Capeta Vol.1 - Actualité manga
Capeta Vol.1 - Manga

Capeta Vol.1 : Critiques

Capeta

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Mai 2023

Un manga de sport automobile culte en remplace un autre en France: tandis qu'Initial D s'est conclu en cette fin mai chez Crunchyroll après 48 tomes et plus de 14 années de publication, le hasard du calendrier a voulu que les éditions Noeve Grafx prennent le relais avec l'arrivée d'une oeuvre incontournable dans sa catégorie: Capeta, la série la plus emblématique de Masahito Soda, un auteur qui nous avait bouleversés dans les années 2000 aux éditions Akata/Delcourt avec le magnifique Subaru - Danse vers les étoiles. Le pari est grand pour Noeve puisque l'oeuvre, en plus d'aborder un sujet spécifique, compte pas moins de 32 volumes, en ayant été pendant toute une décennie, de 2003 à 2013, l'une des titres phares de la revue mensuelle Gekkan Shônen Magazine des éditions Kôdansha (magazine également connu pour des séries comme Your lie in april, Arslan ou encore Noragami), et en ayant également connu en 2005-2006 une adaptation animée de 52 épisodes (cette dernière restant, à ce jour, inédite en France). Espérons donc que l'éditeur saura maintenir un rythme de publication correct et, surtout, que la série trouvera vite le public qu'elle mérite, car sur ce seul premier volume elle se fait déjà très prometteuse.

Capeta, c'est l'histoire de Kappeita Taira, surnommé Capeta, petit garçon de 8 ans quand la série débute. Entre une mère malheureusement décédée il y a longtemps et son père Shige très pris par le travail afin de joindre les deux bouts et subvenir aux besoins de son fils, l'enfant tâche, depuis toujours, de rester sage, quitte à ne rien montrer de la solitude qu'il ressent, à prendre sur lui, à étouffer ses désirs. Alors, quand il ne passe pas du temps avec sa petite voisine et amie d'enfance Monami, ou ne se fait pas embêter par le rustre Nobu, il trompe son ennui en allant admirer de belles voitures, et en s'imaginant les piloter. C'est ainsi qu'un rêve secret s'est forgé en lui: pouvoir, un jour, piloter. Quand son père se lance en douce dans la fabrication d'un kart pour lui, le petit garçon n'a encore aucune idée qu'il s'agit, pour lui, du premier pas vers son rêve et, peut-être, vers un grand avenir...

Dans le premier volume de cette longue fresque automobile qui retracera le parcours de Kappeita sur plusieurs années, tout est question de mise en place. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette installation est particulièrement efficace, immersive et touchante car l'auteur, loin de se focaliser uniquement et directement sur la course automobile en elle-même, s'applique à bien dépeindre le contexte délicat dans lequel son jeune héros a grandi et vit: entre une mère disparue et un père souvent absent, il y a forcément en lui un sentiment de manque affectif que l'on comprend facilement, et qu'il tâche de combler un peu en rêvant de voitures à conduire. Poignant, l'enfant se demande même, silencieusement, s'il n'est pas un fardeau pour son père, et préfère alors rester discret. Et c'est bien pour ça que Nobu, garçon peut-être pas si mauvais que ça, l'embête: il lui reproche surtout de ne jamais donner son maximum.

La découverte du kart sonne alors comme un renouveau affectif avec son père, et comme un point de départ réussi pour commencer à vivre réellement sa passion. La fabrication de ce petit véhicule que même un enfant peut conduire souligne effectivement le réel amour qui unit Capeta et Shige, entre le bonheur du père en imaginant son fils heureux, et l'abnégation du fiston en pensant aux efforts de son papa. Sur les bases de cette relation père-fils attachante, on commence alors, peu à peu, à se prendre au jeu de ce récit qui nous emmènera loin sur les pistes de course, sur les traces de l'apprentissage de Capeta au fil des années. Et en attendant que les choses sérieuses commencent, Soda parvient quand même déjà à glisser quelques premières petites informations sur le vaste univers des pilotes: l'importance des types de pneus, certains geste importants à faire en cas de pépin... Soulignons d'ailleurs que Capeta est une série réputée pour sa documentation pointue, chose qui se ressent déjà un peu ici via la présence de Kuro Tomiyama en assistant, les détails sur la collecte d'information précis en fin de tome, et tout simplement le grand réalisme déjà accordé aux dessins des véhicules.

Et justement, puisque l'on parle des dessins, soulignons-en toute la qualité, dès ce premier tome: en plus de ce réalisme à la fois dans les véhicules et dans les décors bien présents, Masahito Soda offre des premiers instants de conduite certes très brefs mais déjà intenses, surtout quand il place ses vues à hauteur des conducteurs près de la route, ce qui nous laisse forcément sur de très grosses promesses pour la suite. Mais là où l'auteur brille aussi, c'est dans ses designs de personnages bien arqués et expressifs à souhait, qui régalaient déjà dans Subaru - Dans vers les étoiles de par les émotions intenses qui s'en dégageaient. Ici, le dessinateur excelle dans l'expressivité de ses personnages en offrant déjà une vaste palette, de la rage jusqu'à la douceur, en passant par le plaisir communicatif de voir soudainement le visage de Capeta s'illuminer face au kart.

Que l'on soit amateur de sport automobile ou pas du tout (personnellement, je n'ai jamais aimé ça), Capeta a d'ores et déjà tout ce qu'il faut pour nous emporter dans son univers. En soignant sa mise en place par le biais d'une relation père/fils humaine et touchante, Masahito Soda installe avec attachement et immersion une fresque qui, entre rêves, passion et détermination, n'a sans aucun doute pas fini de nous captiver.

Soulignons, enfin, l'habituelle qualité de Noeve Grafx pour l'édition, avec un premier lieu une jaquette très fidèle à l'originale japonaise jusque dans son logo-titre, et dotée d'un joli vernis sélectif. A l'intérieur, on a droit à huit premières pages en couleurs sur papier glacé, à un papier souple et opaque permettant une excellente impression, à un lettrage très soigné de Clair Obscur, et à une traduction de Yoan Giraud emballante et naturelle.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs