Chant de noël (un) - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 31 Décembre 2019

En période de fêtes de fin d'année, les éditions nobi nobi !, fin novembre, ont décidé d'enrichir leur collection des Classiques en manga avec un récit de circonstance: Un Chant de Noël, d'après le conte incontournable de l'écrivain britannique Charles Dickens. Dessiné en 2012 pour les éditions Shôgakukan par Tatsuyoshi Kobayashi (un mangaka que l'on ne connaît pour rien d'autre en France), ce manga propose donc de découvrir ou de redécouvrir le premier et le plus célèbre conte de l'écrivain, dont la popularité depuis sa parution initiale en 1843 n'a jamais faibli, et qui a connu un certain nombre d'adaptations dont l'une des plus récentes est le film de 2009 de Robert Zemeckis avec Jim Carrey (mais on peut aussi se souvenir du Noël de Mickey, un excellent dessin animé de Disney où Scrooge était incarné par Picsou).

Un Chant de Noël conte donc l'histoire de Scrooge, un homme qui, en collaboration avec le défunt Marley aujourd'hui décédé, a monté une entreprise qui lui a permis de s'enrichir dans le Londres du XIXe siècle. De s'enrichir tellement qu'au fil du temps seul l'argent est devenu son centre d'intérêt. SOn fidèle employé ? Il le traite comme un larbin. La famille de son neveu, tout ce qui lui reste de famille ? Il la fuit, y compris pendant Noël qu'il préfère passer en solitaire. Les pauvres et miséreux ? Il ne fait aucune action de charité envers eux, même en cette période si propice des fêtes de fin d'année. Il est devenu un coeur aigri, acariâtre et solitaire, n'accordant aucune importance à ce que les autres trouvent joyeux, comme cette fête de Noël qu'il trouve grotesque. Et pourtant, c'est précisément le soir de Noël qu'il reçoit une étonnante visite dans son sommeil: celle de Marley, son ancien collaborateur décédé, venu le mettre en garde: il va recevoir en cette nuit de réveillon les visites successives de trois esprits représentant son passé, son présent et son futur, et risquant bien de lui faire enfin prendre conscience de certaines choses: ce qu'il a raté, ce qu'il a perdu, ce qu'il risque encore de perdre, ce qu'il doit faire.

Suivant un schéma assez simple, le conte voit alors, après sa phase d'introduction où on cerne bien le caractère du vieux Scrooge, arriver chacun des trois esprits, représentant chacun quelque chose. L'esprit du passé permet au vieil homme de voir ce qu'il a perdu et sacrifié en préférant l'amour du gain à l'amour des autres, en tête sa fiancée Bella qui a fini par s'éloigner de lui en ne le reconnaissant plus. L'esprit du présent l'invite à observer le bonheur que son entourage passe avec leur famille, leurs proches, ceux qu'ils aiment, tout en le poussant à prendre conscience de ce que son comportement égoïste provoque. Et l'esprit du futur l'invite dans l'effroi à découvrir sa propre mort, où personne ne semble vraiment le regretter tant il a été détestable. A partir de là, l'heure sera venue pour lui de réfléchir, de changer...

En environ 150 pages, le mangaka a tout le loisir de bien adapter l'entièreté du conte, et c'est ce qu'il fait, dans un style graphique assez passe-partout mais efficace pour faire découvrir l'oeuvre, et à travers une narration appliquée qui met facilement en avant tout le parcours de Scrooge, qui fait bien comprendre son ressenti, et qui met également assez bien en exergue les vertus d'une fête comme Noël pour rapprocher les gens, comme on le voit dans le conte d'origine. Pour garder un récit plus léger, Kobayashi adoucit toutefois un petit peu le portrait social du Londres de l'époque, puisque dans son conte Dickens s'évertuait aussi à opposer les bienfaits de Noël aux misères sociales et inégalités galopantes de son époque.

Côté édition, les standards de cette collection sont là: charte graphique habituelle, aspect beau livre avec une reliure soignée et un signet marque-page, petites présentations de Dickens et du conte d'origine, qualité de papier et d'impression très honnête, et traduction soignée de Fabien Dautriche.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction