Celui qui ne dit jamais non : Critiques

Kobamanai Otoko

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Avril 2022

Notamment connue en France aux éditions Kurokawa depuis 2021 pour la série Dans l'ombre de Creamy où elle réinterprète avec talent l'histoire de la reine des magical girls à travers le personnage de Megumi, Emi Mitsuki a, avant tout, été découverte dans notre pays à travers deux de ses yaoi, à savoir De l'amour à l'écume, jamais ! et A la recherche de notre comète, qui furent publiés par les éditions Hana respectivement en septembre 2018 et en mars 2019. Il n'y a donc rien de très étonnant à la voir à nouveau publiée chez cet éditeur avec Celui qui ne dit jamais non, disponible dans notre langue depuis janvier dernier !

Derrière ce nom se cache Kobamanai Otoko (dont le titre français a une signification très proche), un récit en 7 chapitres que l'autrice prépublia au Japon pendant l'année 2020 au sein du magazine Reijin des éditions Takeshobo (le même magazine que De l'amour à l'écume, jamais !), avant que l'ensemble ne soit compilé fin janvier 2021 en un unique épais volume de plus de 230 pages, celui-ci étant agrémenté d'un petit chapitre bonus venant compléter l'intrigue à travers un personnage secondaire.

Ce récit nous immisce auprès de Nozomi Kurose, jeune homme travaillant pour l'agence d'investigation RJ en tant que détective privé. Notre héros a actuellement pour cible Nakata, un membre de la chambre des Députés cinquantenaire, que son épouse soupçonne d'adultère. Nakata semble régulièrement retrouver sa possible amante au sein de l'hôtl d eluxe Skyward, si bien que urose, dpeuis quelque temps, y séjourne lui aussi en tant que client. Mais quelques surprises risquent de le prendre au dépourvu. Non seulement le détective finit par comprendre que l'amante est en réalité un amant, à savoir Ritsu Shiraishi, le réputé concierge qui ne dit apparemment non à personne, se plie toujours en quatre pour les clients et prend soin de ne jamais divulguer quoi que ce soit au sujet de ses clients. Mais en plus, en faisant mieux connaissance avec Ritsu qui a notamment pris soin de lui quelques mois auparavant quand ça n'allait pas (une tragique histoire de hamster décédé, R.I.P petit Poppy) et qu'il a pris en assistant temporaire, notre héros a fini par tomber éperdument amoureux du concierge !

Quand l'homme qu'on aime est à la fois notre assistant et le possible amant de l'homme sur qui on doit enquêter: voici donc le pitch assez improbable qui sert de point de départ à l'oeuvre... Et si vous trouvez déjà la situation un peu tendue (comment diable Kurose peut s'en sortir ?), dites-vous que ce n'est vraiment que le début, puisque tout au long des deux premiers tiers de cette histoire Emi Mitsuki aura à coeur de nous offrir un bon petit paquet de révélations faisant office de véritables retournements de situation. Et alors que, au premier coup d'oeil, certaines péripéties pourraient paraître faciles (notamment l'irruption du père de Ritsu dans tout ça), en réalité la mangaka saura nous montrer qu'elle a bien joué son coup, car à l'arrivée toutes ces choses ayant parfois des allures de coïncidences trouveront des explications concrètes jouant avec malice sur les différents degrés d'enquêtes (comprendre par-là que les choses s'avéreront plus alambiquée que la simple enquête initiale de Kurose sur le député).

On se laisse alors facilement prendre au jeu, surtout quand l'autrice arrive à nous surprendre un peu par quelques-uns de ces fameux petits coups de théâtre, et plus encore au vu de ce qu'elle arrive à approfondir en filigranes. Car dans Celui qui ne dit jamais non, il sera également question de la découverte des grandes lignes du passé de nos deux héros, des liens qu'ils ont ensemble depuis plus longtemps qu'on ne pourrait le croire au départ, de la cruelle homophobie d'un entourage parfois détestable... le tout, servi dans un style visuel précis, élégant, et qui sait aussi se parer régulièrement de petites scènes érotiques non-censurées.

Ce que l'on regrettera peut-être, c'est d'un côté la tonalité un peu trop sage de certains rebondissements (qui sont présentés de manière un peu lisse dans la narration, parfois), et de l'autre côté l'aspect un peu trop succinct de la dernière ligne droite dans l'exploitation de certains sujets (le passé familial compliqué de Kurose, le rapport de Ritsu avec son père). mais à part ça, Celui qui ne dit jamais non se révèle être un yaoi franchement plaisant et suffisamment abouti dans l'ensemble.

Côté édition, on est dans le lignée habituelle de Hana, avec une jaquette proche de l'originale japonaise et sobre, quatre premières pages en couleurs sur papier glacé, une bonne qualité de papier et d'impression, un lettrage propre, et une traduction fluide que l'on doit cette fois-ci à Célia Grosjean.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction