Blue - Naoki Yamamoto - Actualité manga
Blue - Naoki Yamamoto - Manga

Blue - Naoki Yamamoto : Critiques

Blue

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 26 Octobre 2012

Quand ce livre est sorti pour la première fois, la préfecture de Tokyo l'a classé dans la liste des ouvrages néfastes pour la jeunesse, et a saisi et détruit tous les exemplaires. On voit bien qu'au final, si le livre est bon même ce genre de prescription ne vaut pas un pet."

Avec cette phrase tirée de la postface de Naoki Yamamoto, le ton est donné : avec Blue, le mangaka, qu l'on connaissait déjà en France pour Asatte Dance, ne fera pas dans la demi-mesure et ne s'embarrassera certainement de quelconques étiquettes, et se contentera de proposer ce qu'il a envie. Grand bien lui en fasse.

Blue, c'est un recueil de sept histoires conçues en 1991 réédité à quatre reprises au Japon, où l'auteur aborde le sexe sous les angles qui lui plaisent, sur un ton parfois mélancolique, parfois moqueur, parfois cynique, parfois désabusé.

Le sexe est présent et bien présent, physiquement parlant, dans chacune des histoires, mais Yamamoto évite les écueils de séries purement érotiques, car chez lui, le sexe n'est pas une fin mais un moyen. Moyen de s'émanciper ou de s'affirmer, occasion de prendre des risques, moyen de fuir une difficile réalité quotidienne, opportunité d'assurer son avenir, moyen de simplement passer le temps... Moyen d'interpeller le lecteur sur certaines déviances typiquement humaines, moyen de le toucher, moyen de le déstabiliser ou de simplement l'amuser via un humour noir.

De ce fait, les ambiances et les contenus s'avèrent très variés d'une histoire à l'autre. Si ses récits sont toujours ancrés dans un monde réaliste, Naoki Yamamoto en dévie parfois les habitudes ou les règles, en incluant ici des comportements et des personnalités extrêmes ou sortant de l'ordinaire comme c'est le cas pour "Son Impitoyable Majesté", en proposant ailleurs des excentricités rappelant le genre ero-guro comme c'est le cas dans la dernière histoire. A d'autres reprises, ses protagonistes seront on ne peut plus réalistes.

Grande qualité prouvant l'imagination de l'auteur, cet éclectisme est aussi l'un des défauts du recueil : selon les tons adoptés Naoki Yamamoto se montre plus ou moins doués. Toujours franc, mais pas toujours très constant dans la qualité, certains récits laissant un goût de trop peu. Et évidemment, selon les sensibilités, certaines histoires plairont plus que d'autres.
L'inégalité est aussi visuelle : si Yamamoto a son identité, tout le monde, y compris parmi les fans d'Asatte Dance, n'accrochera pas. Le trait très fin et assez relâché contribue grandement au charme de l'ensemble, quand les inégalités graphiques ne se font pas trop présentes et le découpage trop brouillon. Heureusement, ces moments sont rares.

Blue constitue une véritable curiosité, éclectique aussi bien dans les fonds que dans les tons adoptés, et prouve surtout la polyvalence d'un auteur autour d'un sujet qu'il aime : le sexe.

Du côté de l'édition, Imho sort le grand jeu : la traduction et très bonne, et nous avons droit à une excellente qualité d'impression sur un papier glacé mettant bien en valeur les 25 pages en couleur disséminées au fil du recueil.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs