Boy's Abyss Vol.10 : Critiques

Adolescents et amis d'enfance enchaînés depuis trop longtemps par cette ville et tout ce qui s'y passe, Reiji, Tchako et Gen ont décidé de fuir tout ça en partant vivre à Tôkyô. Et tandis que Yuri Shibasawa, toujours obsédée par Reiji, se prend ses vérités par Yûko alitée, dans la capitale japonaise le nouveau départ des trois jeunes gens n'est d'ores et déjà pas idéal: Tchako a disparu, tandis que que Gen est également parti de son côté. Finalement, Reiji obtient des nouvelles d'Esemori, actuellement à l'hôpital. En allant lui rendre visite, il découvre l'écrivain dans un état qu'il n'aurait pas soupçonné: atteint d'un cancer dont il est au courant depuis longtemps, amaigri,émacié,il n'a plus que quelques semaines maximum à vivre. Alors, pour ce qui sera peut-être sa toute dernière entrevue avec l'adolescent, il décide de lui parler des abysses qu'il voit dans ses yeux. Des abysses similaires à ceux de sa mère Yûko, et dont il se décide à révéler un peu plus les origines...

"Fallait-il aller si loin que ça pour vivre à tes côtés, dans cette ville ?"

Ce volume est, alors, rapidement dominé par un long retour en arrière qui n'est pas encore achevé à l'issue des dernières pages, et au fil duquel l'heure est enfin venue de découvrir plus en détails le background d'Esemori, et plus précisément sa jeunesse dans cette ville qui l'a, lui aussi, anéanti. Et pour comprendre cela, il convient pour l'écrivain en fin de vie d'aborder ses regrets, ses péchés, ses erreurs de jeunesse... ceux-ci ayant un rapport direct avec son premier amour perdu. Celle avec qui il avait fait la promesse de se marier quand ils étaient adolescents. Celle avec qui il songé de se suicider. Yûko.

Ainsi est-il enfin temps de découvrir, en plus de cette partie du passé d'Esemori, des étapes de la jeunesse de Yûko qui, jusqu'à présent, n'avaient été que très partiellement révélées, pour un résultat encore empreint d'un profond et inévitable désespoir au vu de ce que la mère de Reiji a vécu lors de son adolescence, d'emblée enchaînée par les horreurs de sa famille, par les petites frappes du coin, par les erreurs d'Esemori lui-même qui n'a pas pu la protéger, et tout simplement par cette ville, toujours elle.

"Je suis désolé, mais cette ville... Je n'ai pas réussi à l'aimer, au final."

Ce nouvel éclairage à la fois sur Esemori et sur Yûko est d'autant plus efficace que Minenami Ryo soigne son atmosphère: la manière assez littéraire dont Esemori se confie et fait son propre bilan de cette époque amène un côté assez fataliste, on suit avec un certain impact la chute de Yûko face à tout ce qu'elle a dû endurer (elle qui apparaissait si énergique et joyeuse quand Esemori a fait sa connaissance), et les visuels (surtout les expressions faciales) ont souvent quelque chose de résigné et de désespéré.

"Nous étions complètement piégés par cette ville. Et nous étions tous en train de courir vers notre perte."

On a alors droit, cette fois-ci, à un volume réellement intéressant, à la fois dans ce qu'il apporte et dans son ambiance,en attendant la suite de ce flashback qui, on le sait déjà, ne pourra pas bien finir...