Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 13 Novembre 2023
La Saint-Valentin approche à grands pas, ce qui provoque un sacré remue-ménage sur différents plans ! Du côté du restaurant Voyager, le patron, Tachibana et Nakahara doivent s'activer pour concevoir un menu de Saint-Valentin, tout en devant gérer une cliente un petit peu particulière en la dénommée Miharu Yuri, une femme semblant avoir un intérêt précis pour Minare et dont on réentendra vraisemblablement parler plus tard. Quant à Minare, justement, du côté de son job à la radio c'est l'effervescence, entre le fait que son émission durera désormais 50 minutes, et les derniers préparatifs de l'événement "Valentine Radio" qui doit bientôt démarrer dans les principales radios de la région.
Autant dire que, dans ce 9e volume, notre truculente héroïne ne chôme pas ! Diverses situations s'enchaînent pour elle, généralement en nous régalant, et cela dès les premières dizaines de pages qui sont marquées par une surprenante interview alcoolisée avec Thomas, un journaliste radio étranger, avec à la clé du blabla intéressant sur les rapports différentes (positifs comme négatifs) que peuvent avoir les animateurs avec certains auditeurs les ayant marqués, la relation que Minare a désormais avec son job d'animatrice radio (un job qui lui correspond bien puisqu'elle peut sans cesse y sortir du cadre, y transgresser, elle qui n'a jamais sa langue dans la poche), et la perspective d'écouter des radios étrangères avec du vieux matos fait pour ça (ce qui a son charme, même si de nos jours internet rend cela beaucoup plus simple). Par la suite, notre héroïne devra aussi, entre autres, rencontrer des stars qu'elle admire (ces gars sont dans son top 40, c'est pas rien... on suppose...), réentendre le fameux nom de "Joker Skonsky" (on s'amusera toujours de cette situation puisque nous, lecteurs, savons de qui il s'agit), ou encore se faire un ultime slot d'entraînement avant "Valentine Radio" en compagnie de Madoka Chishiro (et de canettes de bière, ça va de soi). Hiroaki Samura enchaîne à bon rythme toutes ces choses, nous séduit en permanence grâce à Minare qui est toujours là à balancer tout ce qu'elle pense en nous régalant, que ce soit pour dire des absurdités ou lâcher des petites vérités (en effet, faire une recherche avec une télécommande en guise de clavier, y a pas plus chiant). mais dans tout son blabla délicieux, il n'oublie pas pour autant ses tout petit focus sur l'univers de la radio, par exemple en parlant des anciennes diffusions en japonais de la BBC, de la façon dont la radio et désormais la télévision se font torpiller par internet, ou des vertus et autres charmes spécifiques que peut conserver ce média (à l'image de l'humanité se dégageant dans les mots d'encouragements venant de plusieurs pays suite au séisme de Hokkaido).
Et c'est au beau milieu de ce rythme assez soutenu que surgit, bientôt, une nouvelle donne, dès lors que Namba reçoit un appel d'un certain Ôtaki des éditions Chikusha, qui souhaiterait interviewer Minare mais voudrait arranger directement la rencontre avec la jolie et un peu trop candide brune. Alors que la jeune femme accepte de rencontrer cet homme, Hiroaki Samura fait tout pour nous faire sentir que quelque chose cloche: il est étrange qu'Ôtaki ait appelé directement sur le téléphone de Namba au lieu de contacter plutôt la radio, les discrètes éditions Chikusha n'ont plus fait parler d'elles depuis quelques années, il est bizarre que l'homme veuille à tout prix s'entretenir avec la jeune assistante en lui fixant un rendez-vous le soir... Comme le soulignent à leur manière les tortues de Namba dans un de ces délicieux petits instants décalés dont l'auteur a le secret, la naïve assistante vient probablement de se mettre dans un énième pétrin. Un pétrin qui, d'une exquise façon improbable, devrait faire ressurgir devant nos personnages des problèmes d'un passé pas si lointain...
Toujours divinement écrit (et divinement traduit par Anaïs Koechlin, du coup), Born To Be On Air reste une lecture réjouissante dans tout ce qu'elle nous propose, entre les délicieux blablas de Minare, l'incursion dans l'univers de la radio, les différents débuts de nouveaux rebondissements parfois invraisemblables... Alors que Hiroaki Samura multiplie encore les pistes (par exemple avec le cas de Miharu Yuri), le mangaka semble continuer de savoir où il va dans les grandes lignes, et on le suit avec toujours autant de plaisir !