Candy & Cigarettes Vol.1 - Actualité manga
Candy & Cigarettes Vol.1 - Manga

Candy & Cigarettes Vol.1 : Critiques

Candy & Cigarettes

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 27 Mars 2019

"Pour devenir un tueur, il faut commencer par se tuer soi-même."

Raizo Hiraga, 65 ans, part tout juste à la retraite, après une quarantaine d'années passées dans la police, passées à protéger diverses personnalités en qualité de garde du corps. Et une fois retraité, comme est-il remercié, lui qui a risqué sa vie pour certains des hommes les plus influents du pays ? Avec une retraite de misère qui ne lui suffit pas à payer les frais d'hospitalisation de son petit-fils Shota atteint d'une maladie pour l'instant incurable, et d'anciens collaborateurs qui ne feront rien pour tenter de l'aider. S'il veut pouvoir soulager sa fille et sauver son petit-fils, le vieil homme n'a donc pas le choix, il lui faut trouver un petit boulot suffisamment bien payé pour couvrir le million de yens nécessaire aux soins de Shôta. Quand il trouve justement un petite annonce proposant un salaire d'un million de yens, il n'hésite donc pas et se rend aux locaux de l'Agence SS, aux allures de vieille librairie, et où ils tombent vite sur une fillette de 11 ans, Miharu Suzukaze, puis sur celle qui semble être la patronne des lieux, la machinale Kinume. Un CV plus loin, voici Raizo en phase de test pour un job de nettoyeur. Mais pas un nettoyeur classique, non, ce serait trop beau pour un salaire d'un million. Ce qu'il doit nettoyer, ce sont les cadavres laissés derrière elle par la tueuse de l'agence. En effet, SS est en réalité une agence secrète d'assassins agissant pour le gouvernement et chargée d'éliminer les criminels que la loi n'arrive pas à atteindre. Cela peut aussi bien être des tueurs que des membres du gouvernement peu honnêtes. Dans quoi Raizo s'est-il fourré ? Dans tous les cas, il n'a pas le choix: pour Shota, il doit conserver ce job, quitte à trahir tous les principes qui ont menée les 40 ans de sa vie de garde du corps. Et à devoir faire équipe avec la plus inattendue des tueuses: la petite Miharu elle-même...

En cette fin de mois, le catalogue de Sakka/Casterman s'enrichit donc d'un nouveau polar d'action brutal et décomplexé, qui nous permet d'enfin profiter en France d'une oeuvre de Tomonori Inoue, un auteur qui s'est fait un nom avec sa première oeuvre à succès, Coppelion, dont seule l'adaptation animée est parvenue jusque chez nous avec une sortie physique aux éditions Kazé.

"Un petit meurtre en rentrant de l'école ? On vit une époque merveilleuse..."

Avec sa nouvelle série, l'auteur donne assez vite le ton, avec un duo d'anti-héros étonnant et détonnant, même s'il est plutôt classique de tout un registre d'oeuvres littéraires et cinématographiques. D'un côté, un soixantenaire obligé par la force des choses de déroger à tous les principes qui ont mené sa vie, et qui montre que sous ses allures de petit vieux classe il a d'excellents restes de son passif de garde du corps. De l'autre, une fillette de 11 ans tout ce qu'il y a de plus mignonne en apparence, mais qui, quand elle ne suit pas ses cours à l'école ou ne répète pas des danses d'idoles avec ses amies, tue des gens avec habileté et froideur sans le moindre remords, et qui semble trouver ça cool. Pour les guider dans leurs missions: Kinume, fonctionnaire complètement inexpressive, parlant comme une machine.

Cette équipe de choc évoque forcément un petit paquet d'oeuvres noires, notamment américaines, un peu à l'ancienne, dont les représentants les plus parlants sont peut-être le film Léon et surtout toute la veine de polars hard-boiled voire de récits pulp. Et hard-boiled, Candy & Cigarettes l'est volontiers par plusieurs aspects, ne serait-ce que pour le passif douloureux et sombre de la petite Miharu dont on comprend alors mieux pourquoi elle est ainsi dans ce monde qui ne fait pas de cadeaux. Quant au côté pulp, on le ressent bien dans les petits excès de violence qui se dégagent par moment de la petite fille, pour s'en convaincre il suffit de voir le moment où elle abat l'une de ses cibles juste parce qu'elle commençait à se lasser de l'entendre parler avec Raizo, ou quand elle bousille la vitre de la voiture de son partenaire à coups de flingue alors qu'elle aurait simplement pu l'ouvrir. Mignonne en apparence oui... mais cette gamine-là, faut pas la chercher ! Et à ses côtés, Raizo va devoir se faire (plutôt facilement) à ses méthodes, et former avec elle un duo de plus en plus brillant, jusqu'à peut-être mieux la cerner et, dans une certaine mesure, s'attacher à elle au point de devenir un vrai partenaire, et pas juste un vieux gars en manque de thunes.

La recette est donc très classique pour l'instant, mais efficace, et cela on le doit aussi à deux autres choses.
Tout d'abord, le dessin d'Inoue, un peu old school avec son duo petit vieux classe / gamine faussement choupi, ses méchants à sales gueules, ses moments d'action francs qui visent le pur divertissement, certaines scènes comme une petite course-poursuite en voiture dans des ruelles. Et, en même temps, assez moderne dans le découpage ou les angles de vue fluides et dynamiques.
Ensuite, la mise en place, au fil de ce tome d'introduction assez classique dans son déroulement, de quelques pistes légèrement plus consistantes, que ce soit autour de la vengeance pas encore totalement assouvie de Miharu, ou de l'installation d'un gros ennemis logé dans les sphères les plus inaccessibles du pays.

"Désolée, je ne suis pas une gentille fifille."

Classique mais efficace, ce premier tome séduit donc avec son duo de personnages principaux bien campés, son ambiance réussie où ça pétarade pas mal, et son petit scénario promettant un bon divertissement. Il ne reste plus qu'à voir comment tout ceci va décoller par la suite.

Côté édition, on saluera surtout la traduction d'Anaïs Koechlin de B.L.A.C.K. Studio, qui semble avoir eu à coeur d'offrir à ses personnages un langage "parlé" convaincant et quelques propos et tournures de phrases bien trouvés. L'adaptation graphique est excellente, tout comme la qualité de papier et d'impression, et la jaquette donne plutôt bien le ton.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs