Capeta Vol.8 : Critiques

Sous l'oeil observateur et insondable de Naomi, la troisième étape des nationales de la catégorie ica s'annonce de la pire des manières pour Kappeita: son kart complètement usé arrive véritablement en fin de vie, la situation l'a obligé à vite se retirer des qualifications en se retrouvant alors dernier sur la grille de départ, les prières pour que la pluie tombe avant le début de la course n'ont pas été entendues si bien que Nobu et lui ont opté pour des pneus slick plutôt que des pneus pluie... et comme si cela ne suffisait pas, quelque temps après le début de la course la "prédiction" de Monami se réalise: la pluie commence à tomber, mais bien trop tard et en complexifiant encore la situation, non seulement parce que Ryô Shiba, classé deuxième aux qualifications juste derrière Osamu Tobita, excelle par temps de pluie, mais aussi car notre héros n'a jamais roulé sous la pluie avec des pneus slick...

Comme le dit un Nobu désespéré, le sort semble décidément s'acharner sur Kappeita, tant rien ne va comme il faut dans cette course pourtant si importante pour son avenir de pilote. Avec un kart au bout de ses capacités, des pneus non adaptés, une dernière place sur la grille de départ, et le risque de déraper et de se retrouver dans un carambolage à la moindre action, l'espoir est-il seulement permis ? Vous vous doutez bien que même dans une telle situation, la réponse se doit d'être oui, car même si Masahito Soda ne va évidemment pas idéaliser les choses au risque de perdre en crédibilité, le fait est qu'une certaine forme de miracle pourrait tout de même avoir lieu... et que celle-ci ne repose aucunement sur du vent, mais bine sur les personnages eux-mêmes. Ainsi appréciera-t-on forcément toutes les émotions qui passent par Nobu, le jeune garçon ne voulant aucunement que toute cette belle aventure de cinq années s'achève ainsi, si cruellement, si bien que lui aussi se donnera à fond dans son rôle. Mais naturellement, c'est Kappeita lui-même qui captive et nous immerge au plus près de la course avec la passion et la hargne qu'on lui connaît, quitte à prendre de gros risques liés à sa santé déjà pas idéale (rappelons qu'il sait précédemment blessé aux côtes). Certes, le manque d'argent a rendu les choses compliquées ces dernières années, mais cela a aussi contraint notre héros à redoubler d'effort dans ses entraînements compliqués, à acquérir des techniques de conduite assez folles... mais cela pourra-t-il être suffisant pour remonter jusqu'à Isamu et Ryô, deux visages qui ne sont par ailleurs pas oubliés et ont encore droit à de petits focus respectifs ?

La réponse qui se dessine est passionnante, ne nous lâche pas jusque dans les dernières pages intenses à souhait et dans son suspense supplémentaire, alors même que la course est achevée. Et pour retranscrire toute cette intensité, Masahito Soda peut compter, en plus de la peinture passionnée, désespérée et humaine de ses personnages, sur deux autres choses. Tout d'abord, le fait de vivre la course sous différents points de vue: ceux de Kappeita, Nobu et leur équipé bien sûr, mais aussi ceux des spectateurs, de journalistes, de quelques autres pilotes comme Isamu et Ryô, et de certains autre visages comme Nanako et le mutique Naomi, pour un résultat très complet. Ensuite, le dessin, toujours réaliste, dense, et surtout au plus près de la piste de course et à hauteur de pilotes et de arts pour nous faire pleinement ressentir toute l'immersion.

Difficile, alors, de ressortir insensible face à cette course et à ce volume si importants, immersifs à souhait, et imprévisibles jusque dans les dernières pages nous laissant sur un nouveau petit choc. Capeta s'offre une nouvelle fois un volume captivant et riche en émotions, nous faisant immédiatement nous languir de la suite.