Bride Stories Vol.1 - Actualité manga
Bride Stories Vol.1 - Manga

Bride Stories Vol.1 : Critiques

Otoyomegatari

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 17 Juin 2011

Auparavant, Kaoru Mori avait déjà fait ses preuves avec l'ineffable Emma, délicieuse tranche de vie sur fond de romance impossible entre un gentleman et une domestique dans une Angleterre du dix-neuvième siècle largement fantasmée par l'auteure, et où elle laissait clairement apparaître sa passion pour l'époque victorienne et les maids qui vont avec.
Cette fois-ci, nous avons le plaisir de retrouver en France cette talentueuse mangaka grâce aux éditions Ki-oon, qui nous amènent sa toute dernière oeuvre en date, toujours en cours de parution au Japon avec un troisième volume qui y paraît en ce mois de juin: Bride Stories, qui nous immerge dans l'autre passion de l'auteure: la route de la Soie.

Bride Stories, c'est l'histoire d'Amir, 20 ans, fille d'un clan installé dans une contrée que l'on situera aux alentours de l'actuelle Mongolie, sur la route de la Soie. Dès le début de l'oeuvre, la jeune femme est envoyée dans un clan voisin, où elle est promise à Karluk, jeune garçon... de 8 ans son cadet ! Dans cette nouvelle vie qui s'annonce, la jeune femme laisse parler son bonheur d'être la future épouse du jeune garçon, et montre ses talents de chasseuse, notamment. Pourtant, rapidement, les ennuis pointent le bout de leur nez: le clan d’Amir décide de récupérer la jeune femme coûte que coûte pour l'offrir à un autre clan plus puissant...

Dans Bride Stories, Kaoru Mori troque donc sa passion des maids et de l'Angleterre victorienne contre celle des peuples nomades de la route de la Soie. Pourtant, l'histoire de fond, elle, ne varie pas tant que cela: on retrouve à nouveau un récit basé sur une histoire d'amour qui va être rendue difficile par les moeurs de l'époque. En somme, une histoire pas foncièrement originale... et pourtant, quel régal ! Car si l'histoire en elle-même semble destinée à n'avoir aucune grande prétention ou originalité, elle n'est qu'un prétexte, comme dans Emma, à un développement des à-côté, de toutes les choses qui tiennent à coeur à l'auteure.

On se retrouve donc avec un récit avant tout contemplatif et paisible, où la mangaka prend plaisir à dépeindre les moeurs de la civilisation qu'elle met en scène. Ainsi, par exemple, pas question de s'attarder plus que cela sur la différence d'âge entre Amir et Karluk, les deux amants ne s'interrogeant eux-mêmes pas outre mesure, tout simplement parce que ce genre de situation fait partie des moeurs de l'époque. L'ambiance est résolument ancrée dans la tranche de vie, et pour cela, on peut compter sur tout le talent de Kaoru Mori pour mettre en place un univers déjà riche de nombreux personnages sympathiques, certains étant déjà bien marqués, comme la grand-mère acariâtre, l'explorateur anglais dont on attend de voir le rôle exact, où les gamins aussi curieux que vivants. Toutefois, on attend quand même, par la suite, que Mori parvienne à mieux en différencier certains qui, physiquement, se ressemblent assez.
Sur ces bases, Mori offre rapidement des scènes de vie délicieuses: chasse au lièvre dans des décors dépaysants, sculpture sur bois...

Brides Stories premier du nom, avant même cette histoire de clans qui posera sans aucun doute des problèmes à nos héros par la suite, c'est avant tout ça: une peinture habile des moeurs et de la vie quotidienne d'un peuple que l'on n'avait encore jamais vraiment vu dans un manga. Concrètement, il ne se passe pas grand chose, on pourrait croire que l'on va s'ennuyer, mais c'est mal connaître Kaoru Mori, qui avait déjà montré sur Emma un souci du détail et une passion qui ne laissaient pas indifférent. Et c'est encore plus le cas ici. Car, il faut bien le dire, Bride Stories doit énormément au travail graphique de l'auteure, qui sent la passion à chaque page tournée.

Mori dévoilait déjà sur Emma un souci du détail flagrant, notamment sur les costumes d'époque. Ce souci du détail se voit ici totalement transcendé pour nous offrir ce qui est peut-être, en considérant les choses sous cet angle, la plus incroyable prouesse graphique vue dans un manga. Que ce soit dans les fonds ou les premiers plans, sur les décors ou au niveau des personnages et de leurs costumes, tout regorge de détails, même sur les plans les plus éloignés. Chaque page témoigne d'un travail extrêmement minutieux, où le trait très fin et précis de l'auteure fait des merveilles. D'un bout à l'autre, on se régale, conquis par chacune de ces planches ultra-travaillés sans jamais paraître surchargées. Tout simplement, parler ici de prouesse graphique est un euphémisme, et on en vient presque à regretter de découvrir de telles merveilles pour les yeux dans un si petit format.
La narration, quant à elle, se veut posée, jamais brusque, comme pour appuyer l'ambiance dépaysante de la tranche de vie. Quant au découpage et à la mise en scène, ils mettent parfaitement en valeur la beauté des planches.
On soulignera, enfin, l'attachement que l'on ressent d'emblée pour les protagonistes. Vive, fraîche, habile et optimiste, Amir séduit sans mal, et sa simple présence perce les pages tant Mori sait la mettre en valeur. Quant à Karluk, son petit brin d'insouciance due à son jeune âge le rend mignon et attachant.

Ambiance posée, graphismes virtuoses, héroïne exquise... Derrière une histoire de fond pour le moment assez classique, ce volume d'introduction est un véritable dépaysement d'un bout à l'autre.

On ne peut que remercier Ki-oon de nous proposer cette perle en version française, d'autant que l'édition est impeccable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs