Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 27 Septembre 2013
Le retour de Kazuma Kodaka, ça fait plutôt du bien. On avait hâte de la retrouver dans ses nouvelles séries et Tonkam reste accrochée à cette auteur en nous en proposant deux nouvelles œuvres sortant simultanément. Ici, on rencontre Yamato en pleine activité … sensuelle, qui rejoint un petit groupe composé de trois autres hommes que lui. Ensemble, ils forment une agence de détectives, ou plutôt de « punisseurs », puisque sous couvert de personnalités hauts placées, ils agissent dans l’ombre de la police pour punir les malfaiteurs et les livrer à la justice, et ceci pour le support des victimes, toujours. Chaque homme a ses capacités propres. Tout d’abord, Sôgo, un combattant merveilleux grâce à ses muscles et sa maitrise des armes. Ensuite, Tamaki, le coiffeur tombeur de ses dames qui est tombé amoureux de Yamato depuis des années. Il est bon combattant mais surtout a une connaissance poussée des techniques subtiles de vol ou de manipulation. Kitsupei, le petit génie de l’informatique qui commande tous leurs faits et gestes en mission, celui qui rassemble les informations, qui maîtrise toute l’installation technique d’une mission. Et enfin, Yamato. Cet ancien militaire est un combattant de premier ordre, en plus de son intelligence, et de sa capacité à gérer ses hommes.
Au début, on ne sait pas grand-chose sur nos héros. On les suit dans une première mission qui met bien en valeur leurs capacités propres. On y plonge dès les premières pages, pendant que Yamato part à la chasse à un criminel sexuel dans une grande entreprise. Une vidéo de viols tournerait, avec pour victimes les femmes dont les maris ont des hauts postes dans la société. Tamaki charme pour pouvoir entrer, Sogo menace un des dirigeants pour laisser la place libre à Yamato pour enquêter sur le terrain alors que Kitsupei leur a fourni les badges pour y entrer. Bref, c’est un petit groupe bien rodé qui sait où ils vont, et avec conviction. Mais très vite, l’auteur nous fait comprendre que les quatre héros ont grandis ensemble suite à une enfance difficile qui les a réunis dans un même orphelinat, chacun ayant traversé des épreuves très différentes. Pour ce premier volume, on se rapproche de Yamato et de son travail pour l’armée. Il y a perdu un être cher, et c’est ce qui le rend si altruiste et surtout si enclin à protéger ses compatriotes. Un très bon premier tome qui nous plonge dans l’histoire de Yamato, nous dévoilant ses faiblesses, ses émotions. On a hâte d’en apprendre plus, notamment pourquoi le jeune homme est devenu si dur dans son adolescence. Mais surtout, on est impatients de découvrir les autres personnages. En tout cas, Border est dans la veine classique du talent majeur de la mangaka. Quand elle devient sérieuse et monte un scénario, elle le privilégie et ici l’intrigue est vraiment passionnante, le concept intéressant. Voilà du bon Kazuma Kodaka.
Au niveau des graphismes, on retrouve son style sans peine, mais son style actuel. Loin de la maladresse du trait d’un Kizuna ou des débuts de Not Ready sensei, par exemple, on sent que l’auteur maîtrise son art. Elle a de plus une marque personnelle, qui rend les personnages âgées réalistes, les enfants font leur âge, et nos héros sont tous bien différents les uns des autres. On identifie donc sans mal les protagonistes, que ce soit dans leurs caractères qui se lisent sur leurs visages ou bien leur nationalité, qui se devine aisément. Les mouvements sont fluides, les expressions fines et jamais exagérées. Vu le ton sérieux du manga, l’auteur a oublié ses SD et ses facilités graphiques pour se concentrer sur la dynamique bien présente lors des combats ou la puissance des sentiments. Bémols cependant, les arrières plans sont parfois un peu vides et les femmes sont toujours masculinisées chez l’auteur, dans le dessin de leurs visages, et ce malgré des corps bien féminins. Bref, un excellent moment de lecture relevé par des dessins efficaces et réellement esthétiques. Cela promet bien d’être une des meilleures séries de l’auteur. A noter malgré tout que Tonkam, même si l’édition est de qualité notamment avec des pages blanches et épaisses, a un peu (beaucoup) abusé sur le prix vu la taille du tome. D’autant que les onomatopées ne sont pas adaptées dans leur intégralité.