Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 07 Juillet 2023
A la sortie du manga café où leur relation a encore connu un certain tournant, Reiji et Tchako doivent faire face à une vision assez improbable: Yuri Shibasawa, l'enseignante et ex-amante de notre héros, est là, prête à accueillir son élève, en l'ayant visiblement tout simplement stalké. Et dans la voiture pour les reconduire chez eux, Tchako, loin de se douter des conséquences que ses quelques paroles pourront réellement avoir, affirme qu'elle et Reiji se sont promis de partir ensemble à Tôkyô. Dans la foulée, la jeune fille extirpe Rei de la voiture de la professeure, et réaffirme sa volonté de croire en lui et en leur promesse, alors même que l'adolescent, lui, semble au bout du rouleau suite à tout ce qu'il a appris sur sa mère récemment, au point de ne plus avoir envie d'être sauvé...
C'est un Reiji amorphe et plus que jamais en plein spleen que l'on retrouve alors dans ce volume, pus encore après ce qu'il apprend au sujet d'un revirement du côté du groupe d'idols Acrylic. Terne, le jeune garçon semble nager toujours plus en plein désespoir, et cela pour une raison en particulier: encore et toujours, sa vie lui échappe dans cette étouffante ville où tout le monde semble faire de lui son jouet. Coincé entre Tchako, Gen sa mère et Shibasawa, que veut-il réellement ? C'est dans ce contexte qu'une brève rencontre avec Esemori va encore le plonger dans certains tourments, quand il en apprend un peu plus sur l'incapacité de Nagi à vivre, tout en pressentant toujours mieux le lien réel entre ce romancier et sa mère.
Et c'est donc dans ce contexte où Reiji semble plus que jamais éteint que s'agitent les autres personnages autour de lui, avec en particulier une personne qui va mettre le feu aux poudres et précipiter le récit dans une atmosphère toujours plus dramatique et sinistre: Shibasawa. C'est un fait, l'enseignante, qui se raccroche beaucoup trop à Reiji, perd les pédales pour s'accaparer le jeune garçon et, par la même occasion, pour s'éloigner toujours plus du chemin que son grand-père voulait pour elle en l'ayant longtemps forcée à suivre un rêve qui n'était pas le sien. En cela, la jeune prof finira par commettre quelque chose d'odieux vis-à-vis de Tchako (ce qui sera l'occasion de voir une situation familiale très toxique chez la jeune fille, entre un père bien trop autoritaire et une mère totalement effacée), puis par faire une proposition malaisante à souhait à la mère de notre héros, pour un résultat qui permettra d'approfondir de plus belle les facettes les plus ambiguës de cette dernière, elle-même très castratrice dans son genre non seulement avec son fils, mais aussi avec, de façon plus étonnante, Gen...
"Ah... je crois... qu'il n'y a plus d'espoir."
Il y a quelque chose de vraiment terrible à la lecture de ce 5e volume: alors que des personnages comme Shibasawa, Gen et la mère de Reiji connaissent tous ou ont tous connu des choses les ayant empêchés d'être maîtres de leur vie et les gardant coincés dans cette ville, ils semblent répéter les mêmes horreurs castratrices et toxiques sur Reiji et Tchako, jusqu'à ce que ces deux derniers nous laissent sur des toutes dernières pages largement intrigantes et nous promettant un 6e opus intense. Mais même s'ils arrivaient à fuir tout ça, les deux adolescents s'en sortiraient-ils ? Après tout, Esemori le dit lui-même: même quand on en sortent qu'on s'en éloigne autant que faire se peut, il semble impossible de fuir totalement cette ville...