Chaventures de Taï et Mamie Sue (les) Vol.1 - Actualité manga
Chaventures de Taï et Mamie Sue (les) Vol.1 - Manga

Chaventures de Taï et Mamie Sue (les) Vol.1 : Critiques

Sue to Tai-chan

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 06 Novembre 2019

En 2010, la mangaka Konami Kanata débarquait pour la première fois en France, aux éditions Glénat, avec un manga qui allait devenir un best seller, séduisant autant le jeune public que les amateurices de félins: Chi, une vie de chat. Un succès tel qu'il a inspiré, les années suivantes, bien d'autres éditeurs qui furent décidés à avoir aussi leur "manga de chat". Sans compter que Glénat n'a de cesse de décliner à l'infini les aventures de son petit chaton fétiche. Tant et si bien qu'il y a eu, à un moment donné, une petite overdose de ce genre de récit. Et en cette année 2019, après un petit détour aux éditions Soleil avec son autre manga de chats Choubi-Choubi, Konami Kanata débarque désormais chez l'éditeur jeunesse nobi nobi! avec sa dernière série en date. En cours de parution au Japon depuis 2017 dans le magazine Be Love de Kôdansha sous le nom Sue to Taichan, Les Chaventures de Taï et Mamie Sue nous parle encore de chats. Sans prendre de risques, l'autrice reste dans son zone de confort, dans le sujet qui a jusque-là animé toute sa carrière. Mais dans un registre surexploité depuis le succès de Chi, arrive-t-elle a amener le renouvellement espéré ?

Natsuki, un jeune homme vivant seul, se voit soudainement confier la garde, pour "quelque temps", d'une toute petite boule de poils noire: Taï, un chaton tout juste sevré, plein de vie et qui a tout à découvrir du monde. Mais chez Natsuki, il y a déjà une pensionnaire féline: Sue, de 17 ans son aînée, et qui est donc une véritable mamie chat n'aspirant qu'à son confort habituel pour ses vieux os. Sa vie tranquille, Sue va forcément la voir voler en éclats avec l'irruption de ce chaton... mais qui sait, peut-être qu'entre les phases où la curiosité et l'énergie du nouveau venu n'arrêtent pas de l'épuiser, la mamie chat connaître en quelque sorte une petite cure de jouvence ?

La nouvelle série de Kanata joue totalement sur une idée on ne peut plus simple: associer un chaton à une vieille chatte. Et entre ses mains, cette simple idée devient très plaisante. En premier lieu, parce que depuis Chi, la mangaka n'a rien perdu de son talent pour croquer des chats aussi adorables que rigolos, ainsi le récit alterne-t-il entre des comportements félins assez crédibles (on devine à nouveau toute l'observation et l'amour de l'autrice pour ces bêtes), et d'autres où elle exagère volontiers le trait pour amuser. Les bouilles simples expressives des deux félins sont ainsi souvent réussies, tout comme leurs réactions.

Des réactions qui, bien sûr, découle beaucoup de l'écart générationnel entre les deux chats, ce qui constitue là l'autre qualité du titre. En effet, Kanata joue évidemment beaucoup sur les interactions entre Taï et Sue, puisque c'est le point offrant son originalité au titre. Tandis que le chaton, de par son tout jeune âge, a tout à découvrir, est extrêmement curieux et expérimente tout (y compris escalader une pastèque), il vient souvent, volontairement ou involontairement mais toujours avec curiosité et sans jamais penser à mal, embêter la mamie chat, dont la "retraite" est mise à mal, mais qui, même si elle est parfois blasée ou se retrouve vite fatiguée, ne rejette jamais la petite boule de poils, voire finit par bien l'accepter et par participer de plein gré à ses requêtes, questions ou découvertes. C'est donc sur une attachante amitié entre deux générations de chats bien différentes qui est mise en avant, et à partir de là Konami Kanata peut déballer plutôt efficacement nombre de scénettes plus ou moins originales: l'arrivée de Taï, la rencontre avec Sue, les premiers moments d'acceptation de ce nouveau petit pensionnaire, la sieste mise à mal, les expérimentations du chaton qui goûte tout, la nuit, l'intérêt pour l'eau, la toilette, la nuit, les nombreux jeux que l'énergique chaton veut faire... Chaque chapitre ne durant que 6 pages et étant globalement indépendant, les idées ne sont pas toujours très développées, mais on ressent bien en fil rouge l'évolution du lien entre les deux chats.

La série est un très gros lancement pour nobi nobi!, l'éditeur ne le cache pas, et pour cela l'édition française bénéficie de plusieurs spécificités exclusives, à commencer par une colorisation intégrale, car il faut savoir qu'au Japon la série est en noir et blanc. Suivant la logique de Chi, cette colorisation aquarelle est assurée par MJ Colors sous la supervision directe de Konami Kanata, afin de ne pas trahir l'oeuvre, et il faut avouer que le rendu est très joli, en enrichissant des planches qui sans ces couleurs pourraient paraître un peu pauvres. Pour toucher plus facilement le jeune public, le choix a également été fait de proposer la série en sens de lecture occidental (de gauche à droite). Enfin, c'est ausis dans ses pages bonus que l'édition française trouve son intérêt, via quelques exclusivités. Premièrement, quelques pages de conseils de la SPA auprès des plus jeunes pour bien s'occuper d'un chaton, avec dans ce premier tome des points essentiels à savoir sur l'adoption d'un chat, son accueil à la maison et ce qu'il faut à tout prix éviter de faire pour qu'il se sente bien. Deuxièmement, la présence de paper toys (en papier bien épais) à découper et à collectionner, avec au programme de ce 1er volume une silhouette de Taï, sa gamelle, celle de Mamie Sue, sa boîte avec son coussin, et une brique de lait. On sent bien, à travers tout ceci, toute l'application et l'implication de l'éditeur, d'autant plus qu'il n'y a rien à redire sur la qualité de papier et d'impression, ni sur la traduction efficace de Yohan Leclerc.

Avec ce premier tome, le contrat est donc rempli par Konami Kanata: fidèle à son sujet fétiche et à son style, la mangaka trouve un bon renouvellement dans le début de vie ensemble de ces deux chats issus de générations différentes. C'est coloré, tendre, rigolo... Si l'on n'est pas encore rassasié par l'avalanche de mangas félins, Les Chaventures de Taï et Mamie Sue a déjà ce qu'il faut pour conquérir facilement son public !
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction