Ce printemps remanent Vol.3 : Critiques

Vivant actuellement sa troisième timeline, Haruta est cette fois-ci parvenue à se trouver un allié pour réparer les erreurs du passé et sauver la vie de Yukishima: Arashi, qui était son camarade de classe à l'époque du lycée, qui devint plus tard son responsable éditorial, et qui a lui aussi besoin de corriger des drames d'autrefois. Et avec l'aide du jeune garçon, notre héroïne prend conscience qu'elle n'est peut-être pas la seule à être impliquée dans les boucles temporelles: qu'en est-il de Maruo Gorilla, ce mangaka exubérant dont le manga phare n'existe plus dans la 3e timeline alors qu'il rencontrait tant de succès dans les précédentes boucles ? Aurait-il eu une raison liée à Yukishima pour ne plus dessiner ce manga ?

Pour le savoir, nos héros entreprennent de rendre visite au fameux mangaka, censé être un auteur à succès et vivant pourtant dans un studio miteux dans des conditions visiblement un peu précaires, ce qui signifie encore un peu plus qu'il est peut-être touché lui aussi par les boucles temporelles. Mais si l'énigme Maruo est lancée, elle est finalement vite laissée de côté pour l'instant, puisque la suite du tome va jouer sur autre chose, à savoir un voyage payé par Yukishima avec l'argent du prix qu'il a reçu à Haruta, Arashi et Sayaka pour les remercier. Ce séjour en auberge, d'abord ponctué de notes d'humour alcoolisées, pourrait presque paraître anodin au premier abord, mais va vite finir par mettre en avant différentes choses importantes: le rapprochement de Haruta avec Sayaka pour qui elle veut désormais être une amie dans un monde où Yukishima survivrait, les changements opérés en Yukishima qui semble vraiment se sentir bien depuis qu'il peut prendre du bon temps avec ses amis du club... Mais tout ceci prépare surtout le terrain pour la deuxième moitié du tome, plus importante encore avec tout d'abord quelques révélations cruciales, en particulier autour de Sayaka. Difficile d'en dire beaucoup plus sans spoiler, alors contentons-nous de dire que cela a plus d'un intérêt. Tout d'abord, complexifier le système des timelines, via des conditions qui pourraient déterminer qui se souvient ou non des boucles temporelles précédentes. Ensuite, interroger sur le nombre de timelines, et sur la façon dont Yukishima est mort dans la toute première d'entre elles. Et enfin, poser une question cruelle: vouloir sauver Yukishima a-t-il un sens, dans la mesure où il semble toujours voué à mourir d'une manière ou d'une autre ?

A l'heure actuelle, difficile de savoir comment Shiki Kawabata compte boucler son récit dans seulement deux tomes, dans la mesure où elle complexifie pas mal son récit dans ce volume et qu'il reste tout à expliquer. mais ne boudons pas notre plaisir à la lecture: la mangaka aborde son sujet de façon intéressante, s'intéresse d'assez près à ses personnages, gère bien ses rebondissements via le côté imprévisible des timelines, et se paie même le luxe d'un nouveau climax particulièrement intrigant voire inquiétant dans les toutes dernières pages.