Temps des bulles de savon (le) - Actualité manga

Temps des bulles de savon (le) : Critiques

Hige to Suzu to Shabondama

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 05 Septembre 2023

Deux mois à peine après la publication française du one-shot Au revoir Héron en avril 2023, la mangaka ymz a déjà fait son retour dans le catalogue des éditions Hana en juin dernier avec Le temps des bulles de savon, une oeuvre d'environ 180 pages qu'elle a dessinée pendant l'année 2019 pour le compte du magazine numérique japonais Honey Milk des éditions Kôdansha (magazine principalement connu en France pour plusieurs oeuvres de l'autrice Jyanome), qui s'intitule en version originale Hige to Suzu to Shabondama (littéralement "Moustache, cloche et bulle de savon"), et à laquelle elle a offert en 2021 un spin-off nommé Hiyoko to Yoru to Yuuenchi.

Le principe de cette oeuvre est globalement simple: le temps de pas moins de 22 chapitres généralement très courts, on suit le quotidien de deux hommes qui sont en couple depuis cinq ans, qui vivent ensemble depuis deux ans, et dont la devise pourrait être "que sera sera" ("qui vivra verra", en gros). Rintarô, bientôt 28 ans, est employé dans un magasin de prêt-à-porter, et adore se faire cajoler par son chéri, au point de ne pas faire grand chose chez eux, de d'ailleurs ne pas forcément savoir faire grand chose, et donc de passer potentiellement pour un boulet aux yeux des autres. Quant à Santa, 32 ans, il fuit en quelque sorte certaines réalité (notamment familiales) en faisant le ménage, et aime vraiment s'occuper de Rintarô, même si parfois ce n'est pas facile, et même s'il se met de temps à autre des pressions susceptibles de lui faire faire des petites bourdes.

Loin de pas mal de yaoi parus en France qui narrent généralement des histoires d'amour naissantes, celui-ci a quelque chose de rafraichissant dans la mesure où il nous propose de suivre tout simplement le quotidien d'un couple déjà bien établi depuis quelques années, qui n'a donc plus grand chose à se prouver sur le plan amoureux, et qui continue pourtant de se souder à travers un amour tout simple et naturel, en nous faisant constamment sentir que ces deux-là ne pourraient pas se passer l'un de l'autre. Ainsi, la plupart des petits chapitres nous offrent l'occasion d'observer cette relation de couple à travers différents instants qui nous en disent à chaque fois un petit peu plus sur eux et sur leur cohésion amoureuse: par exemple on adorera regarder Rintarô essayer de rester cool et charmant aux yeux de Santa, faire son jaloux de façon un peu lourde quand son chéri passe du temps avec d'autres personnes, aimer la façon dont Santa reste toujours gentil avec lui en ne lui disant jamais qu'il est nul, être dingue de lui quand il le chouchoute, critiquer avec légèreté son absence de goût (mais genre, vraiment) sur le plan vestimentaire... mais aussi se demander, un peu plus sérieusement, s'il est capable de soutenir Santa, sans avoir forcément conscience de tout ce qu'il a déjà apporté à celui-ci à certains moments durs de sa vie. Car en filigranes, il y a bien l'esquisse de quelques sujets plus délicats du côté de Santa en particulier: là où la famille de Rintarô est plutôt rayonnante (mention spéciale à sa mère qui a quelques paroles faisant du bien), celle de son petit ami apparaît plus difficile avec un rejet de son homosexualité. Mais peu importe le regard et l'avis des autres: l'important est que Rintarô et Santa se sentent infiniment bien ensemble, et c'est quelque chose que l'on ressent en permanence.

Ajoutons à ça un très joli dessin, avec des designs expressifs et soignés, des décors bien présents qui participent beaucoup à l'atmosphère assez chaleureuse (surtout les intérieurs suffisamment riches en petits détails sans être trop chargés) et un rendu global plutôt doux, et on obtient une petite tranche de vie aussi simple qu'agréable, que l'on parcourt avec plaisir d'un bout à l'autre !

Côté édition, c'est soigné de la part de Hana: la jaquette reste proche de l'originale japonaise, le papier ainsi que l'impression sont de qualité honnête, le lettrage est propre, et la traduction de Vanessa Gallon est facilement emballante avec un parler plutôt naturel et clair.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction