Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 05 Janvier 2024
Après avoir poignardé son propre fils, Yûko, à l'extérieur de la maison, a été renversée par Shibasawa qui n'en fait pas grand cas et qui se précipite auprès de son élève bien aimé, suivie dans la foulée par Gen. A l'arrivée Reiji et sa mère se retrouvent tous les deux à l'hôpital, et si l'état de l'adolescent n'est pas forcément aussi grave qu'il aurait pu l'être, il en est tout autre pour Yûko qui reste dans le coma.
Forcément, les conséquences sont assez nombreuses pour les différents personnages qui, hormis le cas à-part de Shibasawa qui est écartée après avoir failli tuer quelqu'un sans remords, vont, chacun à leur manière et plus ou moins fortement, venir à la rencontre du convalescent Reiji: Kazumasa montre un étonnant signe de réconfort en rappelant à notre héros certaines promesses de leur enfance pour s'en sortir, Tchako semble prendre une décision capitale au sujet de cette ville (va-t-elle la quitter ou y rester ?), Esemori vient faire part au jeune garçon de son désir passé de se suicider avec Yûko quand ils étaient jeunes... On sent, dans chacun des cas, que cette ville continue, encore et toujours, d'emprisonner les jeunes qui ne peuvent en sortir et les adultes qui y reviennent encore. Tout ceci a notamment pour effet d'accentuer encore un peu plus des visions effroyables de l'enfance de Reiji face à un père violent et à une mère ne pouvant rien y faire, via certains souvenirs du principal concerné mais aussi de Gen. Et c'est précisément ce dernier qui est le plus en vue dans ce tome, au point de s'afficher fort logiquement sur la jaquette.
En effet, à partir du drame de début de volume, on sent petit à petit qu'une part de la coquille de Gen semble petit à petit commencer à se fissurer, lui qui semble cacher pas mal de choses derrière sa violence et sa possessivité envers Reiji. Et après une première partie de tome où Ryo Minenami distille quelques petits indices, c'est véritablement dans la dernière partie que les choses s'intensifient sur lui, dès lors que le retour de Nagi en ville le fait entrer dans une sorte de rage destructrice. Avouons-le, Minenami force quand même un peu le trait sur la violence du jeune garçon à l'égard de Nagi. Néanmoins, ce que cela cache ne manque pas d'impact, dès lors que l'on découvre ce que Gen a commis autrefois, comment ça l'a transformé, et comment il voit réellement son ami d'enfance. Là aussi, on reste sur l'image d'un garçon enchaîné, à la fois par son père, par son entourage, par la culpabilité et par ses sentiments.
Minenami continue, ainsi, de décortiquer avec suffisamment de force et de subtilité ses personnages, tous coincés par les différentes pressions qu'ils peuvent subir. Et au vu de la confidence des toutes dernières pages, on attendra la suite avec une curiosité intacte.