suite le lecteur dans le fond même de l’intrigue, à savoir un jeune héros propulsé dans une autre époque. Sans rentrer dans la facilité et tout en restant cohérent, la trame se poursuit jusqu’à arriver entre les mains de ce cher Nobunaga. C’est par ces bases que les auteurs enchanteront notre lecture en entremêlant à merveille histoire de l’époque Sengoku, cuisine tiraillée entre l’inspiration actuelle de Ken et la réalité alimentaire historique et destinée. Un mélange donc savamment dosé. En outre, les auteurs distillent comme il faut les explications historiques et alimentaires, sans jamais assommer le lecteur sous une avalanche d’informations lourdes et inutiles, bien au contraire.

Si on ajoute à cela, toute la force et l’attachement des personnages, nous ne pourrons qu’être ravis par la lecture d’un tel opus. Ken ne se morfond pas mais ne renonce pas pour autant. C’est un protagoniste authentique qui prend la vie comme elle vient, sans pour autant se laisser marcher sur les pieds. On ne peut donc qu’être que des plus curieux pour la suite des événements. Les auteurs ont mis toutes les composantes nécessaires afin de développer avec sûreté la suite de leur œuvre.

Pour ce qui est du dessin, le trait de Takuro Kajikawa est simple et sans artifices. Néanmoins, il dépeint avec rigueur l'époque dans laquelle se retrouve plongé notre héros et croque avec soin les petits plats que celui prépare. Bref, simple, sobre et efficace, à l'image du reste de la série.

Comme à son habitude, Komikku nous propose une édition ainsi qu’une traduction de bonne qualité, prouvant ainsi au lecteur tout le respect et leur foi qu’ils ont dans leurs choix éditoriaux. Il n’y a plus qu’à espérer que le fruit de leur travail soit récompensé comme il se doit.
 

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs