Cadavre vivant (le) : Critiques

Kaiki! Shiniku no Otoko

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Mai 2024

En attendant La Fillette de l'Enfer dans quelques jours, les éditions IMHO ont publié en mars dernier un autre titre horrifique de Hideshi Hino, l'un des grands maîtres du genre: Le Cadavre Vivant. De son nom original "Kaiki ! Shiniku no otoko" (dont le titre français est une traduction assez proche dans son sens), ce récit d'un peu plus de 180 pages a vu le jour au Japon en 1986 pour les éditions Hibari Shobô, un éditeur spécialisé dans le manga d'horreur (généralement catégorisé shôjo, mais pas que).

Cette histoire nous immisce auprès d'un homme qui se réveille sur un rivage, pour rapidement constater une chose impensable: son corps se décompose, signe qu'il est mort. Et pourtant, il est bien là, réveillé ! Où est-il exactement ? Comment est-il arrivé sur ce rivage ? De quelle manière est-il mort ? Et surtout, qui est-il ? Tout ceci, il ne s'en rappelle pas. La seule chose qu'il sait, c'est qu'il avait une femme et un fils, et qu'il adorerait pouvoir les serrer une dernière fois dans ses bras. Commence alors, pour ce cadavre ambulant sans mauvaises intentions, une quête pour retrouver les siens, qui ne sera évidemment pas une partie de plaisir...

Exploitant ici l'idée toute simple du mort-vivant, Hideshi Hino en fait quelque chose d'intéressant en insufflant une âme à son personnage principal, toujours conscient de lui-même et ayant un but clair avant de, peut-être, enfin trouver le repos éternel. Derrière l'horreur que possède l'idée de base et que l'auteur met assez bien en avant visuellement (un corps qui se décompose, avec son lot d'asticots et autres joyeusetés cracras, ça fait forcément son petit effet), on a alors un personnage principal dégageant une réelle humanité touchante et dramatique au vu de son désir tout simple et évident de revoir les personnes qu'il aime le plus au monde.

Mais il va de soi que sa quête sera semée d'embuches, en permettant au mangaka d'évoquer, à un rythme suffisamment soutenu et parfois même intense (certains moments sont proches de la course-poursuite pour le cadavre traqué), quelques sujets proprement humains: l'apparence et la peur des gens face à ce qui sort de l'ordinaire (puisque, forcément, nombre de passants prennent le personnage principal pour un monstre à cause de son physique en décomposition), le rapport au corps (notre héros supportera-t-il d'avoir un corps putride, puant, en décomposition permanente ? ), ou encore les bienfaits de la science (capable d'offrir au cadavre vivant une nouvelle peau artificielle) mais aussi ses méfaits (via les limites de certaines expériences quand notre héros en putréfaction est étudié de près).

Il résulte de tout ceci une lecture intéressante, qui n'est pas forcément la plus approfondie du maître, mais qui profite de bonnes idées et de thématiques correctement traitées. Derrière l'horreur made in Hideshi Hino, il y a presque toujours une part plus profond,e plus tragique et/ou plus humaine, et ce récit le prouve à son tour.

Côté édition, on retrouve les habitudes d'IMHO, avec un grand format sans rabats ni jaquettes et une charte graphique tout de suite identifiable, avec une couverture dominée par le noir, le blanc et le rouge permettant de vite reconnaître un titre de Hino chez cet éditeur. A l'intérieur, le papier et l'impression sont de bonne qualité malgré une légère transparence par moments, le lettrage est propre, et la traduction assurée par Léopold Dahan est dans l'ensemble très claire, avec même une efficace adaptation sur certains défauts d'élocution du personnage principal à cause de son corps en piteux état.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction